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L’avenir de la photographie ? (Arles 7)

Publié le 07 juillet 2011 par Marc Lenot

L’avenir de la photographie ? (Arles 7)

L'avenir de la photographie, c'est une question qui préoccupe beaucoup ici, dirait-on; passe-t-il par internet, le web 2.0 et les réseaux sociaux ? Implique-t-il que la circulation et l'appropriation des images prennet le pas sur leur création, comme le dit Fontcuberta ? Les étudiants de Rietveld et le magazine Foam ont fait une exposition / discussion / projection assez brouillonne, mais pleine de ces questions intéressantes à la Bourse du Travail. Je crois plus, à ce stade, aux expérimentations venant des créateurs de base, aussi confuses soient-elles, qu'aux théorisations et aux visions critiques téléologiques, aussi séduisantes et bien léchées soient-elles.

C'est pourquoi j'ai beaucoup aimé l'exposition R.I.P. de l'association des élèves de l'Ecole de la Photographie d'Arles, dans l'église (encore consacrée, ce qui n'est pas sans importance) Saint-Julien (au delà du jeu de mot du titre, déjà souvent fait; jusqu'au 22 juillet seulement). Les étudiants ont demandé à Olivier Bardin, un artiste qui travaille beaucoup sur le sujet même de l'exposition, d'être le commissaire. Surprise : pas de cimaises, pas de photographies bien tirées aux murs, seulement des bancs un peu partout dans la nef, et, sur ces bancs, des livres, des piles du même livre à la couverture blanchâtre, sans titre. Au lieu de baguenauder le nez en l'air, le visiteur s'assoie et feuillette les 300 pages : 23 étudiants, 23 portefeuilles, très variés, sans texte, sinon un récapitulatif en fin de volume.

L’avenir de la photographie ? (Arles 7)

Parmi les photographes qui m'ont plu, au fil des pages (mais il vous faudra acheter le livre : [email protected]  pour en savoir plus), les vues brouillardisées d'étoiles de Marion Normand, les paysages déserts et sombres de Julie Aybes, et surtout le Naufrage de Marie B. Schneider (déjà remarquée l'an dernier), sorte de flip book immobile qu'il faut imaginer activé par l'artiste avec une lenteur infinie, et la douce Rhyparographie érotique (et nullement vile)  de Mélanie Pottier, dont la suite est amputée dans le livre tel que présenté dans l'église (consacrée, comme j'ai dit : voir 'L'autre' sur son site) et qui aurait sa place à Naples, je crois. Sans doute ces travaux-ci conviennent-ils aussi mieux à ce médium que d'autres, et tant mieux.

Qu'on déplace ainsi le lieu de l'exposition, qu'on rompe (plus ou moins aisément) le fétichisme technique de la belle photo (le livre est bien fait, mais n'est pas un 'coffeetable book' pour autant), qu'on change la manière dont le spectateur appréhende l'oeuvre, qu'on prenne en compte le fait que la majorité des photographies aujourd'hui sont vues dans des journaux, des livres (et sur des écrans) plutôt que sur des cimaises, tout cela me semble intéressant, prometteur, irrévérencieux (oserais-je duchampien ?); ça m'a en tout cas paru être une réponse plaisante à l'interrogation du titre.

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