Jésus disait :
Si deux font la paix entre eux
dans une même maison,
ils diront à la montagne : “éloigne-toi”,
et elle s'éloignera.
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Commentaire de Jean-Yves LELOUP :
Puissance de la paix, de l’unité !
Que peut-on contre un homme paisible, unifié ?
Que peut-on contre deux ou trois personnes bien accordées ?
Les montagnes, les difficultés s’éloignent. C’est comme s’ils avaient le soutien de toute la Nature, de l’Un qui se manifeste dans leur accord.
Avant de vouloir faire la paix chez les autres, il faut commencer chez soi, dans sa “maison”, faire la paix avec les parties “ennemies” de soi-même, que ce soit l’instinct, l’émotion ou l’intellect. Tant qu’il y a division en nous-même, les obstacles que nous rencontrons n’expriment-ils pas notre propre chaos ?
“Trouve la paix intérieure, disait saint Séraphim de Sarov, et une multitude sera sauvée à tes côtés.” Un homme paisible, un homme heureux, est source de paix et de bonheur pour toute l’humanité. Qu’en sera-t-il de deux ou trois !
Pour Clément d’Alexandrie, “déplacer” les montagnes signifie niveler les inégalités entre les hommes, rendre possible la rencontre (cf. Stromates II, 11, etc.), la Paix permet à l’Unité de tous les êtres de se manifester alors que la crainte ou la convoitise élèvent des montagnes entre eux…
Dans les Évangiles canoniques, c’est la “foi qui déplace les montagnes”. Or, qu’est-ce que la foi sinon l’Unité de l’intelligence et du coeur ? La paix réalisée entre ces “deux” qui souvent s’opposent dans une même maison : le discernement et l’affectivité ?
La foi est indissociablement un mouvement de l’intellect vers la vérité et un acte de confiance. La foi, c’est adhérer de tout son être à ce qui est reconnu pour vrai et juste. Cette adhésion intime et totale est d’une grande puissance, mais aussi d’une grande lucidité : “Elle va au-delà de la raison, mais non pas contre.” Et dans cette force claire et vive, ce qui nous apparaissait comme des montagnes se révèle n’être que des nids de taupes…
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