Il est normal qu’un débiteur rembourse ses dettes dans la monnaie où il a emprunté. Sauf accord volontaire du créancier.La Grèce aurait-elle emprunté en drachme, ou en or qu’elle devrait aujourd’hui rembourser, dans la monnaie et selon les termes de ses emprunts.
Le problème n’est donc pas principalement monétaire, mais financier et économique. La Grèce, qui a emprunté par excès, sur la base de comptes falsifiés, avec des espérances de croissance déraisonnable, ne pouvant faire face, est contrainte de se déclarer en faillite. Elle y perdra son crédit. Et ses créanciers une partie de leurs avoirs. Tôt ou tard, c’est ce qui se produira. C’est inéluctable. Car on ne voit pas comment ce pays pourrait retrouver avant longtemps une capacité d’emprunt international.
On dira que si la Grèce avait conservé sa drachme, elle pourrait aujourd’hui la dévaluer et ainsi ne rembourser que partiellement. C’est techniquement vrai, mais moralement inacceptable. On peut d’ailleurs se demander si les créanciers auraient aussi facilement souscrits à des obligations qui n’auraient pas été libellées en euros.
Le même raisonnement s’appliquerait d’ailleurs à la dette française.
Sortir de l’euro serait possible, et même peut être souhaitable (notre édito du 10/04/2011, «L’économie expliquée à Marie Le Pen»), sans doute inéluctable, mais pas sur le motif d’un remboursement avantageux de la dette publique. Sauf à ruiner le crédit du pays.
L’un des effets les plus pervers de l’euro (et rarement signalé) est qu’il a incité les pays qui l’utilisaient à s’endetter encore plus. Avec l’euro, solide comme le deutsche mark, on pouvait emprunter toujours davantage. On a encore vu il y a quelques jours des anciens premiers ministres européens faire campagne pour que l’Europe s’engage résolument, à son tour, sur le terrain de l’endettement massif.
C’est un signe de plus que le mythe du financement de la croissance par le crédit a la vie dure, bien qu’il soit totalement erroné.
La croissance d’une entreprise, ou d’une collectivité, doit se financer par une épargne préalable. C’est la raison pour laquelle il faut laisser aux jeunes entreprises tout l’argent qu’elles gagnent les premières années. Pour pouvoir se passer des banquiers.
De ce mythe, plusieurs autres erreurs découlent.
On s’imagine que des taux d’intérêt bas favorisent le développement économique. C’est parfois vrai et parfois faux. Quand ces taux d’intérêt bas favorisent le développement de mauvais projets ou des rêves, portés par des agents impécunieux, le crédit bon marché abouti à détruire de la valeur, et à exclure des projets judicieux, mis sur le même rang que des nanars.
Tout comme les autres prix, les taux d’intérêt ne doivent être ni bas ni hauts, mais justes. Il faut donc faire en sorte qu’ils soient fixés par des marchés libres.
On s’imagine que l’abondance de la monnaie favorise la croissance économique. C’est tout aussi faux. Car la quantité de biens et de services produite à l’instant «t» est parfaitement indépendante de la quantité de monnaie disponible, laquelle ne détermine que le niveau moyen des prix (…)
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