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Journée pour les grenouilles

Publié le 07 juillet 2011 par Jlhuss

Étape 6 – Dinan-Lisieux

(1ére édition sera réactualisée -photos et vidéos- dans la soirée)

Journée pour les grenouilles

Y'a pas eu de miraque !
Le tour a donc débarqué en Normandie.
Faut avouer, le pays est plus vieux, mais le public est présent et comme dit le poète : "il a dans le coeur le soleil qu'il n'a pas dehors".
Et puis, c'est quand même émouvant tous ces Normands qui sont venus pour voir (et complimenter), un viking en jaune, en vieux norrois paraît qu'on dit aussi "vikingr" (mais je me ferai jamais au vieux norrois).

Journée pour les grenouilles
Donc ça "drachait", ça "drachait" (en ce début d'été qu'on annonçait caniculaire) et au fil des kilomètres sinueux (c'est aussi le pays du Calva), les "monts de terre" se succédaient tristement.
C'est sûr, ça n'a pas été la grande bagarre (faut pas trop rêver nan pu), après la journée d'hier, fallait pas s'attendre.
Grosse différence avec les étapes "publicitaires" qui ont précédé quand même, les "fugitifs" d'aujourd'hui avaient (au moins pour deux d'entre eux) des "motifs nobles", c'est pas toujours le cas (malheureusement).

Coup de chapeau à Hilaire (Van Der Schueren), le "dirlo" de Vacansoleil, j'ai pas le temps de vous expliquer (Benjamin le fera sûrement), juste, pour votre culture personnelle, en Belge, on prononce : "van-der-s'qu'urène" (et pas churène comme disent les Bouguignons, pfff !).
(Je vous en prie, y'a pas de quoi.)
Tout cas, Hoogerlan a le maillot de meilleur grimpeur (sans doute le plus seyant "monavis").
Pendant ce temps, en difficulté et finalement largués à trente kilomètres du but, pour Gesink et surtout Sylvain Chavanel (plus quelques autres), c'était la misère.
Courage Sylvain, des jours meilleurs reviendront !
Et devant, "attention Lisieux !" (c'est nul, je sais, mais j'ai pas pu m'empêcher), Mallori (équipier de Hoogerland), nous a fait un joli numéro solo.
"Du sublime au ridicule, il n'y a qu'un pas" et Roux (qui s'était déjà fait eu dans les grandes largeurs pour le "grimpeur") l'a franchi d'un coup d'un seul et est ressorti en "chasse patate" (va savoir, on s'demande).
Pour finir, dans la ville où l'idole de mon enfance Walter Godefroot avait gagné deux fois (du temps que Benjamin n'était même pas encore inscrit à "l'école gardienne", comme dit Rodrigo), Edwald Boasson Hagen, le Novégien, est "allé à dame" brillamment.
Y'a pas eu de miracle kwo.
Surtout pour Romain (Feillu), qui mériterait pourtant un de ces quatre d'en décrocher une belle.
Qui Sait ? A Lourdes ?
N'attendant, à demain si ça vous chante.
Cordialement.
Makhno

