C'est un rapport d'orientation et de 84 recommandations que publie au 7 juillet la HAS qui identifie les facteurs de risque de violence et les signes d'alerte d'un passage à l'acte violent, et préconise les mesures préventives à mettre en œuvre.
Toutes les personnes souffrant de troubles mentaux graves ne sont pas violentes et toute violence n'est pas attribuable à la maladie mentale. Si dans les études internationales disponibles, les personnes souffrant de troubles mentaux graves sont 4 à 7 fois plus souvent auteurs de violence que les personnes sans trouble mental, elles ne sont que rarement auteurs d'actes de violence grave (environ un homicide sur 20).
Un risque est augmenté en cas d'existence concomitante d'une consommation d'alcool ou d'autres substances psycho-actives ou d'un trouble de la personnalité antisociale. En l'absence de ces comorbidités le risque est 2 fois supérieur à celui des personnes sans trouble mental. Le plus souvent, la violence des personnes souffrant de troubles mentaux est dirigée contre les proches ou les membres de la famille. Ces personnes souffrant de troubles mentaux sont elles-mêmes 7 à 17 fois plus souvent victimes de violence (verbale et/ou physique) que les personnes sans trouble mental.
Les principaux facteurs de risque identifiés dans ce rapport, sont,
- les antécédents de violence commise ou subie, notamment dans l'enfance ;
- la précarisation, les difficultés d'insertion sociale, l'isolement ;
- l'abus ou la dépendance à l'alcool ou à d'autres substances psycho-actives ;
- un trouble de la personnalité de type antisocial ;
- l'âge (inférieur à 40 ans) ;
- une rupture des soins ou un défaut d'adhésion au traitement.
La connaissance et la recherche de ces facteurs doivent permettre aux cliniciens de renforcer le suivi de leur patient tout au long de sa prise en charge.
Les signes d'alerte identifiés,
- un délire paranoïde avec injonction hallucinatoire ;
- des idées délirantes de persécution avec dénonciation d'une personne considérée comme persécutant le malade ;
- des idées délirantes de grandeur, passionnelles ou de filiation ;
- des menaces écrites ou verbales pouvant évoquer un scénario de passage à l'acte contre le persécuteur supposé ;
- une consommation importante d'alcool ou de substances psycho-actives.
- l'importance de la douleur morale ;
- des idées de ruine, d'indignité ou d'incurabilité notamment quand elles s'élargissent aux proches ;
- un sentiment d'injustice ou de blessure narcissique.
La connaissance de ces signes, signalés par l'entourage familial ou par les équipes soignantes, voire par les patients eux-mêmes, permet aux professionnels d'anticiper le risque de passage à l'acte.
Le rapport fournit également des recommandations sur la conduite à tenir face à la violence émergente et souligne certaines situations particulières qui nécessitent une vigilance accrue telles que la précarité, l'incarcération ou l'hospitalisation. Un rapport d'autant plus attendu que l'hôpital ayant perdu 60% de ses lits psychiatriques en 30 ans, 86% des malades mentaux sont aujourd'hui suivis en ambulatoire.
Source: Communiqué HASEvaluation de la dangerosité psychiatrique - Rapport d'orientation(Vignette Fotolia Santé log PE 13)