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J'ai rencontré le diable (Akmareul boatda / I saw the devil)

Publié le 09 juillet 2011 par Cinephileamateur
L'affiche du film
De : Kim Jee-woon.
Avec : Lee Byung-Hun, Choi Min-sik, Oh San-ha, Chun Kook-Haun, Chun Ho-Jin, Yoon-seo Kim...
Genre : Thriller.
Origine : Corée du Sud.
Durée : 2 heures 22.
Date de sortie : 6 juillet 2011.
Synopsis : Un agent secret recherche le serial killer qui a tué sa fiancée...
Bande annonce française
5
"J'ai rencontré le diable" faisais parti de ses films que j'avais hâte de découvrir en salles. Je suis très friand des polars sud coréens (qui ont une diffusion en salles assez médiocre je trouve mais bon c'est un autre sujet) et celui ci me tentait énormément surtout que j'en avais entendu de bons retours dans la presse et chez ceux qui avait eu l'occasion de le voir en avant première.
Une fois n'est pas coutume, j'ai vraiment adoré. Très sombre, j'ai été pris aux tripes dès les premières minutes. Aussi dur physiquement que psychologiquement, le film est à la limite du soutenable parfois tant il nous montre la cruauté que certains peuvent avoir. Il y à pas longtemps dans mon avis sur "The Dark Knight", je disais que ça me faisais plaisir de voir enfin au cinéma un méchant sans scrupules qui ne fait le mal que par pur plaisir. Dans une autre mesure (ce film n'as bien sûr rien à voir avec celui de Christopher Nolan), j'ai ressenti le même plaisir face à ce serial killer, véritable diable (le titre est bien choisi pour une fois ^^ ) qui n’exerce sa cruauté que par jeu, par plaisir, sans avoir aucun remords. D'ailleurs, même le fait de devenir à son tour une proie ne l’inquiète pas plus que ça, bien au contraire ça l'amuse accentuant la cruauté de ce personnage. Parfaitement bien écrit, le film nous montre aussi à quel point il est facile de tomber dans le côté sombre de l'âme humaine et à quel point pour combattre un monstre, il faut savoir devenir un monstre soit même. La phrase d'introduction "Que celui qui lutte avec des monstres veille à ce que cela ne le transforme pas en monstre. Si tu regardes longtemps au fond de l’abîme, l’abîme aussi regarde au fond de toi." (citation de Nietzsche tiré de "Par delà le Bien et le Mal ;-) ) résume très bien ce long métrage d'ailleurs où l'on est loin d'avoir d'un côté le gentil et de l'autre le méchant. La barrière qui sépare les deux principaux protagonistes est extrêmement fine ce qui rend les propos encore plus fort. J'ai bien aimé aussi la présence d'une belle histoire d'amour, une histoire interrompue par la mort mais qui se montre quand même à l'écran avec beaucoup de force et font qu'on ne reste pas insensible à la tragédie qui s'est passé. Après, comme toujours dans ce genre de film, il y a quelques facilités. C'est ainsi que l'on découvre à quel point le corps humain est sensé être vachement résistant malgré la dureté de certains coups ou comment il est facile de se lever après avoir perdu des litres de sang mais cela ne m'as pas gêné plus que cela surtout que cela contribue beaucoup à rendre ce film à la limite du soutenable physiquement tandis que l'on se retrouve aussi torturé mentalement. Le spectateur se trouve en tout cas plongé dans cette histoire qui dépasse le simple cadre de la vengeance sans jamais resté insensible. J'ai bien aimé la poésie aussi qui se dégage par moment dans ce scénario. Très sombre, elle apporte en tout cas une grande beauté à ce long métrage et pour un premier scénario, Park Hoon-Jung fait preuve de beaucoup de talent.
