« Les discours apocalyptiques de la mouvance New Age à l’approche de la fin 2012 constituent un risque accru de dérives sectaires, voire de suicides collectifs », s’alarme la Miviludes dans son Rapport annuel de 2010 qui vient d’être publié.
La première partie du Rapport est consacrée à un amalgame incohérent concernant « la télépathie, le pouvoir des cristaux, le « channeling » ou l’ufologie », mêlés à la tragédie de l’Ordre du Temple Solaire, ou à des suicides collectifs comme ceux du Temple des Peuples au Guyana en 1978, à Waco au Texas, ou en Californie en 1997, sans compter la secte Aum et le gaz sarin dans le métro au Japon. On trouve aussi dans cet assortiment hétéroclite la mention d’un voyage à Carcassonne et Perpignan pour sensibiliser les préfectures au problème du Pic de Bugarach, en pays cathare, que Fenech qualifie de « nouvel eldorado des sectes ».
Il est vrai que, depuis plusieurs décennies, la montagne de Bugarach semble être le théâtre d’observations d’Ovnis et de dérèglements magnétiques qu’étudient des spécialistes, suivis par des citoyens ordinaires intéressés par ces problèmes, mais qu’on ne peut qualifier de candidats au suicide, ni de sujets manipulables ou « réceptif aux discours des gourous qui dispensent à prix d’or des remèdes aux angoisses existentielles ».
Et de toute manière, même si c’était le cas, ce serait LEURS problèmes et non ceux de psychopathes en mal de reconnaissance. Il est temps que les instances gouvernementales qui paient ces hystériques pour nous « protéger » cessent de traumatiser les citoyens « pour leur bien », alors qu’ils le sont déjà par les inégalités de notre société, ses choix politiques et le lavage de cerveau qui leur est infligé chaque jour par des médias qui ne sont que des perroquets à la botte du pouvoir.
Ainsi, répondant aux questions d’un journaliste parmi des centaines d’autres, Georges Fenech estime que les groupes apocalyptiques « enregistrent un regain d’activité sans précédent dans de nombreux pays ». Aussi, la Miviludes, qui dépend de Matignon, propose aux pouvoirs publics l’adoption d’un « protocole de vigilance » pour repérer les risques de passage à l’acte, y compris via Internet. Vont-ils à présent s’occuper de l’étranger, toujours avec nos deniers ?
Pour ses « travaux », la Miviludes n’a fait appel à aucun chercheur indépendant, aucun universitaire, sociologue, spécialistes de tels mouvements ou de religions dans leur ensemble. Aussi, sa vision ne peut être que tronquée et elle est extrêmement inquiétante pour la liberté de penser dans notre pays. D’autant que son président a déclaré : « Je n’ai jamais dialogué avec quiconque ayant des liens avec un mouvement sectaire ». Sa vision des choses est ainsi bien réduite.
L’autre préoccupation majeure de ce rapport annuel est la santé, particulièrement le cancer « face au marché florissant des pseudo-thérapies “alternatives” dans le traitement du cancer. »
« Si on sait soigner la plupart de ces cancers, avec des traitements spécifiques, il n’en demeure pas moins que cette maladie fait peur et qu’il y a des cas que l’on ne sait toujours pas guérir. Il y a des charlatans de la santé qui profitent de cette désespérance pour proposer des médecines alternatives qui conduisent à une rupture avec les soins conventionnels. On a comme cela plusieurs cas de femmes qui sont décédées d’un cancer du sein alors qu’elles auraient pu être traitées. Mais sous l’emprise d’un charlatan, elles se sont contentées de jus de citron, de jus de légumes pendant 42 jours ou encore de boire leur urine. Au total, nous avons répertorié une quarantaine de ces pratiques qui nous inquiètent beaucoup car par Internet le message est amplifié. Et il y a même des formations, désormais, dans des facultés libres de médecine où l’on enseigne que le cancer n’est pas physiologique mais d’ordre psychologique et qu’il faut donc régler le problème interne pour pouvoir guérir… »
Le sieur Fenech qui pense qu’on sait soigner la plupart de ces cancers, mais qu’il existe des cas que l’on ne sait toujours pas guérir avec des traitements spécifiques, oublie de mentionner les quelque 150 000 décès annuels qui se produisent dans les centres spécialisés. Il ignore aussi, semble-t-il que nombre de gens qui se réfugient dans les médecines alternatives le font en fin de parcours, lorsqu’ils prennent conscience de l’incapacité de la médecine classique de les guérir. Il cite « plusieurs cas de femmes qui sont décédées d’un cancer du sein alors qu’elles auraient pu être traitées », mais se garde bien d’ajouter que « traiter » ne veut pas dire pas « guérir » et d’évoquer les milliers de décès qui se produisent « malgré » et même souvent « à cause » des chimio et radiothérapies, tout comme il « oublie » les nombreuses guérisons dues à ceux qu’il qualifie de « charlatans ».
