Les taux de suicide ont fortement augmenté en Europe depuis le début la crise financière, confirme ce bilan de chercheurs de nombreuses institutions européennes et américaines, publié le 9 juillet dans le Lancet. La Grande-Bretagne, pays d'édition de la prestigieuse revue aurait été tout particulièrement touchée et connaît, à titre d'exemple, une hausse de 8% du taux de suicide entre 2007 et 2009. L'Irlande et la Grèce, 2 pays en très grande difficulté financière, ont vu leurs taux suicides augmenter de 13% et 16% respectivement.
Ces chercheurs-là avaient déjà prédit une hausse des suicides au début de la crise financière. Ici, ils vérifient qu'ils avaient (bien) raison. En consultant une base de données internationale de mortalité sur 10 pays de l'UE et de suicides par rapport aux taux d'emploi. Comme prévu, ils aboutissent à une association significative entre augmentation du chômage et des taux de suicide. Cependant, bien que l'association soit indiscutable, il n'y a aucun moyen de garantir que les deux sont directement liés, d'autres facteurs pouvant être déclenchants pour la hausse des suicides. Les auteurs sont actuellement et toujours impliqués dans une analyse détaillée des effets sanitaires de la crise économique en cours, avec l'intention de rassembler des données provenant de groupes d'individus plutôt que d'examiner les tendances nationales.
Ce sont des auteurs venant de différentes institutions européennes et américaines dont l'Université de Cambridge, la London School of Hygiene and Tropical Medicine, l'Université de San Francisco qui ont réalisé ce rapport narratif, “Effets de la récession de 2008 sur la santé: un premier regard sur les données européennes". Il s'agit d'une évaluation des données de 2000-2009 de mortalité, complètes pour seulement 10 des 27 pays européens (Autriche, Finlande, Grèce, Irlande, Pays-Bas et Royaume-Uni, République tchèque, Hongrie , Lituanie et Roumanie) qui conclut à l'augmentation du taux de suicides associée à l'augmentation des taux de suicide chez les moins de 65 ans.
Des chiffres démontrant une évolution des taux de chômage et des taux de suicide pour les moins de 65 ans: Le début de la crise financière est associé à une augmentation de 35% du taux de chômage à travers l'Europe de 2007 à 2009. Cette hausse du chômage coincide avec une nouvelle reprise des tentatives de suicide: les taux de suicide avait diminué dans les années précédant la crise financière, mais remontent avec la crise (moins de 1% entre 2007 et 2008 en UE puis 7%). Sur les 10 pays inclus dans l'analyse, seule l'Autriche a un taux inférieur de suicide en 2009 vs2007 et tous les autres pays connaissent une augmentation d'au moins 5% sur la période 2007-09. Les pays à plus fort déclin économique ont aussi la plus grande hausse des taux de suicide (13% d'augmentation pour l'Irlande et 17% pour la Grèce).
Et les systèmes de protection sociale? Pourtant, il y a 2 ans les mêmes auteurs avaient prédit que les systèmes de protection sociale et les réseaux de soutien social pourraient atténuer l'augmentation prévue des suicides. L'Autriche en estun bon exemple puisque ce pays offre un solide réseau de soutien social et montre bien une légère baisse des taux de suicide en dépit d'une hausse de 0,6% du chômage.
Une bonne nouvelle, au moins, la baisse substantielle du nombre de décès d'accidents de la route dans les pays européens au cours de la même période.
Les études futures dans ce domaine pourraient se concentrer sur les conséquences sanitaires non fatales des difficultés financières ou comparer des facteurs tels que le taux de suicide chez les nouveaux chômeurs et ou chez les chômeurs de longue durée…suggèrent les auteurs.
Source: The Lancet, Volume 378, Issue 9786, Pages 124 - 125, 9 July 2011doi:10.1016/S0140-6736(11)61079-9Effects of the 2008 recession on health: a first look at European data (Vignette NHS)
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