Le film est porté par un couple d'acteurs excellent à savoir Lee Byung-Hun et Choi Min-sik. Lee Byung-Hun pour commencer est très bon en Soo-hyun. Si au début, on peut le trouver un peu léger, c'est pour mieux voir l'évolution de son personnage que l'acteur à très bien su retranscrire. Petit à petit, le comédien va creuser au plus profond de lui même pour livrer une interprétation de plus en plus sombre. Le fait d'avoir réussi à rendre son personnage sympathique très rapidement accentue aussi le fait qu'on se retrouve touché par ce qui lui arrive. D'ailleurs, lorsque son rôle commence à nous donner quelques émotions, on est particulièrement touché, ému nous aussi. J'ai beaucoup aimé cette évolution qui n'as de cesse d'évoluer ainsi que les deux facettes qu'il nous montre, une très émotive où la tragédie qui à lieu est très dur à vivre pour lui et une autre plus sombre où il va se mettre à la hauteur du monstre qu'il traque afin de lui faire mal. Alternant entre la raison et l'idée de la vengeance, l'acteur s'en sors magnifiquement bien et montre une grande présence à l'écran. Si l'on ressens aussi sa fragilité, c'est aussi parce que face à lui on retrouve un excellent Choi Min-sik en Kyung-Chul terrifiant. Le terme de "diable" est très bien choisi pour ce personnage qui est interprété de façon remarquable. On sens la cruauté dans son jeu et encore plus lorsque l'on voit l'amusement qu'il prend lorsque c'est lui qui devient la proie. Il prend sa comme un jeu, sa folie n'ayant de cesse de grandir au fur et à mesure que le film avance. A chaque fois on se dit que son personnage à atteint le summum en terme de cruauté et à la scène suivante il nous surprend à nouveau en faisant encore plus fort jusqu'à un final terrible. Que ce soit dans sa gestuelle ou dans son regard, le comédien est vraiment excellent et d'un charisme fou. J'ai malheureusement pas vu toute la filmographie de Choi Min-sik pour diverse raisons mais il arrive en tout cas à faire encore plus fort que dans "Old boy" je trouve où là déjà sa prestation était énorme et marquante. Il en est de même d'ailleurs pour Lee Byung-Hun qui après "A bittersweet life" et "Le Bon, la Brute et le Cinglé" continue de grimper grandement dans mon estime. Ce duo d'acteur est exceptionnel et même si tout semble maitrisé dans ce film, les deux comédiens contribue aussi grandement à la réussite général. Derrière eux, le reste du casting ne démérite pas pour autant même si leurs personnages respectifs restent très secondaire. Que ce soit le psychopathe cannibale, le Capitaine ou encore le beau père de notre héros, chaque acteur livre une très bonne interprétation très crédible que j'ai beaucoup aimé.
La réalisation de Kim Jee-woon est exceptionnelle elle aussi. Je m'étais déjà pris une claque devant "Le Bon, La Brute et le Cinglé" dernièrement mais le cinéaste réitère l'exploit de nous offrir une mise en scène soigné et très riche. Les plans sont d'une beauté absolue et s'enchaînent avec beaucoup de fluidité et de cohérence. Certaines scènes sont des tableaux à part entière et contribue à intensifier encore un peu plus la poésie macabre que peut dégager cette œuvre magnifique. Les décors sont parfaitement bien exploités et on ressens très bien cette sorte de jeu du chat et de la souris qu'il y à entre les deux personnages. On se retrouve à la fois traqué et traqueur tout en se laissant prendre dans ce film qui gagne en intensité à chaque minutes. Visuellement, c'est vraiment très beau et on s'en prends plein les yeux. C'est d'une telle qualité que je suis même resté bouche bée devant certains plans qui paraissent simple tellement je les ai trouvé parfait. Le réalisateur continue de grimper dans mon estime et livre en tout cas un boulot remarquable. Les scènes un peu sanglantes sont à la limite du supportable parfois grâce à des effets visuels bluffant mais aussi grâce à cette mise en scène justement qui fait que l'on ressens cette violence, cette douleur physiquement et mentalement la encore. Interdit en salles aux moins de 16 ans en France, le film aurait subi la censure en Corée du coup je ne sais pas trop si c'est la vision du réalisateur que l'on à vu en salles où si c'est la version qui à subi la censure mais en tout cas le film reste extrêmement dur à vivre et reste une expérience assez intense. Après, par moment on peut trouver quelques lenteurs au long métrage qui aurait peut être pu gagner en rapidité sur certaines scènes mais lorsque l'on voit le résultat final, on ne se sens pas trompé sur la marchandise et ça fait du bien. Vers la fin, le temps se fait un peu ressentir mais une fois que l'on quitte la salle de cinéma, on est encore dans le film et il continue de nous travailler, de nous faire réfléchir. C'est la grande puissance de ce film d'ailleurs que de ne pas nous laisser indifférent et de continuer à nous emmener avec lui au delà du générique de fin. La bande originale signée Mowg est elle aussi géniale. Dès les premières notes j'ai vraiment accroché à cette musique qui colle très bien aux images que j'avais sous les yeux. Il n'y à rien à jeter et j'ai d'ailleurs tellement bien aimé que je pense voir si il est possible de ce procurer cette musique qui apporterait presque un peu de légèreté à l'ensemble mais c'est aussi être terriblement prenante lorsque la situation l'exige.
Pour résumé, "J'ai rencontré le diable" est un excellent film que je ne regrette pas d'avoir vu. Le scénario est très bon, l'interprétation excellente et la mise en scène parfaite. On ne sors pas indemne de la salle de cinéma et le film continue de nous travailler de longues heures après le générique de fin. Il à bien sûr quelques petits défauts que l'on retrouve assez souvent dans ce genre de film d'ailleurs je trouve comme quelques facilités et une certaine lenteurs par moment mais ce long métrage reste à mes yeux une bonne claque cinématographique que je n'ai de cesse de trouver excellent au fur et à mesure que j'y repense. Comme d'habitude en France, il ne dispose pas d'une distribution exceptionnelle (la semaine de sa sortie il n'est diffusé que dans 11 cinémas en France d'après Allociné) avec en plus des horaires pas toujours parfaits à cause de la durée de ce long métrage mais si vous avez l'occasion, "J'ai rencontré le diable" reste un film excellent dont on aurait tort de se passer. On ne sors pas indemne de cette rencontre et de ce très grand film.
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