Capitaine Achab

Philippe Ramos avait déjà signé un court métrage sur le Capitaine Achab, personnage phare de l'oeuvre d'Herman Melville. Cette fois-ci il passe au long et livre une oeuvre très poétique et riche en personnages farfelus. Prêts à voguer ?

La critique  

Une oeuvre ambitieuse et inspirée

Le petit Achab (Virgil Leclaire) aimerait aller à la chasse comme son Papa, être un homme. Mais ce dernier lui dit : "tu seras un homme quand je te le dirais". Cela n'arrivera jamais puisque le vieil homme mourra après une triste affaire de coeur avec la jeune et sensuelle Louise (Hande Kodja). Dès lors commence l'itinéraire d'Achab. Le médaillon de Louise en main, il part à la rencontre de personnages qui vont tous attendre quelque chose de lui. Une vieille femme seule qui veut en faire son fils de substitution, un prêtre qui croit voir en lui la relève de sa paroisse...Le temps passe et les rencontres continuent. Devenu un homme, Achab (Denis Lavant) va croiser le chemin de la tendre Anna (Dominique Blanc) qui aimerait bien faire de lui son nouveau mari (la mer lui a pris son premier amour) et enfin Starbuck (Jacques Bonnaffé), qui idéalise Achab et compte bien faire de lui la légende qui tuera la monstrueuse baleine Moby dick. Autant de rendez-vous manqués, de désirs frustrés et toujours chez les personnages rencontrés pour Achab des figures paternelles et maternelles qui lui manquent terriblement.

Sa mère est décédée et n'a laissé que sa bible, mais c'est bel et bien le médaillon de Louise qui compte le plus pour Achab. A la fois mère de substitution et femme de ses rêves, cette jeune fille libérée va hanter notre héros tout le film durant. Interprétée par la délicieuse et trop rare Hande Kodja, le personnage de Louise est un petit bijou. Tout le reste du casting est à la hauteur : Philippe Katerine dans un rôle déjanté, Dominique Blanc toute en finnesse, Denis Lavant tout en retenue...Des personnages riches , creusés, que Philippe Ramos a pour la plupart inventé. Car ce qui l'intéressait avec ce film ce n'était pas de livrer une adaptation du Achab de Moby Dick mais d'inventer une vie à ce personnage mythique. Nous suivons en cinq chapitres son évolution, les évènements et les rencontres essentielles qui vont l'aider à batir sa vie. Point de départ : la nature , sublimée, avec des plans aériens et une musique délicieusement planante. Point d'arrivée : la ville grisâtre, le monde adulte, des hommes.

La réalisation fait la part belle aux instants poétiques , oniriques et on retrouve non sans grand plaisir son âme d'enfant. Film à la fois audacieux et littéraire (beaucoup de voix-off, le seul bémol du film qui pourrait parfois être un peu pompeux) et grand public, Capitaine Achab est une bien belle aventure que je ne saurais trop vous conseiller.