éd. Puf
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Cette anthologie proposée par Léopold Sédar Senghor fut publiée pour la première fois en 1948 à l'occasion du centenaire de la Révolution de 1848 et de la publication des décrets abolissant l'esclavage et instituant l'instruction gratuite et obligatoire dans les colonies. Ce recueil est précédé de Orphée noir par Jean-Paul Sartre, texte dans lequel le célèbre philosophe invite à une réflexion sur la négritude.
Sartre exalte le noir nommé « couleur et mieux encore lumière » à la lueur de ces vers d'Afrique. La nouvelle poésie noire est incantatoire, incarnée, contrairement, comme l'explique le polémiste, à la poésie surréaliste européenne, qu'il juge impersonnel. Et de ponctuer son discours des vers de Césaire pour dire l'âme noire qui se dévoile dans le sillon douloureux de la misère solaire et de l'oppression blanche. La lecture des poètes noirs conduit finalement le philosophe à considérer la Négritude comme une « dialectique », « née du Mal et grosse d'un Bien futur », « un orgueil qui se renonce », « un absolu qui se sait transitoire ». Cet aspect éphémère de la Négritude, destinée à se mélanger dans une société sans races, rend sa beauté tragique que seule la poésie parvient véritablement à exprimer. C'est toute la complexité de l'identité du peuple noir que Sartre cherche ainsi à exposer. On pourra gloser sur ce concept de dialectique, cher au philosophe qui recherche les grands plans de l'humain dans les mots des poètes-prophètes. Ce recueil se lit aussi comme une invitation au voyage où l'on perçoit à travers une série d'évocations lyriques « le pouls profond » de la Guyane, de la Martinique, d'Haiti, de l'Afrique noire et de Madagascar. Et les poètes de ces latitudes, choisis par Senghor sont tous de grands émissaires de ce que Guy Tirolien nomme « l'âme du noir pays ».