Interview de Francis Dannemark (1/2): "Ecrire, c’est une façon de vivre"

Publié le 07 juillet 2011 par Mylittlediscoveries

Suite à mon billet sur son livre "Du train où vont les choses à la fin d'un long hiver", j'ai eu envie de poser quelques questions à Francis Dannemark. Pour mon plus grand plaisir, l'écrivain s'est volontiers prêté au jeu! Je vous laisse découvrir à votre tour ce passionné de livres à la fois disponible, ouvert et très intéressant...

Vous pouvez retrouver la présentation de Francis Dannemark et mon avis sur son roman "Du train où vont les choses à la fin d'un long hiver" ici

1.   Vous avez de multiples casquettes, comment pourriez-vous vous présenter à mes lecteurs?

Les livres ont toujours joué un rôle essentiel dans ma vie – avant même que je sache lire, m’a-t-on dit. J’ai appris beaucoup de choses en lisant (tout m’intéressait) et j’ai découvert dans les romans que l’on pouvait vivre mille vies. Je n’ai jamais décidé d’écrire ou d’être éditeur, c’est venu dans ma vie comme le prolongement naturel de ma relation privilégiée avec les livres. Aujourd’hui, je suis écrivain, éditeur, conseiller littéraire. Mais au fond, j’étais déjà cela à 16 ans. J’avais alors créé une petite revue de poésie, j’y publiais mes poèmes et ceux de mes amis.


2.   Quelle est l'activité qui vous occupe le plus et comment s'organisent vos journées?

On imagine sans doute que les écrivains et les éditeurs passent leur vie à écrire et à lire. Je le croyais aussi autrefois. Il n’en est rien. Dans le monde qui est le nôtre, la plupart des heures sont utilisées à gérer, à administrer, à s’occuper de l’intendance… Un exemple : je me souviens de l’époque sans ordinateurs où l’on déposait les bulletins de virement à la banque, et là les employés faisaient leur boulot ; aujourd’hui, c’est nous qui faisons ce travail (et nous payons les services de la banque plus cher que jamais…). Je n’en reviens pas : nous avons les outils les plus sophistiqués de l’histoire de l’humanité et nous n’avons jamais autant manqué de temps pour vivre, simplement vivre. Mais je ne réponds peut-être pas à votre question ?

Dans mon emploi du temps, il y a aussi, et c’est essentiel, le fait que j’élève seul mes fils Lucas et Noé depuis une dizaine d’années. Je travaille chez moi depuis cette époque, ce qui me permet d’être en même temps au four et au moulin. C’est très pratique (mais ça pose un problème : il y a toujours quelque chose à faire et les moments de vraie détente sont parfois difficiles à trouver).


3.   Quel est votre rapport à la lecture: lisez-vous depuis l'enfance, lisez–vous tous les genres littéraires, quand et que lisez-vous (presse écrite, livres, internet), quels sont vos auteurs préférés et vos livres de chevet?

Depuis quelques années, dans le domaine littéraire, je lis surtout des manuscrits, des textes en cours, des épreuves… Quand je lis pour le plaisir, ce sont des ouvrages en anglais consacrés au cinéma ou alors je relis des auteurs que j’apprécie particulièrement. Quelques noms qui me passent par l’esprit : Vita Sackville-West, Denis Grozdanovitch, Jim Harrison, le prince de Ligne, Alexandre Vialatte, Jacques Chardonne, Jerome Charyn. S’y ajoutent des livres de philosophie orientale, des poètes du monde entier.

La presse ? Je consulte rapidement les gros titres et je lis de temps en temps quelques articles sur Internet. Je n’ai jamais lu les journaux. De la même façon, je ne regarde jamais les journaux télévisés. Je n’écoute plus la radio depuis 30 ans. Je feuillette des magazines dans la salle d’attente du dentiste ou de l’ostéopathe. Bref, je picore. C’est le mieux que je puisse faire.


4.   Comment trouvez-vous l'inspiration pour vos livres et y a-t-il une part autobiographique? Dans quelles conditions les écrivez-vous et comment choisissez-vous les titres?

Ecrire, c’est une façon de vivre. Même quand je ne rédige pas (c’est-à-dire la plupart du temps), j’écris. Une partie de mon esprit ne cesse jamais d’écrire – de saisir les choses, de les nommer, d’en faire des phrases puis des histoires. Mes livres sont donc forcément autobiographiques. C’est ma vie réelle : rêves y compris.

Les titres s’imposent, très tôt, et guident l’écriture d’une certaine façon.

Je rêve d’avoir beaucoup de temps pour écrire, quelques heures chaque jour pendant des mois, tranquillement. Je crois que c’est le rêve d’être un homme de lettres. En pratique, ce n’est jamais comme ça. Je suis juste un écrivain. Chaque livre est comme un voyage : une fois qu’il commence, je ne fais rien d’autre, en tout cas mon esprit est occupé à 100%. Il n’est donc pas étonnant que je n’écrive que des livres courts : je n’ai pas ni le temps ni les moyens financiers de faire de longs voyages. Et c’est peut-être mieux comme ça. Sinon, je deviendrais tout à fait un extraterrestre, je crois.


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J'espère que cette première partie de l'interview vous a plu,

la suite la semaine prochaine!

Je profite de ce billet pour vous signaler la réédition aujourd'hui en poche du roman de Francis Dannemark "Les petites voix", paru en 2003.

L'histoire: C'est le début de l'été et la ville se vide. Une traductrice, journaliste à ses heures, accepte de faire pour un magazine le portrait détaillé de Paul Grenz, un musicien réputé mais mal connu. Disposant de peu d'informations, ignorant où il vit - et même s'il est encore vivant -, elle va être amenée à rencontrer diverses personnes l'ayant côtoyé. De témoignages en confidences, d'anecdotes en révélations, l'enquêtrice improvisée réunit à sa façon les pièces d'un puzzle apparemment paradoxal.Mais la vie n'est paradoxale que si l'on croit qu'elle va ressembler à l'idée toute faite qu'on en a. Pour la jeune femme, l'enquête va se transformer en découverte. De quoi ? D'une certaine sagesse, peut-être.