Un grand d'Espagne sur notre table...

Par Daniel Sériot

J'ai appréhendé la première fois Alion en 2007, à l'occasion d'un repas que j'avais proposé autour d'un plat électique mais orienté vers l'olive : un foie gras poêlé en feuilleté de pancetta, julienne de navet au bavarois d’olives noires, crème renversée à l’olive et au radis noir.


Le millésime choisi avait été un 2001 et je l'avais trouvé assez saisissant par la fraîcheur et par la pureté du fruit.


Note de février 2007 : Un vin excellent, au nez vif et plein de chaleur, qui a parfaitement convenu au plat, en raison du maintien de fruits noirs frais (myrtille, cassis) plutôt que cuits  d’une bouche pleine de puissance mais d’une grande pureté, jamais lassante, et aux tanins souples. Légère torréfaction et caramel brûlé. Grâce à la fraîcheur, le vin sera très conciliant avec le radis noir, dont il reprend d’ailleurs quelque peu les saveurs sucrailleuses et racinaires. Quant au foie gras, il a offert davantage une conjonction de consistance et de texture que de saveurs.

Fin juin 2011 j'apprends ma nomination officielle à Libourne. Je me sens d'humeur festive, toute guillerette! et décide de présenter à Daniel ce vin qui m'avait laissé ce grand souvenir. Notre caviste ne dispose plus hélas que du 2005. Mais qu'à cela ne tienne... une comparaison des millésimes s'avère instructive pour cette production espagnole.

Espagne :Ribera del Duero : Alion 2005

La robe est profonde, avec un fin liseré de couleur violine, le nez est intense, net et séduisant, avec des arômes de pruneaux, de fruits noirs très mûrs, de boite à épices, de réglisse, et des notes d’eucalyptus et de résine, l’élevage est à peine perceptible. La bouche est très veloutée, avec des tannins fins et racés, qui se trament pour donner une matière serrée, et dense, dans un milieu de bouche puissant et finement texturé rehaussé par des fruits intenses et bien mûrs. La finale est longue, avec une matière compacte, des tannins élégants et bien enrobés, les fruits sont opulents et gourmands, accompagnés par des épices douces, et des notes de réglisse. Une impression d’alcool, un peu trop soutenue, en ultime sensation ne permet pas un équilibre magistral, qui est la marque des grands vins. Noté 17, et la même note en note plaisir.