On le sait, la racaille des talus s'est vu honorée par le législateur dans sa mission de gestion équilibrée (sic) des écosystèmes car les chasseurs sont, paraît-il (on ne rigole pas), des acteurs d’une nature vécue, et non les spectateurs d’une nature contemplée ou idéalisée.
C'est à ce titre que les viandards sont appelés à jouer auprès des gosses, des candides ou des inconscients, un rôle en matière d’éducation.
Je propose Pascal comme éducateur. Pascal, il a 53 balais et il chasse depuis qu'il a 16 ans. C'est dire s'il est foutrement acteur d'une nature vécue.
Pascal, il crèche dans la Marne et a l'habitude de semer le trépas du côté de Bouleuse.
Il a du vocabulaire, Pascal ; il saura bien expliquer tout ce qu'il faut aux enfants.
Dimanche matin 24 janvier 2010, ça caillait sec dans le coin. Pascal a vu arriver d'autres chasseurs. Il n'a pas aimé du tout cela. Car la tuerie dominicale à Bouleuse, elle est réservée à Pascal. Les autres, ils peuvent buter tout ce qu'ils veulent mais pas le dimanche.
On a entendu des "Tu n'as rien à faire ici ! Barre-toi ! Fous le camp !" puis un "Casse-toi, gros con !".
Après, quelques gnons ont été distribués.
Ensuite, cerise sur le gâteau, ces splendides représentants de la chasse à la française ont commencé les intimidations avec l'outil qu'ils maîtrisent le moins bien, leur flingue.
Fusil empoigné, 3 coups de feu...Tous en direction de l'autoroute A4... Et le Pascal qui hurle, tout en engageant 2 autres balles dans la pétoire "Si vous ne dégagez pas, je vous mets une balle !".
Tout ce petit monde s'est finalement dispersé dans une ambiance de frousse, de colère et de bêtise.
Il se trouvait réuni cette semaine, 18 mois après les faits, à la barre du tribunal correctionnel de Reims.
Jugé pour les menaces de mort et la mise en danger d'autrui, Pascal a été condamné à trois mois de prison avec sursis. Son fusil est confisqué, avec interdiction de détenir une arme pendant six mois.