Gauche2Gauche : Quelles sont les ambitions de l'opération "Initiatives citoyennes pour le Front de Gauche" ?
Frank Mouly : Le Front de gauche est caractérisé par la diversité des forces politiques qui l'ont créé. Mais sa vocation est de s'élargir beaucoup plus, notamment à des femmes et des hommes qui, aujourd'hui, ne se reconnaissent pas dans ces organisations. Et puis, la société est traversée par le besoin de nouvelles formes d'engagement politique, plus autonomes, plus souples et dynamiques, plus personnelles, citoyennes. L'ambition de cette initiative est de créer un espace politique qui réponde à ces attentes.
G2G : Comment un réseau social peut-il appuyer cette mobilisation ?
F.M. : Notre réseau social a une double vocation : il permet à celles et ceux qui se reconnaissent dans le Front de gauche, qu'ils soient dans ou hors des réseaux militants politiques, d'entrer dans la dynamique. Ils se disent "qu'est ce que je peux faire pour apporter ma pierre, avec qui" ? Le site va permettre de répondre à ce besoin : se mettre en relation, en réseau avec celles et ceux qui habitent dans leur ville ou partagent plus particulièrement un centre d'intérêt. Après la rencontre vient le temps de l'action : le site est également un espace contributif. Il permet à chacun de s'organiser en réseaux pour publier des contenus, des analyses, ou encore organiser un événement, une initiative publique.
G2G : Comment ça fonctionne ?
F.M. : Le site est basé sur le principe de la plus grande liberté d'utilisation, on pourrait dire de "l'auto-organisation". Tout le monde est libre de rejoindre ou de créer son propre réseau et dès lors, de contribuer. L'objectif est de donner le plus de liberté, de lever les obstacles. Par exemple, si je m'intéresse au logiciel libre et je veux contribuer avec d'autres au sein du Front de gauche pour contribuer au programme partagé, je n'ai besoin de demander l'autorisation à personne pour cela et commencer à agir. Avec le site comme dans cette campagne, c'est l'intelligence et la volonté d'initiative de chacun qui sont sollicitées, en confiance.
G2G : D'autres organisations politiques ont elles aussi lancé leur propre réseau social: la Coopol côté socialiste, Les créateurs de possible chez les jeunes UMP. La formule n'est donc pas nouvelle, et elle ne fut pas toujours un succès…
F.M. : Il nous semble que la dimension d'ouverture et de confiance est une possible garantie de succès. Par ailleurs, notre réseau se distingue nettement de la Coopol en ce qu'il n'est pas un simple réseau social, mais aussi un réseau contributif. Et son contenu est ouvert, accessible de tout l'Internet. Nombre de collectifs locaux se créent chaque jour en France et disposeront avec notre site d'un outil pour communiquer. C'est une aide. Pour l'heure, même si le démarrage est intéressant, nous restons modeste. Le site et son animation sont bénévoles, bien loin des grosses machines que vous citez. Enfin, la réussite de notre réseau dépend aussi et bien sûr de la dynamique elle-même du Front de gauche. Le meeting du 29 juin de lancement de la campagne a montré que beaucoup des participants n'étaient pas des militants, des habitués des meetings, mais des gens venus voir ce qui se passait de ce côté là. Ce qui se passe sur le site est à cette image. C'est bon signe.