Revoilà l’été, le soleil, sa canicule, la joie de vivre d’estudiantins en répit pour plusieurs semaines et le come-back des mega hyper supra grosses machines à divertissement hollywoodiennes. Et oui, en cette période estivale, "Summer" rime, comme de coutume, avec "Blockbusters" ! Dans ces conditions, il est devenu difficile de passer à coté du raz-de-marée "Transformers 3" fraîchement sorti dans les salles obscures (… en attendant la seconde partie du chapitre final de la saga "Harry Potter") & toujours estampillé d’une alléchante carte de visite sur laquelle figure fièrement les noms Michael Bay (le réalisateur) et Steven Spielberg (le producteur). Après deux premiers opus - l’un en 2007 et l’autre en 2009 -, qui ont su conquérir un large public, principalement orienté du côté des Teenagers & des "grands enfants" (ne les oublions pas !), ce troisième Sequel intitulé "Dark of the Moon" (en V.F. "La face cachée de la Lune") avait toutes les cartes en main pour s’offrir une fructueuse carrière au soleil, allongé sur de colossales planches à billets… Comprenez, l’affaire paraissait déjà bien dans le sac ! Mais est-ce vraiment le cas ? Ce sentiment incandescent de déjà-vu n’allait-il pas finalement venir à bout du chapitre final (?) d’une trilogie qui a pourtant fait rêver de nombreux (jeunes !?) terriens ? La réponse apparaît, après s’être adonné à 2h35 de joyeuses joutes pyrotechniques, heureusement négative mais mérite toutefois quelques nuances…
Jamais deux sans… Trois !
Foncièrement, du côté de la mise en scène et des choix (parfois plus que discutables !) pris par Michael Bay, ce troisième volet marche dans l’ombre des précédents longs-métrages tant la "formule" ne change guère. Alors que les Autobots doivent déjouer de nouveaux pièges tendus par les Decepticans, notre éternel adolescent boosté au Red Bull, Sam Witwicky (Shia LaBeouf), tente de se faire une place dans la société… Entre des parents baba-cool très envahissant mais toujours aussi irrésistibles (interprétés à nouveau par le tandem Kevin Dunn / Julie White) et une nouvelle petite Girlfriend (Rosie Huntington-Whiteley, alias Carly Spencer) tout droit sorti d’un magazine de mode, Sam va une nouvelle fois être confronté à une invasion extraterrestre qui, cette fois-ci, sera encore plus rocambolesque et sanguinaire que les précédentes ! Rien de neuf donc dans ce chassé-croisé alternant entre vie d’un ado pubère et mésaventures boulonnées de robots extraterrestres ; mais ce n’est pas nécessairement là le principal bémol que l’on peut reprocher à Bay.
Why So Serious ?
Non ! Dans la lignée du deuxième film - intitulé "Revenge of the Fallen" -, notre homme prend une nouvelle fois un malin plaisir à insérer dans son Péplum d’anticipation des situations complètement délurées et grotesques bien supportées par des personnages secondaires complètement loufoques et à contre-courant du ton volontairement tragique porté par le scénario - signé Ehren Kruger - dans lequel les Decepticans sont maintenant passés à l’exécutions méthodiques et implacables d’humains !
Se dirigeant ainsi vers une trame nettement plus sombre et finalement bienvenue (!), les incursions façon gags potaches de ces quelques personnages (retenons Bruce Brazos, le patron de Sam, le technicien Jerry Wang ou encore Dutch, la garde du corps de Simmons, respectivement interprétés par John Malkovich, Ken Jeong et Alan Tudyk) dénotent et vont même jusqu’à minimiser le Show de John Turturro campant c’est vrai ici un Seymour Simmons assagi et nettement plus posé. Ne procurant, à la rigueur, que quelques rares sourires, ces sketchs juvéniles ne valorisent certainement pas ce "Transformers III"… Si c’est le seul moyen que Michael Bay ait trouvé pour adoucir la portée de son aventure quelque peu mélo’ espérons que notre ami ne touche jamais au genre comique ! La bonne nouvelle de ce côté réside notamment dans la disparition à l’écran des deux jumeaux Autobots un peu (beaucoup) agaçant, Mudflap et Skids (vu dans le précédent volet)… Le petit trait d’humour assez "pipi caca" des deux premiers opus (mentionnons, par exemple, la scène du premier "Transformers" dans laquelle Bumblebee lâche une vidange sur l’Agent Simmons) a également - fort heureusement - perdu sa cote dans ce troisième long-métrage.