Journée pour les grenouilles
Doublé norvégien... (Hagen, Hushovd)
Mais un superbe "Voeckler qui marche à l'eau claire" et qui flingue jour après jour.
Quel bel état d'esprit, dès la ligne franchie après une tentative qui avait à peu près une chance sur cent de réussir, ce démarrage dans la dernière rampe à fond les gamelles ! "Ouais, on ramasse de l'eau, mais on en ramasse toute l'année, et souvent beaucoup plus froide, c'est le métier... Oui d'accord les chutes, mais c'est le métier... oui j'attaque à chaque fois que je peux dans le final, mais on râlait quand les organisateurs ne mettent pas de bosses dans le final, ils le font alors on ne va pas les décourager... Ca m'est arrivé de terminer le Tour avec quelques regrets de ne pas avoir tout tenté, ça ne sera pas le cas cette année même si je sais que peut être que ça ne passera pas... "
Chavanel très distancé, manifestement esquinté par sa chute d'hier, Lepheimer perd une minute pour une chute qui aurait pu être gravissime, à 4 km de l'arrivée. Là les cyclistes vont rejoindre les motards en colère pour dénoncer deux dangers mortels : les glissières de "sécurité" en métal qui peuvent couper un homme en deux. Il faut continuer de les remplacer par des rondins ! (en plus ça favorise la filière bois) et supprimer ces saloperies de bandes blanches incroyablement glissantes – aussi pour des voitures d'ailleurs – en remettant la bonne vieille peinture classique qu'il faut peut être renouveler plus souvent, mais qui n'entame en rien l'adhérence de la chaussée.
Coup de chapeau pour un des cinq échappés du matin, avec une mention spéciale pour Adriano Mallory qui n'a été repris qu'à moins trois km. Le dernier virage étant incroyablement risqué, en cas de gamelle collective, il avait une chance infime.
Edvald Boasson Hagen : "Tout s'est bien passé pour moi. Je voulais vraiment m'imposer ici, avec cette arrivée en bosse. Donc j'ai tout donné sur le final, en sortant assez vite sur le sprint. Je suis d'autant plus heureux d'avoir gagné devant mes parents. C'est difficile de décrire mes émotions. C'est beaucoup de bonheur, tout simplement" (Eurosport).
Thomas Voeckler au micro de France 2 : "J'ai tout tenté à la fin, mais ça n'a pas été facile, celui qui était avec moi a trop attendu je pense, c'est dommage. La pluie ? Il ne faut pas s'en plaindre. Vous savez, quand on s'entraîne le reste de l'année, on est confronté à beaucoup plus de pluie, et beaucoup moins de degrés. Le tout c'est de faire attention aux chutes. Mon objectif ? A vrai dire, je n'en ai pas, ou si, celui de ne pas avoir de regrets !". (NB. son accompagnateur étant équipier de Philippe Gilbert, fallait pas rêver !)
benjamin

Journée pour les grenouilles

Le vélo pour les nuls.

