1994, j’étais à Francfort chez mon correspondant allemand. J’ai oublié son prénom, lui et sa famille n’étaient de toute façon d’aucun intérêt.
Le principal du collège allemand qui nous accueillait était venu dans la classe, nous parler de l’importance de l’amitié franco-allemande. Il avait apporté avec lui une affiche annonçant l’armistice de 1945, et des larmes l’avaient interrompu dans les excuses qu’il voulait nous présenter.
Le samedi, c’était l’anniversaire d’Anna, la correspondante d’Anne-Sophie. Elle allait avoir 15 ans. Anna était très réservée, très protégée par ses parents. Seules des filles étaient invitées à son goûter d’anniversaire. L’une d’entre lui avait offert en cadeau Le Journal d’Anne Frank.
Discrètement, les parents d’Anna l’ont donné à Anne-Sophie, expliquant qu’il ne vallait mieux pas qu’Anna le lise, qu’ils n’en avaient jamais vraiment parlé et que cela lui ferait du mal, qu’elle était encore trop jeune.
Alors que l’association à chaque élève de CM2 du souvenir d’un enfant déporté fait débat - probablement à juste titre -, je repense à Anna, qui à 15 ans, ne connaissait rien de la déportation.