Chasse aux grandes puissances
Mais il apparaît entre les 470 pages, une contextualisation des lignes de front. Au-delà des simples motions et appels construits sur la même base, pour pratiquement le même message, les auteurs des hors-texte et des para-textes axent leurs propos sur une ligne de fond qui épouse le contexte international. Cette chasse aux grandes puissances tapies derrière la communauté internationale, contre ceux qu'ils jugent comme des dictateurs.
Dans son prologue, Yang Philemon, le Premier ministre, pose que «les motions de soutien affirment publiquement que les Camerounais refusent la violence, l'insurrection ou les activités criminelles, comme moyens efficaces pour apporter des changements économiques ou démocratiques». Annonçant que le livre «prouve de manière particulière que dans un pays d'hommes et de femmes libres, la liberté de soutenir des candidats à des postes politiques est un droit inaliénable protégé par notre constitution». Sans référence, mais convaincu. Enseignant aux lecteurs que «la démocratie n'est pas un événement instantané. C'est un processus qui nécessite de la patience, du courage et de la détermination». Et, «les camerounais savent que des choix peu judicieux peuvent détruire des sociétés, des nations, voire des civilisations». Or Paul Biya est le seul à pouvoir garantir tout cela, croient tous les intervenants de la cérémonie d'hier. Et les sollicitations du peuple sont pour Marie Claire Nnana, «un acte de foi en l'avenir». Pour Yang Philemon, déjà, «en acceptant d'être candidat, le président Paul Biya amplifiera l'appel retentissant émanant avec insistance de ses concitoyens». Et «tous les Camerounais sont conscients du fait que l'histoire nous donnera raison, étant donné que nous choisissons le dirigeant au moment adéquat», croit-il.
Tobie Ndi
Dans un contexte marqué par un débat sur l'éligibilité du président sortant, René Sadi estime que «le vitalité de la controverse politique au Cameroun confirme la maturité grandissante de notre société». Fame Ndongo qui campe sur l'argumentation, la liberté et la foi des signataires, est convaincu qu'ils ne se trompent pas sur le candidat qui vaincra à la présidentielle à venir. Alors que le Sg/Rdpc appelle à la prudence : «ces vagues d'appels ne doivent pas nous endormir... rien n'est gagné d'avance», avoue le Sg du parti au pouvoir. Pour ragaillardir ses camarades dont certains commencent à regarder autrement.
Là où un cadre de ce parti n'hésite pas à inviter ses camarades à considérer le plaidoyer du jeune Tobie Ndi qui, en se relançant dans la course pour un nouveau défi face à Biya à la tête du part, souhaite une révision de ces textes, afin que le président du parti ne soit plus forcément le candidat à l'élection présidentielle. «Imaginez un seul instant que le président soit hors course», lance d'ailleurs Tobie Ndi. Mais déjà, Sadi a prévenu : «les jauges de la légitimité ne sont plus à rechercher ni dans les diatribes de l'opposition qui est dans son rôle, ni dans la virulence d'un courant du discours médiatique qui exerce sa mission critique, encore moins dans le propos libre et souvent précipité de tel observateur étranger qui applique, sans recul, des grilles de lecture inadaptées au contexte camerounais». Un peu comme une leçon à la nouvelle «communauté internationale».