Nous avons abordé ici le sujet des métaux précieux plusieurs fois, notamment celui de l'or et de l'argent comme révélateurs de l'inflation. Quand la fraude pyramidale de l'argent dette arrive à son échéance, la re-monétisation géante effectuée, dévalue fortement la monnaie circulante, faisant mécaniquement monter le prix facial des biens et services là où le torrent de nouvelle monnaie se déverse, au bénéfice exclusif des émetteurs.
Mais cette envolée de l'or et de l'argent qui révèle la création monétaire massive s'accompagne d'un phénomène parallèle intéressant à suivre et à comprendre, qui est celui du recyclage. Ainsi selon Patrick Schein ce sont 30 tonnes d'or qui ont été recyclées en 2010 en France soit 10 fois la production minière de la Guyane Française !
Pièce en or "American gold Eagle" (wikimedia)
Un phénomène nouveau à cette échelle, et qui peut contribuer à stabiliser le prix de ce métal en évitant les "squeeze" (mais pas de l'empêcher de monter !). Si la production minière mondiale plafonne autour de 2 500 tonnes / an, la quantité d'or dans les mains des citoyens, qu'on peut évaluer à 167 000 tonnes, représente plus de 60 années de production ! La mine la plus importante du monde est donc celle qui est dans les mains des citoyens et exploitée par le recyclage.
L'or, utilisé dans l'électronique et dans la bijouterie, est substituable, mais garde des qualités remarquables (inaltérable, ductible, excellent conducteur électrique) qui, sous réserve d'un prix compétitif, lui permet de garder un rôle économique d'usage.
A l'époque où les circuits courts, l'impact environnemental, la recherche de l'autonomie économique sont dans les priorités, il semble bien que le développement des industries du recyclage aient bien pris le train en marche. En complément de cette démarche des approches "d'or équitable" essayent de contourner les grandes industries du secteur en allant directement traiter avec des mineurs locaux, comme dans la mine de Stronami au Pérou.
Il apparaît donc que le développement des ces activités à une échelle tout à fait considérable constitue un contrepoids à une envolée non maîtrisée des prix, qui permet d'en lisser la progression malgré le phénomène inflationniste. Mais il reste clair que le problème mondial des déséquilibres monétaires est loin d'être résolu, et que tant que le prix des métaux précieux augmentera, nous ne pourrons en aucune façon déclarer que "ça y est, la crise est finie".
Nous sommes toujours en plein dedans et le pire n'est peut-être pas encore là.