"Transformers 3D", techniquement très fort !
Hormis cet agaçant besoin de divertir par l’absurde, ce "T3" remplit, avec la plus haute distinction, son cahier de charges technique. Si la rumeur, durant le tournage, voulait que Michael Bay soit assez réticent dans l’utilisation de la 3D, force est de constater que le résultat laisse sans voix. Ce "Dark of the Moon" (n’y voyez aucun rapport direct avec le légendaire album, "The Dark Side of the Moon", de Pink Floyd) entraîne le spectateur dans une effusion pyrotechnique de haut vol où l’apport de la 3D joue pleinement son rôle : tout en restant bien coincé dans notre siège, nous sommes transportés sur de gigantesques Montagnes russes en relief. Ca décoiffe, ça fait frissonner et, éventuellement, ça fera vibrer les plus assidus de ce genre de spectacle où bravoure, abnégation et sacrifice sont, pour ne pas changer, affiliés à quelques petits sursauts patriotiques made in USA…
C’est et cela a toujours été le petit péché mignon de Michael Bay ! Toutefois, le réalisateur originaire de la "Cité des Anges" (Los Angeles) progresse notamment dans la manière de présenter et d’illustrer ses combats robotiques. Comme lors de ces toutes premières armes sur grand écran ("Bad Boys", "The Rock"), Bay s’est souvenu qu’il a rapidement maîtrisé les "plans ralentis". L’utilisation de ces derniers offre des scènes d’action nettement moins brouillonnes que par le passé et plus affinées.
Black is Black…
Cette relative finesse dans un esthétique qui demeure très guerrier et Pop-corn (n’est-ce pas ce que demande le peuple !?) ne se retrouve cependant pas nécessairement dans le scénario de ce "Transformers 3". Exit le duo Alex Kurtzman / Roberto Orci à l’origine des deux premières intrigues (qui n’étaient d’ailleurs pas non plus exemptes de tout reproche… surtout la deuxième !), c’est au tour d’Ehren Kruger de faire parler sa plume. Celle-ci ne se montre pas, au final, franchement originale - comme je l’ai précisé ci-dessus - mais le scénariste des "Frères Grimm" (2005), de la "Porte des secrets" (2005) et des deux remakes US de "The Ring" (2003 et 2005), nous gratifie toutefois de quelques surprises… Celles-ci se matérialisent par plusieurs retournements de situations ; ces Backdrafts scénaristiques (Cf. le rôle ambivalent tenu par l’acteur Patrick Dempsey) - distillés avec parcimonie durant plus de 2h30 de film - permettent certainement de (re)dynamiser une intrigue qui n’hésite pas, et c’est tout en son honneur, à se parer de belles allusions historiques qui ont marqué, en bien ou en mal, l’histoire contemporaine à commencer par la conquête de la Lune en 1969 ou le drame de la centrale nucléaire de Tchernobyl de 1986…
La différence la plus cinglante entre le travail de Kruger (habitué, pour rappel, aux sombres histoires) et celui du partenariat Kurtzman / Orci réside dans le traitement de cette nouvelle invasion extraterrestre : trahisons expéditives, aussi bien dans les rangs des Autobots que de la race humaine, exécutions méthodiques d’individus clés par les Decepticans, asservissement et destruction sans ménagement (!) du monde,… C’est un plan de bataille plus obscure qui est ici dressé. A l’écran, ce nouvel angle d’attaque offre la possibilité à Michael Bay de mettre tout le monde d’accord ! Après, un début d’année fortement orienté "invasions Aliens" (Cf. "Skyline" et "World Invasion : Battle Los Angeles"), Bay s’octroie un (très) large final pour filmer une impitoyable guérilla urbaine entre robots et humains.