Journée pour les grenouilles
Pourquoi les coureurs semblent tomber davantage ?
L'emploi du verbe "sembler" n'est pas anodin, parce qu'en ce domaine on a la mémoire courte. De tous temps il y eut des chutes dont certaines furent dramatiques, et seule la mémoire immédiate joue des tours qui donneraient à penser que les pros du XXIe siècle sont de grands maladroits. Toutefois, il y a des raisons objectives qui expliquent un grand nombre de gamelles.
Journée pour les grenouilles
1/ Les nouveaux vélos, tout d'abord.
Plus légers, "racés" et surtout d'une rigidité infiniment plus grande qu'auparavant. De ce fait ils restituent beaucoup plus les moindres aspérités de la route, et cela fait sautiller l'ensemble bécane – coureur. Mais un cycliste qui reviendrait aux vélos d'il y a seulement une vingtaine d'années pour "assurer" ramasserait 20mn de retard par étape... Autre élément : vous partez avec des boyaux ou des pneus pour terrain sec, et une ondée mouille une partie de la chaussée. Alors là c'est patinette assurée. Mais si vous avez chaussé "pluie" et que l'essentiel de la course se déroule sur route sèche, vous lâchez 20% d'énergie supplémentaire... En plus les positions de plus en plus en recherche d'aérodynamique jouent... enfin on a de plus en plus de grands coureurs, dont de ce fait le centre de gravité est plus élevé.
2/ Les aménagements routiers de plus en plus nombreux.
Cette succession de terre-pleins centraux et ronds-points qui a font (un peu) le bonheur de la sécurité routière et (beaucoup) celui des entreprises de travaux publics et des donneurs d'ordre laissent une multitude de dangers potentiels élevés... même si c'est rarement à cet endroit que se produit le gadin... encore que percuter un terre-plein à 70 km/h et atterrir dix mètres plus loin, ça s'est vu. Et neuf fois sur dix, le gonze remonte sur un vélo et repart quand vous ou moi – moi surtout – j'aurais besoin de trois mois pour retrouver mes moyens avant de remettre le cul sur une selle à supposer que faute des réflexes adéquats, je n'aurais pas été tué sur le coup.
Parce que toutes les équipes qui ont un intérêt à ne pas se faire distancer : celles qui courent pour la gagne finale comme celles qui visent la victoire d'étape se battent pour placer leurs cadors en bonne position avant toutes ces difficultés, de même qu'avant toutes les traversées de villes quelque peu tortueuses. D'où ces mouvements de "houle" dans le peloton, à 60 km/h, ces forçages épaule contre épaule (et parfois tête sur tête voire avec le coude mais là on s'expose à des représailles du niveau d'Hiroshima)
3/ Le déroulement du Tour n'a rien à voir avec celui d'un Paris Roubaix ou d'un Liège Bastogne Liège... ces deux épreuves (parmi d'autres) se courant aussi sur des chaussées étroites, sinueuses et dantesques, avec 50 km de pavés pour la première en plus.
D'abord parce que ce sont des "spécialistes" qui courent les classiques d'un jour. On n'y verra jamais de grimpeurs ou de coureurs qui jouent leur saison sur un grand Tour (Armstrong évitait soigneusement Paris-Roubaix avant lui Anquetil qui ne tombait jamais et qui y a ramassé deux gamelles le faisait a minima, de nos jours Contador comme les Schleck n'y mettent pas les pieds) Donc, pas de "maladroits" (tout est relatif) mêlés à des funambules. Ensuite parce que ces courses se décantent vite. Un équipier va tirer un bout insensé pour place Spartacus en bonne position avant la trouée d'Arenberg puis il se relèvera pour finir en cyclo, voire abandonnera une fois le job terminé. A 60 km de l'arrivée, ils ne sont pas 198 a se tirer la bourre, mais une trentaine. De ce fait les coureurs "s'étalent" sur une plus longue distance quand sur le Tour, dans un étape en ligne, entre les 30 cadors concernés par une gagne et les équipiers qui leur sont indispensables, ça frotte en permanence - et sans repos intermédiaire entre les courses.
Quoi qu'en dise JF Pescheux qui parlait au nom de la direction de course, il faut se poser la question : est-il raisonnable de définir le tracé d'une étape en ligne de début de Tour qui a 99 chances sur 100 de se terminer en sprint massif en empruntant des routes sinueuses, au vent tournant, larges d'à peine trois mètres ? Une descente de col est certes potentiellement plus risquée, mais l'écrémage est fait, les ¾ des coureurs sont dans un gruppetto, les autres sont "étalés" sur deux ou trois kilomètres. Certes hier les chutes (dont certaines furent graves : Brajkovic avec fractures multiples et sévère commotion cérébrale, Boonen également terriblement sonné et pourtant ce n'est pas le plus maladroit, euphémisme) ont eu lieu sur des portions plates et rectilignes... Mais ce que l'ami Pescheux oublie de dire, c'est que justement ca frottait sec à ces endroits pour se placer avant le serpentin suivant ! Ajoutez à cela des voitures ou des motos suiveuses qui font n'importe quoi (l'une d'elles a été exclue : non seulement elle a fait tomber un coureur mais elle a traîné son vélo sur 200m !) et il y a ce qu'il faut pour faire tourner la mayonnaise.
Il suffit de voir comment Voeckler a dû prendre comme risques, pour tenter de partir à – 30 km. Un démarrage de l'arrière, en faux plat, sur le terre plein herbeux, à 60 km/h et en frottant sur la gauche du peloton avant de se rabattre de justesse devant un camping-car, et après avoir frôlé deux spectateurs. D'accord c'était beau, ça a marché. Mais son guidon aurait tapé sur un autre ou contre une grosse dame en jaune qui en plus ne regardait pas la course (première étape), que 80 gonzes étaient à terre (dont lui-même). Il n'avait aucune alternative : prendre ces risques ou rester au chaud.
C'est bien pour le spectacle, mais ça fait un jeux du cirque. Faudra-t-il pimenter la retransmission en achevant le coureur à terre ? Le cyclisme est in fine un sport dangereux (par essence, on n'y peut rien). Quand on voit les exigences des footeux ou d'autres sportifs relatifs à leur sécurité, on peut se demander si en plus des "contraintes" commerciales on ne pourrait pas penser davantage à la sécurité sur ces étapes de début de Tour (passer là plutôt qu'ailleurs, ça peut rapporter des centaines de milliers d'euros à la société ASO et de curieux crochets sont placés pour "punir" la ville qui n'a pas voulu banquer)

benjamin

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