Ici Londres... je répète, "les carottes sont cuites"...
Nous venons de l'apprendre, l'affreux tabloïd britannique News of the World va fermer. Fini. Terminé. Mort. Ouf...
Il y a 70 ans, le britannique Winston Churchill avait redonné espoir à ses compatriotes par une de ces phrases dont il avait le secret : "ce n'est pas la fin. Ce n'est même pas le commencement de la fin. Mais, c'est peut-être la fin du commencement." Qu'en est-il aujourd'hui de la conscience médiatique?
4.000 personnes auraient été écoutées par News of the World. Politiciens, personnalités, sportifs, victimes de faits divers ou d'attentats, familles de soldats morts en Irak et en Afghanistan... "Le News of the World a pour métier de demander des comptes aux autres. Mais il ne s'est pas appliqué ce principe", a dit James Murdoch, président de News International.
Demander des comptes aux autres... Est-ce vraiment là le "principe" du journalisme? Dans différents articles, BeniNews a évoqué la vocation du journaliste, la vocation du scoop. Et il nous semble que cette vocation, ce "principe" cher à Murdoch est le discernement. Le journaliste doit nous donner des clefs pour comprendre le monde, pour agir, pour réagir, pour condamner, pour soutenir. Cela ne fait pas de lui un justicier. Encore moins un égoïste ou un cynique irresponsable uniquement désireux de maintenir l'énorme tirage (2.8 millions d'exemplaires) de News of the World.
Quand les tentations de gloire ou d'argent prennent le pas sur le discernement charitable, tout le monde y perd. Le peuple, le journaliste, Dieu. Car le journaliste n'est pas Dieu, c'est parfois bon de le rappeler.
Evidemment et malheureusement, cet écueil ne se limite pas aux médias. Nous sommes nombreux à succomber à l'égoïsme, l'avidité, la perversité, l'aveuglement. La charité, le don gratuit, l'humilité ou toute autre valeur positive qui pourraient nous conduire vers un ciel plus radieux nous demandent des efforts. Alors nous regardons notre nombril, nous balançons des scoops, nous créons des émissions TV, nous inondons les gens de discours populistes, nous lisons News of the World.
Ici Londres... je répète, "les carottes sont cuites..."
En ce jour de bad news of the world, nous apprenons également qu'une loterie organisée en Grande-Bretagne offrira bientôt la possibilité de gagner des fécondations in vitro dans les meilleures cliniques. Que dire?
La vocation de l'homme, qu'il soit journaliste, sapeur-pompier ou informaticien, c'est l'amour. Répétons-le, la vocation de l'homme, c'est l'amour. Aimer quelqu'un, ce n'est pas le tolérer. Ce n'est pas non plus lui faire plaisir. Ce n'est certainement pas se faire plaisir au détriment de l'autre.
Bien-sûr les hommes ne deviendront pas des saints. "Mon royaume n'est pas de ce monde", nous dit Jésus. La télé ne diffusera pas que des émissions positives, les journaux ne feront pas tous de l'investigation, les financiers ne s'intéresseront pas toujours aux conséquences de leurs actions, certaines personnes continueront d'aller sur Gleeden.com pour faire des "rencontres extra-conjugales".
Mais nous pouvons raisonner et résister pour que ce soit peut-être la "fin du commencement" de la prise de conscience des hommes de bonne volonté.
Ici Londres ... "les sanglots longs des violons de l'automne..." C'est le grand jour du débarquement des alliés de l'amour.