Ces derniers vont, à leur tour, largement au charbon et les cinéphiles en manque de sensations grandiloquentes ne devraient pas être déçus du voyage avec, notamment, des gratte-ciels géants qui se transforment en pistes de luge ou des soldats chauve-souris réalisant des figures de style, dans les aires, entre des brasiers de ferrailles et des Decepticans animés d’une haine poussée à son paroxysme. Avec ces villes consumées et anéanties en état de siège, ces multiples vaisseaux spatiaux (pas toujours très éloignés du design des organismes hostiles de la franchise "Alien"), ces corps défragmentés, ces projections de lambeaux de squelettes, ces destructions d’Autobots "secondaires",… Rien n’est trop sombre pour permettre à Michael Bay de filmer l’une des plus impressionnantes séquences d’invasion de l’histoire du cinéma… Rien que ça… Et en plus en 3D, S.V.P. !!!
Des robots et des hommes…
Que dire du casting outre ce qui a été précédemment présenté… S’appuyant sur un générique ponctué de célèbres personnalités du Septième Art, ce "T3" brouille un peu les cartes en affublant, par exemple, d’un rôle miteux John Malkovich alors que le personnage campé par John Turturro gagne, pour rappel, en sagesse. Moins présents à l’écran, Kevin Dunn et Julie White pourraient être regrettés par une partie du public qui avait craqué face à la roublardise et à la folie de ces parents hors normes… Ça n’avait pas été le cas de tout le monde par le passé ! Pour la troisième fois, le trio Shia LaBeouf, Josh Duhamel et Tyrese Gibson déroule, dans leur rôle respectif, avec une aisance clairement perceptible. Patrick Dempsey, pour sa part, profite de l’occasion pour s’inscrire dans une superproduction (enfin une ! c’est mérité vu le statut actuel qu’il défend !) tout en cassant sensiblement son image de "gendre idéal à marier"… Assez inattendu et pimenté d’ailleurs…
Reste le cas de deux nouvelles arrivantes : Rosie Huntington-Whiteley qui supplante Megan Fox (tâche difficile ?) & l’inattendue Frances McDormand. La belle Rosie, tout droit sortie de l’usine des égéries "Victoria’s Secret", propose, finalement, une belle alternative face au personnage campé par Megan. Moins rentre-dedans et plus cérébrale (Si ! Si !), son personnage signe un passage de témoin assez revitalisant pour la saga. De son côté, Frances McDormand tire incontestablement son épingle du jeux (ce qui n’est pas chose facile !) en reprenant et réadaptant l’adage "Une main de fer dans un gant de velours". L’actrice fétiche des Frères Coen joue, principalement, sur le sérieux dû à la profession qu’occupe son personnage mais se permet, également, de petites sorties de terrain tout en maintenant une certaine classe. Impressionnant !
Au final, du bon Michael Bay !
Au final, Michael Bay est égal à lui-même et redore, dans ce troisième opus, l’image de ces chers robots extraterrestres qui avait souffert de quelques critiques lors de la sortie du deuxième opus. Offrant de truculents effets spéciaux sublimés par une technique 3D impeccablement maîtrisée, "Transformers - Dark of the Moon" ravira les amateurs de (très) bonne science-fiction malgré les indécrottables petites manies de son réalisateur qui pourraient agacer les spectateurs moins enclin, par exemple, à tolérer la glorification de l’esprit patriotique des "frères d’armes" ou encore à accréditer l’assimilation, faite par Bay, des courbes sculpturales de femmes aux alléchantes carrosseries de bolides sur quatre roues. Bref, vous l’aurez compris, amateurs exclusifs d’un "cinéma d’auteur" et féministes acharnées s’abstenir !
La bande-annonce…
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