La solitude c'est pas de réseau du tout, pas de réseau familial, pas de réseau professionnel, pas de réseau associatif ou amical ou encore de voisinage. Cette solitude extrême concerne aujourd'hui 4 millions, soit 9% des Français âgés de 18 ans et plus. Près d'un Français sur 4 n'a de relations soutenues qu'avec un seul réseau social et est à risque d'isolement total.
Cette enquête sur l'isolement relationnel en France a été réalisée par l'Institut TMO Régions par téléphone auprès de 4.006 Français âgés de 18 ans et plus, entre le 5 et le 22 janvier 2010, selon la méthode des quotas, par questionnaires de 12 à 21 minutes.
Ce qui frappe dans cette étude, c'est désormais le lien entre pauvreté, fragilité et isolement. Les personnes à faibles revenus cumulent les handicaps en matière d'insertion dans la vie sociale. Divorce ou séparation, puis parent isolé seul au départ des enfants, chômage, l'isolement touche aujourd'hui 67% des personnes à revenus inférieurs à 1.000 europar mois, (contre 26% en moyenne et 4% pour les personnes se situant dans les tranches de revenus les plus hautes). Parmi les personnes en situation de pauvreté, 16% n'ont pas de contacts significatifs avec leur famille, 14 % déclarent ne pas avoir d'amis (et 11% ne les voient que de manière occasionnelle), 47% se maintiennent en dehors des réseaux associatif, 36% n'ont pas l'occasion de développer des sociabilités dans le cadre professionnel, 20% n'ont pas véritablement d'échanges avec leur voisinage.
L'échec de la sociabilité virtuelle : Les sociabilités virtuelles ou sites de réseaux sociaux ne permettent pas de compenser la faiblesse des relations sociales, car parmi les personnes précaires en situations d'isolement, 93% n'utilisent pas les médias virtuels. D'une manière générale, seules les personnes à haut revenus (plus de 3.500 euros mensuels) utilisent significativement les réseaux sociaux virtuels. Et, parmi les personnes isolées, seule une sur 10 gagne plus de 3.500 europar mois.
Les jeunes touchés par la pauvreté, pas par l'isolement : Allant de pair avec la montée de la pauvreté chez les jeunes, la solitude les envahit aussi. Les jeunes sont fortement représentés dans la population en situation de pauvreté et parmi les personnes déclarant des revenus inférieurs à 1000 europar mois, 31% sont âgées de moins de 30 ans. Or, sauf exception, les moins de 30 ans ne sont pas exposés à l'isolement. Indépendamment de leurs revenus et de leurs statuts en regard de l'emploi, ils parviennent à développer une vie sociale relativement dense, pour partie organisée autour de leurs amis.
En revanche, dès 30 ans, la solitude les guette. Chez les plus de 30 ans, 1 Français sur 4 déclarant des revenus inférieurs à 1000europar mois est en situation d'isolement objectif contre 10% en moyenne, soit un écart de plus de 15 points. Ainsi, les personnes situées en dessous du seuil de pauvreté sont impactées beaucoup plus tôt: entre 30 et 39 ans, 20% d'entre elles sont en situation d'isolement
relationnel contre 3% en moyenne nationale sur cette même tranche d'âge.
Principaux résultats marquants:
· 18% des personnes déclarant des revenus inférieurs à 1.000 europar mois sont en situation d'isolement objectif contre 9% dans l'ensemble de la population.
· En situation de pauvreté, le risque d'isolement est très significatif dès trente ans.
· Entre 30 et 39 ans, 20% des personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté sont en situation d'isolement relationnel, contre 3% en moyenne.
· Au départ des enfants, 1 famille monoparentale pauvre sur 4 se retrouve seule.
Source: Fondation de France Synthèse de l'étude (Vignette © Maxim Malevich - Fotolia.com)
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