Pilotant l’arme la plus puissante connue, Mazinkaiser SKL, les deux agents envoyés sur l’île en reconnaissance, Kaidou Ken et Magami Ryou, constituent à eux seuls l’escouade Death Caprice : leur folie meurtrière leur tient lieu de réputation, au point qu’on les compare souvent à la grande faucheuse elle-même, ou encore à des collectionneurs de cadavres, voire même à des passeurs de l’enfer… Et pas seulement pour ce qu’ils font à leurs ennemis, car personne d’autres qu’eux ne revient jamais des opérations auxquelles ils participent…
De leur côté, Kaidou et Magami se montrent beaucoup plus prosaïques : ils n’affirment rien d’autre qu’être l’Enfer lui-même.
Et ils en sont fiers…
Voilà une production qui n’y va pas par quatre chemins. Dernier descendant à ce jour de l’illustre famille jadis fondée par Mazinger Z (Go Nagai ; 1972), qui reste une œuvre fondatrice sous bien des aspects, Mazinkaiser SKL repousse les limites de la bienséance comme du bon sens pour s’aventurer toujours plus loin sur les terres de l’action pure et de l’ultra-violence – et de préférence toute autant gratuite et sanglante l’une que l’autre, autrement ce ne serait pas drôle… En transcendant de la sorte les barrières que s’imposait la franchise depuis sa création en des temps où les réalisateurs ne pouvaient se montrer aussi créatifs – voire subversifs – qu’aujourd’hui, pour des raisons évidentes, Mazinkaiser SKL dépoussière le mythe et le ramène ainsi sous les projecteurs. On pourrait presque dire « à sa place » d’ailleurs…
Pour cette raison, n’y cherchez pas la moindre bribe de significations ou d’idées, ou de n’importe quoi d’autre de ce qu’évoquent les fans meurtris pour tenter de contrer une critique qu’ils ne supportent pas. Vous ne trouverez rien de ça ici. Kaidou et Magami vous le confirmeront eux-mêmes d’ailleurs : ils se moquent autant des causes que de la justice car seule la fureur et le sang ont l’heur de leur plaire. Ainsi en va-t-il de nos jours de ces guerriers qui sauvent le monde : ils accomplissent leurs exploits en quelque sorte « par-delà le Bien et le Mal » – ce qui leur va à merveille si on tient compte d’un des principaux thèmes qui sous-tendent le genre mecha. En d’autres termes, il n’y a plus de héros, super ou non, et au lieu de ça il ne reste que des fous. C’est bien connu, on vit une époque formidable…
Dans la foulée d’un Gurren Lagann (Hiroyuki Imaishi ; 2007), mais en revendiquant sa démence au lieu de tenter de la dissimuler sous le vernis d’une quête pour la liberté des opprimés, ou quelque autre morale de cet ordre, Mazinkaiser SKL use des dernières techniques de réalisation du genre pour proposer au final une expérience hors du commun. Véritable ode à l’action pure, à la folie furieuse et à la vaine boucherie, cette très courte série présente l’immense qualité d’aller droit au but, sans même tenter de s’encombrer d’une présentation détaillée de la situation qui pousse à en appeler aux deux psychopathes déjà mentionnés : il suffit de les voir à l’œuvre pour comprendre que la menace à juguler dépasse les pires craintes – qui prendrait le risque de leur confier cette mission autrement ?
Par un jour ou bien une nuit de profond ennui comme de folle euphorie, plongez donc dans Mazinkaiser SKL, seul ou accompagné, pour suivre Kaidou et Magami aux portes de cet Enfer dont ils se réclament : vous trouverez certainement dans ce voyage-là bien des choses que vous vouliez voir mais sans jamais avoir osé les demander.
Peut-être même en redemanderez-vous d’ailleurs…
Note :
Bien que présentant des protagonistes sans aucun rapport avec les héros des productions précédentes liées à Mazinger, cette OVA fait néanmoins quelques clins d’œil aux personnages principaux des diverses séries, dont bien sûr Kabuto Kouji lui-même, mais aussi plusieurs mecha designs restés célèbres. Les connaisseurs n’auront aucun mal à les repérer tout au long des trois épisodes de cette réalisation.
Mazinkaiser SKL, Jun Kawagoe, 2010
Media Blasters, 2011
75 minutes, pas d’édition française à ce jour