Alors que notre gouvernement prône les restrictions économiques, il serait utile de supprimer ces dépenses qui sont non seulement inutiles, mais aussi ridicules que liberticides. Ce n’est guère intelligent de confier à un groupe de déséquilibrés ignorants la sauvegarde de la santé des Français. Les laboratoires s’en occupent déjà très activement avec leurs visiteurs médicaux et « experts », ils n’ont pas besoins de séides supplémentaires.
D’autant que ces derniers sont dirigés par un personnage qui est loin d’être au-dessus de tout soupçon. En 1992, il a rendu une ordonnance de non lieu dans l’assassinat du juge François Renaud, abattu par trois tueurs en voiture le 3 juillet 1975 devant son immeuble. Ce crime qui a scandalisé la France entière est resté impuni alors que les protagonistes ont été très rapidement identifiés.
Georges Fenech, ancien partisan de la peine de mort (de nos jours personne n’ose plus l’avouer), mais toujours partisan de la tolérance zéro, a été refusé en 1998 au poste de premier juge d’instruction pour avoir publié des propos à connotation antisémite dans la revue qu’il dirigeait, puis renvoyé en correctionnelle en 2007 par le juge Philippe Courroye dans une affaire de vente d’armes en Angola. En 2008, le Conseil Constitutionnel a annulé son mandat de député et l’a déclaré inéligible pendant un an, tandis qu’il était de plus mis en examen pour diffamation envers un parti politique et son président.
En 2005, il a fondé avec entre autres Pierre Fabre, président-directeur général des Laboratoires Pierre Fabre, le Momagri, un « think tank » aujourd’hui présidé par Pierre Pagesse, le président de Limagrain, chargé de promouvoir l’agriculture OGM par un lobbying intensif auprès des institutions françaises, européennes et internationales.
Il serait intéressant de vérifier les relations qui existent entre Pierre Fabre et Fenech, pourfendeur des médecines complémentaires, ce qui pourrait expliquer bien des choses. D’autant que le 10 janvier 2007, Georges Fenech a défendu à l’Assemblée Nationale l’amendement 139 relatif aux obligations vaccinales devant la commission des lois, contre l’avis du président de cette dernière et l’avis du gouvernement. L’ex-député avait alors déclaré : « Les vaccinations sont obligatoires, mais, suivant la vaccination, les pénalités ne sont pas les mêmes. Nous proposons de frapper des mêmes pénalités tous les refus de vaccination, c’est-à-dire six mois d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende. »
Et pour en finir avec ce personnage peu recommandable qui se targue de vérifier comment les tribunaux s’occupent des « dérives sectaires », nous devons connaître la position de personnes plus qualifiées que lui pour parler de ces « dérives ».
