Pour les collectionneurs la venue du sculpteur Takeshi Miyagawa à la Japan Expo était une première. C'était aussi l'occasion d'en apprendre plus sur la fabrication des figurines du côté sculpteur. Shadonia a pu le rencontrer, voici l'interview qu'il nous a accordé.
Avant de répondre à nos quelques questions M. Takeshi Miyagawa a accepté d'être photographié seul puis à nos côtés. Il a aussi signé pour Shadonia le socle de l'une de ses sculptures (Pastel Ink Queen's Gate). Cette interview s'est déroulée avec la contribution de Valentin de Shibuya Eki qui a été notre traducteur – notre sauveur plutôt – durant cette entrevue.
Pour commencer pourriez-vous vous présenter brièvement ?Je suis Takeshi Miyagawa et mon travail consiste à réaliser le master d'une figurine (ndlr = il s'agit du terme employé pour parler du prototype).
Comment votre passion pour les figurines vous a t-elle poussé à devenir sculpteur ?
Tout a commencé il y a quinze ans quand la figurine est apparue pour la première fois au Japon. J'étais au collège et j'ai beaucoup aimé cette invention d'autant qu'à ce moment là il s'agissait essentiellement de Garage Kit. J'ai été charmé par le concept de fabriquer un objet, de le donner ou le vendre à quelqu'un qui ensuite ira l'exposer chez lui. C'est le fait de pouvoir transmettre qui m'a beaucoup plu. Mais je dois avouer qu'avant de me découvrir cette passion je voulais devenir mangaka.
Le Wonder Festival existait-il déjà à l'époque ?
Non c'est pourquoi j'allais au Comic Market pour me renseigner sur les nouvelles figurines mais aussi pour vendre les miennes.
Et si vous aviez fait du manga vers quel genre vous seriez vous tourné ?
Je n'ai jamais cessé d'écrire des mangas tout en faisant des figurines. Le problème c'est que les personnes qui viennent me voir me connaissent essentiellement en tant que sculpteur et rare sont ceux qui s'intéressaient à mes mangas. J'ai essayé à plusieurs reprises de les vendre lors du Comic Market mais j'ai fini plus ou moins par abandonner. D'habitude j'essaie toujours d'amener un peu de mangas avec moi quand je me déplace mais cette fois-ci je ne l'ai pas fait. D'ailleurs normalement au Comic Market on trouve surtout du doujinshi mais je devais être l'un des rares à venir pour présenter et vendre mes figurines et je continue à le faire. Au final ce que j'aurais voulu transmettre par le biais du manga je le transmets avec mes figurines.
Pouvez-vous nous expliquer comment vous réalisez vos prototypes ?
La technique est assez similaire à la sculpture du bois. J'achète un bloc de pâte et j'utilise une sorte de scalpel. Je tiens donc la pièce dans une main et petit à petit je vais la tailler, la façonner comme un bout de bois.
D'ailleurs est-ce vous qui choisissez quel personnage sculpter ?
Ca dépend. Parfois des entreprises me passent commande comme ce fut le cas avec Hobby Japan pour la Moetan ou Bandai Namco. Parfois ce sont des illustrateurs qui réalisent des artworks et qui souhaitent que j'en fasse une figurine, le message m'est donc transmit par une entreprise. Mais il m'arrive de choisir d'adapter un personnage pour le vendre ensuite.
Et dans le cas d'une demande d'un illustrateur travaillez-vous en étroite collaboration avec ce dernier ?
Oui car c'est vraiment important pour moi de collaborer avec l'artiste qui a fait l'artwork car le but n'est pas juste de recopier un dessin. Il fait comprendre l'ambiance, arriver à saisir le message qu'il voulait renvoyer avec son dessin. C'est pourquoi nous discutons longuement ensemble pour que je comprenne dans quel contexte il a réalisé ce dessin, ce qu'il a souhaité transmettre. Sans ça je ne peux pas commencer ma sculpture. La coopération est donc vraiment très importante.
Lorsque l'on achète un Garage Kit celui-ci est souvent en résine. D'ailleurs entre le prototype et la version Garage Kit la qualité est identique, car c'est souvent le Maker (ndlr : le sculpteur) qui le réalise. Les détails et la qualité sont donc conservés puisqu'il s'agit d'une copie conforme. Le problème c'est que lorsque l'on passe à une version PVC c'est pour faire de la production massive et la production à la chaîne n'existe plus au Japon. Il faut donc fabriquer en Chine. Le Maker doit donc se déplacer dans les usines chinoises pour vérifier si l'ensemble est bon, s'il n'y a pas des parties qui ne vont pas ensemble, ce qu'il faudrait changer ou adapter. Tout ça dans le but que la production se fasse correctement sans perdre en qualité.
Merci de nous avoir accordé cet interview. Pour finir auriez-vous un message à adresser à la communauté de collectionneurs français ?
J'aime bien l'Europe et la France, d'ailleurs je viens souvent faire du tourisme. Je m'intéresse aussi beaucoup à l'art graphique français et européen en général. J'aimerais d'ailleurs pouvoir un jour fabriquer des figurines à partir d'artwork français ou en partenariat avec des artistes français. Merci à vous.
Ci-dessus quelques productions de Takeshi Miyagawa.
A noter qu'il va réaliser une figurine issue d'un artwork de Kantoku, l'un de mes illustrateurs préférés.
Photos officielles © Takeshi Miyagawa