Bonjour à toutes et à tous !
Après avoir publié un article évoquant une cartographie des finances entre les partis de France en mars dernier, nous allons vous parler d'une cartographie de la blogosphère politique française que nous avons trouvé sur Le Monde.
Cette carte très bien faite est utile pour sonder l'activité politique sur le média de plus en plus influent qu'est internet. Elle répertorie des sites variés : des URL d'hommes politiques, de micro-partis, de partis politiques, de sites d'informations, de forums, des sections départementales ou régionales... Elle permet aussi de constater les évolutions de 2007 à 2011.
Tout d'abord, nous pouvons faire un état des lieux du contenu de la blogosphère. 2007 est l'année de référence en nombre de sites politiques existants sur le toile : il y avait en effet 1755 sites politiques français en cette année électorale. C'est sans doute du fait des présidentielles (suivies des législatives) que la nombre de site fut si important. Dès 2009, le nombre répertorié baissa à 1059 sites. Quant à cette année, il y a pou l'instant 1052 sites répertoriés, alors même que nous sommes à moins d'un an de la présidentielle. Il n'est pas encore temps d'en tirer des conclusions définitives, mais peut-être cela est-il dû à une éventuelle déception des français suites aux élections de 2007. Notons que le nombre de site décroit comme la participation des citoyens aux consultations électorales.
De loin, nous pouvons dire que c'est la gauche qui est la plus active politiquement sur internet. Elle comptait en effet 763 sites en 2007, 506 en 2009 et 452 en 2011. Elle totalise à chaque fois plus de 40 pour cent des sites politiques français. L'extrême gauche est la moins représentée sur la blogosphère politique, même si sa part dans celle-ci est passée de 1 à 3 pour cent en quatre ans. Beaucoup plus importante est la progression de l'extrême droite sous toutes ces formes sur le Web. Ce bord politique comptait quasiment 5 pour cent des sites en 2007 et compte aujourd'hui 12,5 pour cent des sites (132). Elle taquine ainsi la droite, qui a perdu 6 pour cent de son influence "web-politique" en 4 ans de mandat Sarkozy. La chute de l'influence du centre sur le net, quant à elle, est loin d'être aussi spectaculaire que celle de François Bayrou depuis 2007. En effet, le centre n'a perdu qu'environ 5 pour cent de la part des sites politiques français. Le gain d'influence de la famille écologiste n'est quant à lui pas si impressionnant, passant de 7,2 en 2007 à 8,3 en 2011.
De toutes ces évolutions nous pouvons tirer des interprétations. Tout d'abord sur les liens entre internet et les autres médias ou les évènements politiques. Ceux-ci sont fluctuants. En effet, si la forte poussée du Front National peut expliquer en partie la multiplication des sites d'extrêmes droites, elle n'en est pas l'unique cause, puisque cette augmentation avait déjà commencé en 2009 (année d'élections européennes). La poussée écologiste depuis les européennes et les régionales ne s'est quant à elle pas concrétisée sur le net, tout comme la chute libre de Bayrou ne s'est pas vraiment réalisée sur la toile. Ensuite les liens entre situation du bord dans la vie politique et représentation sur le web. La surreprésentation de la gauche sur le web peut s'expliquer par le fait que le web présente une accessibilité plus conforme aux opposants politiques qu'aux gouvernants. La poussée des sites d'extrême droite peut donc également s'expliquer par le fait que le web est plus utilisé par l'opposition, qui en est logiquement plus à l’affût dans le débat politique.
Concernant les liens entre les sites internet, il est intéressant de constater que ceux ci sont plus partisans en 2007 qu'en 2009 et 2011. Cela s'explique facilement par le contexte de première élection du Web en France en 2007. Il convient de faire la différence entre liens sortant et liens entrants, qui en disent plus long sur un site lorsqu'on le sélectionne sur la carte. Il suffit de sélectionner un site pour en voir les liens sortants et rentrants. Les gros sites (comme ceux des partis, personnalités ou sites d'infos) ont peu de liens sortants et beaucoup de liens sortants. Chaque bord politique a d'ailleurs sa plateforme souvent constituée par un à cinq sites de partis ou d'information. Par exemple la plateforme de l'extrême droite est constituée de sites devenus célèbre dans le milieu politique comme celui de Nation Presse Info, de FdeSouche et du Front National.
Les liens entre les sites internet dépassent souvent les clivages politiques, sauf pour l'extrême gauche et l'écologie politique qui semblent être moins interconnectés, mais plus intraconnectés. Le centre, visiblement, entretient plus de relations avec la droite (par l'ancienne UDF, le Nouveau Centre, le Parti Radical) et l'écologie politique (par le CAP 21 et Corinne Lepage) qu'avec la gauche ce qui démontre bien que le centre a plus coopéré avec la droite qu'avec la gauche.
Je vous donne maintenant quelques liens pour bien vous amuser avec cette carte. Tout d'abord ce lien qui mène directement à la carte. Ce lien est un article écrit sur le blog politicosphère (un blog Le Monde) concernant la carte. Enfin, ce lien est un focus sur l'extrême droite et ses différents courants sur internet.
Vincent Decombe