En décembre 2006, Mme Sancy, du Bureau des affaires judiciaires de la législation, directeur de la protection judiciaire de la jeunesse a déclaré que « la problématique « sectaire » dans le travail des magistrats et des éducateurs était très marginale par rapport à l’ensemble des autres problèmes. » M. Etienne Madranges, magistrat à la cour d’appel de Paris, n’a trouvé « aucun cas », M. Didier Leschi, Chef du bureau central des cultes, ministère de l’Intérieur s’est opposé à la Commission d’enquête parlementaire sur les sectes et les mineurs à propos du statut juridique des Témoins de Jéhovah et a assuré : « Jamais d’incident qui mette en cause des enfants. »
M. Jean-Yves Dupuis, Inspecteur général du ministère de l’Education nationale a signalé que sur 19 000 signalements aux procureurs de la République, concernant des enfants qu’on estimait être en danger, lorsqu’ils ont demandé aux inspecteurs d’académie quels étaient, parmi ces enfants en danger, ceux qui l’étaient à cause de mouvements « sectaire », « ils nous ont répondu qu’il y en avait huit. »
Françoise Le Bihan, directrice adjointe du service des Français à l’étranger et des étrangers en France (DFAE) au ministère des Affaires étrangères n’a trouvé trace que de deux cas présentant un lien avec le comportement « sectaire » dans ce vaste ensemble. Et Thierry-Xavier Girardot, directeur des affaires juridiques au ministère de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche a signalé que sur vingt-trois enfants déclarés être concernés par le phénomène « sectaire » il n’était « pas sûr qu’il y en ait un seul. » Confirmation de Carola Arrighi de Casanova, sous-directrice de la Direction des affaires civiles et du Sceau au ministère de la justice : « Je dois d’emblée indiquer que nous ne sommes quasiment jamais confrontés à des situations liées aux sectes » et de Michel Rispe, Chef de bureau de l’entraide civile et commerciale internationale au ministère de la justice : « Il n’y a à ce jour aucun dossier ouvert, parmi les quelque cinq cents dossiers en stock, dans lequel il y ait des allégations d’appartenance « sectaire ». »
Alors que la secte antisecte avait déclaré que 60 000 enfants étaient en danger sur tout le territoire national, Joël Bouchité, directeur central des renseignements généraux du ministère de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire avait répondu dans le procès-verbal de la séance du 4 octobre 2006, « lors de nos relations sur le terrain, dans les préfectures, avec l’éducation nationale, les DDASS, les centres aérés et tous les organismes qui traitent de la jeunesse, nous n’avons jamais affaire à 60 000 signalements, ni même à 30 000, mais tout au plus à quelques dizaines… »
On peut vérifier ces témoignages dans le Rapport n° 3507 enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 12 décembre 2006. Sommaire des auditions – page 288.
En outre, il suffit d’aller sur le site du CICNS ou de consulter Internet pour voir le nombre de pédiatres, sociologues et philosophes qui s’insurgent contre ces délations liberticides.
Et pour terminer avec l’opposition de la Miviludes aux enfants instruits à la maison qui seraient endoctrinés par un discours stéréotypé, Thierry-Xavier Girardot, directeur des affaires juridiques au ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a répondu à la même époque, que sur les 1 119 contrôles opérés, 23 seulement se sont soldés par une mise en demeure de scolariser l’enfant dans un établissement d’enseignement, généralement pas pour des motifs liés à des dérives sectaires, mais tout simplement parce que l’éducation dispensée par la famille ne répondait pas aux exigences du décret de 1999, désormais codifié dans la partie réglementaire du code de l’éducation. (cf. procès-verbal de la séance du 10 octobre 2006).
Si François Fillon connaît ces déclarations, il est parfaitement coupable de complicité avec une entreprise de médisance institutionnalisée, comme l’appelle le CICNS (Centre d’Information et de Conseil des Nouvelles Spiritualités), et s’il les ignore étant donné sa fonction, c’est bien la preuve qu’il navigue sur un bateau ivre, sans compas ni boussole.
Sylvie SimonApocalypse, Médecine Douce et Miviludes mélangés par Georges Fenech – NaturaVox : partager pour préserver.