Ah, mon ami Nicolas… Cage, Nicolas Cage, héros des temps modernes perdu dans les abysses de la création. Un temps acteur en vogue, surfant entre les projets difficiles et les mélos dramatiques, le voilà en perdition total depuis une dizaine d’années (au moins). Enchaînant série B ou vraie fausse surprise, difficile de retrouver un grand artiste derrière le comédien qui court le cachet (Ghost Rider!). Mais peut être que Cage, neveu de Coppola, ne veut simplement plus se prendre la tête, et juste prendre du plaisir dans des projets casse gueule? Peut être…
Dans Hell Driver, Cage est un énigmatique desperados pourchassant des méchants dans l’Amérique d’aujourd’hui. Des méchants pas gentils apparentés à une secte, qui sont clairement identifiables, mais il est clair qu’il faut leur mettre une raclée. Sévère. Derrière tout ça, un gars en costume, invincible, essaie de mettre la main sur Cage pour le ramener… en Enfer. Détail important, Amber Heard est accrochée au rétroviseur de la voiture de Cage. C’est joli mais ça ne sert pas à grand chose (même si Heard, nouvelle scream queen du genre, n’est pas inutile visuellement). Course poursuite à trois temps, Hell Driver est une belle bande bis dédiée au déchiquetage humain, aux shotguns dans tous les sens, et au massacre de quelques flics en tenue. Alors évidemment, de ce sous-Tarantino un poil trop fantastique pour le maître (mais qui aurait pu terminer, en plus sale, dans les bandes annonces du délire Grindhouse), Patrick Lussier (My Bloody Valentine) n’arrive pas à tirer le meilleur, se contentant d’un minimum syndicale pas trop déplaisant, consistant surtout à sortir 3 effets destinés à une 3D qu’il connaît bien, et évidemment sans se soucier du reste (scénario, jeu..).
Se laissant regarder sans déplaisir, Hell Driver pourrait même se targuer d’offrir une première partie non déplaisante, où Cage dézingue à tout va du méchant (pas forcément LE méchant de l’histoire, mais aussi le petit ami violent ou le policier récalcitrant), alors qu’à ses trousses William Fichtner relève le film à lui-seul, en costume, propre sur lui. Délaissé au rang de second rôle, Fichtner mériterait d’hériter de plus grandes occasions de briller… Mais là où tout dégringole, c’est sur une deuxième partie lourde et inutilement complexe, essayant comme à chaque fois (et c’est rarement réussi) d’expliquer tout ce bordel. Alors oui, mais on s’en moque totalement, de savoir pourquoi Cage s’est barré de l’Enfer pour rattraper l’assassin de sa femme. Et puis on préfère voir ici de la violence brute et jouissive (on est des geeks de genre ou pas), plutôt que de broder une pseudo histoire à la crédibilité zéro. Pas franchement déplaisant, Hell Driver n’évite pas les pièges du genre, et se ramasse sur sa deuxième moitié. Dommage, il y avait un poil de fun dans tout ça. Espérons que Cage prenne son pied, et qu’il redevienne la promesse de beaux moments sur grand écran. La prochaine fois, donc.