De plus en plus d'incendies surviennent pendant l'été. Selon un récent rapport des Nations unies, les "méga-incendies" se multiplient avec le réchauffement climatique mais contribuent en retour à l'aggraver. Comment sortir d'un tel cercle vicieux ?
Février 2009, Australie. Une vague de chaleur exceptionnelle traverse le pays avec un thermomètre qui franchit les 47 °C. En une journée, d'effroyables incendies terrassent 365 000 hectares de brousse et font 135 victimes.
Août 2010, Russie. 32 000 foyers d'incendies entraînent la mort de 62 personnes et la disparition de 2,3 millions d'hectares de forêts.
Impressionnants par leur taille, ces " méga-incendies " se distinguent surtout des simples feux de forêt par l'ampleur des dégâts qu'ils causent. D'après l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), si la multiplication de ce type d'incendies est liée au réchauffement climatique, ils pourraient contribuer à leur tour au réchauffement de la planète. "Les méga-feux, pour la plupart imputables à l'homme, seraient exacerbés par le changement climatique, mais nous soupçonnons désormais qu'ils puissent constituer aussi un cercle vicieux qui accélère le réchauffement de la planète", souligne Pieter van Lierop, forestier à la FAO.
Dans un rapport présenté début mai à la cinquième Conférence internationale sur les feux de forêt à Sun City (Afrique du Sud), l'Organisation a invité les pays à mettre en oeuvre des stratégies mieux intégrées de gestion des feux. Mais aussi à améliorer la surveillance des émissions de dioxyde de carbone dues aux incendies et causant le réchauffement de la planète. "La question devient particulièrement pressante avec la fréquence et l'ampleur croissantes des méga-feux et les projections météorologiques de saisons d'incendies de plus en plus chaudes et arides", précise le rapport.
Il est intéressant de noter que la quasi-totalité de ces méga-feux ont été délibérément allumés, à des fins agricoles ou de développement. En effet, ils sont un moyen rapide de déboiser ou de permettre à la végétation de se régénérer. Toutefois, le rapport de la FAO souligne que la sécheresse est un facteur aggravant pour ces feux, qui se propagent plus vite. Ainsi, tous les feux examinés dans le rapport s'accompagnaient de conditions chaudes, arides et venteuses.
Les pays pauvres sont les moins préparés
Un méga-incendie en Botswana n'aura pas le même impact économique et environnemental qu'un méga-incendie aux Etats-Unis... En effet, le rapport des experts de la FAO pointe du doigt les difficultés que rencontrent les pays en développement à se remettre de ces sinistres, notamment parce que les moyens de subsistance des habitants sont affectés beaucoup plus durement.
Pour sortir de ce cercle vicieux climatique, quelles solutions proposent la FAO ? Tout d'abord la prévention. Une précaunisation qui peut sembler simpliste mais qui a prouvé son efficacité en Floride et dans les différents Etats Australiens où, en dépit de graves sécheresses, les pertes et dommages dus aux feux de forêt semblent nettement inférieurs qu'ailleurs. Les politiques locales combinent des approches de prévention, d'atténuation et d'extinction plus équilibrées. Il s'agit de programmes de brûlage contrôlé ou de la mise en place de plans d'évacuation rapides et élaborés. En Floride, le U.S. Forest Service et l'Etat de Floride organisent des feux contrôlés avec des rotations de 2 à 4 ans. Ces feux coûtent entre 10 et 30 $ l'hectare, alors que dans les forêts non traitées, les coûts d'extinction des feux de brousse sont souvent supérieurs aux centaines, voire aux milliers de dollars l'hectare.
Alicia Muñoz