La période est terrible : rien ne va. La Cour des comptes épingle le gouvernement sur la gestion et le coût de la sécurité, la nouvelle patronne du FMI risque de trébucher sur le tapis, le Lider Minimo exonère les agriculteurs de leur responsabilité dans la prolifération des algues vertes, les sénateurs étudient leur code de déontologie, et un pauvre hère est licencié pour avoir récupéré des fruits pourris d’une poubelle… Même la candidature française pour l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver 2018 fait un joli flop. Pourtant, on a mis un cador aux commandes.
Car, franchement, il n’y avait rien à attendre, rien à espérer dans cette affaire, à commencer par la fameuse, mais non écrite, règle de l’alternance, qui veut que l’organisation des JO change plus ou moins équitablement de continent… Après Turin, Vancouver, Sotchi en Russie, rien d’étonnant que la Corée du Sud récupère l’événement, ce qu’elle n’a jamais fait jusqu’alors. De surcroît, Pyeongchang a mis le paquet pour sa troisième candidature d’affilée, mais surtout, a laissé entrevoir au CIO la possibilité de gagner beaucoup d’argent, énormément d’argent… Et là, incontestablement, en Europe, le handicap est irrémédiable.
Côté français, en dehors de toute question d’opportunité de la candidature, les problèmes semblent résulter d’une organisation inadaptée où les personnalités politiques et de plus en plus celles issues du monde des affaires se pressent, s’agitent et se démènent pour être sur la photo. Les sportifs, les gens de terrains, ceux qui connaissent les rouages d’une telle organisation sont priés de rester derrière. Edgar Grospiron l’a vite compris, quittant le navire en 2010. Son successeur, plus enclin à promouvoir son image plutôt que celle d’Annecy obtient la rallonge de budget réclamée par son prédécesseur. Mais Beigbeder multiplie bourdes sur bourdes jusqu’à critiquer ouvertement les autres candidatures quelques jours avant le choix du CIO, au mépris des règles de cette vénérable institution…. Ignorance, prétention, non respect des règles, vanité ont été les caractéristiques de cette candidature, à l’image de cette génération de jeunes loups de la finance. L’esprit d’entreprise, l’investissement privé, quand on dépense l’argent des autres, c’est évidemment facile, une roulette toujours gagnante.
Dans ces conditions, balancer ainsi 30 millions d’euros, dont beaucoup retombent dans la poche de copains communicants ou consultants pour l’occasion, ressemble à un vol légal d’argent public…
Un tel résultat, même un gamin sortant de l’épreuve du brevet de fin de 3ème l’aurait prédit.