Comme Ayo. La comparaison ne s’arrête pas là puisque c’est aussi sur une maison de disques française que celle dont le nom pour l’état civil est Bukola Elemide, dont le surnom Asa signifie "faucon" en yoruba, a été signée. Comme pour Ayo, Paris aura été la rampe de lancement de sa carrière internationale. Elle y est même née en septembre 1982.
Vingt ans plus tard, c’est chose faite. Elle décroche la timbale, en fait un cycle de professionnalisation qui lui permet de demeurer trois mois en France, où entre elle croisera la route de Manu Dibango, Richard Bona, Daby Touré, Tony Allen, les Nubians…
Forte de toutes ses expériences, elle revient à Lagos, peaufine sa musique, et passe aux travaux pratiques. Au début 2007, elle entre en studio pour enregistrer pendant six semaines, avec Cobhams Emmanuel Asuquo, jeune multi-instrumentiste aveugle avec qui elle fait équipe depuis trois ans. Le résultat est un premier disque éponyme, "parce que toutes ces pièces composent le puzzle de ma personnalité." Onze titres, où l’on croise le flûtiste Magic Malik et des percussions en pointillés, un orgue Hammond au toucher funky et une basse gorgée de reggae… Dont deux chansons qui pourraient bien tourner en boucle : Jailer qui évoque "l’ironie de l’oppression pas seulement politique ou raciale, mais dans la vie de tous les jours" et Fire In The Mountain, une mélodie que l’on croirait sortie de chez… Ayo.
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Vous avez écouté Ayo… Vous allez sans doute entendre Asa. Elle aussi Nigériane, elle aussi chanteuse et guitariste qui n’est jamais meilleure qu’en solo, elle aussi bercée par un père fan de musiques noires-américaines, tendance soul, reggae et folk-jazz. Nina Simone, Aretha Franklin, Marvin Gaye, Bob Marley et puis les grands classiques de la musique de la Gold Coast. Elle aussi inspirée par Macy Gray, Jill Scott, Erykah Badu, Lauryn Hill, elle plutôt comparée à Tracy Chapman, l’égérie folk dreadlockée. Comme ses consœurs américaines, Asa partage le goût pour la sophistication qui rime avec conscientisation.