EXTROPIATION
EXTROPIATION
Le diable, deux années avant déjà, a joué
Avec ma vie trop occupée, pour précipiter
Cette voiture verte, sur une route de blé
De la plaine tranquille, où l’oiseau vole en sérénité;
Le panneau « stop », ce bolide vert l’a ignoré ;
Lugubre et affamé de mort, le diable satanique l’a fauché…
Pourtant, à ce moment là, si le diable m’a prévenu.
Un ange m’a alors doté d’un pouvoir inconnu ;
Celui de savoir ce que ce démon, il a prévu.
Tout ce qui est arrivé de ma vie, je l’ai vu ;
Un matin de mai, en deux mille quatre, je me suis réveillé nu
Dans une chambre d’hôpital, aux murs blancs et nus…
En conséquence, le malin s’est organisé
Pour me laisser de mémoire, juste assez;
Il a simplement, finement gommé et effacé,
Les moments de souffrance les plus mauvais
Afin que je garde en moi tous les regrets
De ma première vie, où j’ai bien tout de moi donné…
Cette première vie, où bien trop prisonnier,
D’un engagement personnel, à tout consacré
Au bien être de ce monde impitoyable, dans lequel j’ai contracté
Tous les combats et toutes les batailles, dont la seule charité,
Se destinait à tout offrir, pour abreuver et alimenter
La vie sociale et humaine, de familles entières chaque jour de l’année…
J’ai mené tous mes durs combats des nuits et des jours,
Pour maintenir et améliorer le quotidien de tous, jour après jour,
Dormir trois heures, actif à toute heure, en alerte toujours,
En plein milieu de repas festifs amicaux, m’endormir comme un gros balourd,
Puis guilleret, reprendre la conversation, avec le sourire entendu, dans son cours,
Plus aucune pensée ni envie ni attirance charnelle ou sexuelle, vers l’amour…
Une mort physique de trois semaines ou presque,
Un coma clinique de deux mois passés funestes,
Puis un réveil angélique entre quatre murs de fresque,
Blancs, ouatés, clairs ensoleillés, avec des blouses ou des vestes
Animées, réelles ou virtuelles dans un silence étouffé, romanesque,
Mon réveil fût celui du bébé qui s’éveille à la vie, serein et ivresque…
J’ai du mettre tout mon corps brisé en réveil,
Cerveau déplacé dans ma tête remplie d’eau du sommeil,
Bras gauche broyé, avant bras, poignet et main tétanisé
Les côtes asphyxiées, la hanche laminée, le rachis usé
La jambe gauche frustrée multi fracturée, le cotyle luxé,
Quatorze à quinze interventions pour remettre toute la carcasse pareil…
Puis des mois et des années pour redevenir un être humain ;
Un peu handicapé, très paumé au bord du ravin,
Par un gris matin d’octobre deux mille six, le malin
Prêt à savourer le triste début de ma fin,
N’a pas vu arriver une fée aux cheveux noirs et fins
Belle et magnifique cette déesse du destin, m’a tendu sa main…
Moi, perdu égaré en naufrage sur un océan d’effroi et d’angoisse,
Je me suis accroché à cette beauté, comme l’ivrogne à sa bouteille d’ivresse,
La fée ne m’a pas rejeté, ni rien promis non plus la Diablesse ;
Je suis resté l’âme et le cœur amarrer à la corde romantique de cette déesse ;
Prêt à tout lui donner ; jusqu’à lui donner même ma vie pour l’extraire de sa détresse,
J’ai connu toutes ses tortures, en pur hasard, ne pouvant plus supporter de ma vie, son absence…
Pour rattraper son erreur à notre sujet, le malin trop orgueilleux,
D’abord de ne pas avoir terminé son sale boulot avec cette fée pour mettre à mort et à feu
Toute sa vie, brisé son couple, éclaté sa famille, déchiré sa chair,
Pour en plus éternellement lui arraché et lui prendre la vie de son enfant le plus cher ;
A imaginé nous prendre dans un nouveau piège à lui plus impitoyable et sulfureux ;
Il a joué avec la distance, le décalage du temps, de notre différence de vie et d’âge à tous les deux…
Son camion ne m’a pas pris dans la mort
Sa Diablesse a pris ma vie jusqu’à ma mort
Mon âme se réincarnera d’elle après ma mort,
Je lui appartiens éternellement vivant ou mort
Je lui appartiendrais encore et encore
Au-delà de mes autres vies durant toutes mes autres morts…
Sans elle-même vivant je suis mort
Le Diable lui aussi, l’avait prévu encore…
Même mort, Claudia, je t’aime trop fort…
Georges Adrien PARADIS à Limoux le 07 juillet 2011 à 02h30