Manuel Valls, c’est l’homme de terrain (député-maire d’Evry, avec ses quartiers populaires), l’homme du renouveau (quadra, n’a jamais été ministre), du langage de vérité (contre les tabous du PS), c’est la gauche moderne et dynamique. Ces quelques clichés permettent à Manuel Valls de se distinguer dans le paysage politique : avec ses déclarations chocs, l’homme (issu d’une formation de communiquant) sait occuper l’espace médiatique malgré un poids politique relativement limité au sein du PS.
Sur les 35 heures, sur la sécurité, sur la laïcité, sur l’âge de départ en retraite, Valls se démarque quasi-systématiquement de la ligne du PS. Se démarquer pour exister, telle Ségolène Royal en 2006-2007. Même sur l’affaire DSK, il trouve le moyen de parler plus fort que les autres. En témoignent sa violente colère sur un plateau télé, et sa dénonciation ce matin à la radio du « torrent de merde » qui s’est abattu sur l’ex-futur candidat du PS.
Le candidat médiatique existe, mais qu’en est-il de la pensée politique de Manuel Valls ?
Malaise. Déjà, en janvier, sa sortie sur les 35 heures avait été l’occasion d’une succession de phrases creuses sur le langage de vérité qu’il faut tenir, sur l’activité économique qu’il faut dynamiser, sur la nécessaire modernisation de la politique. Mais derrière ces formules convenues, impossible d’en savoir plus sur l’alternative proposée par Valls. Entre la dénonciation du bilan de Sarkozy et celle des propositions du PS, on ne comprend pas bien quelle est l’analyse qui a amené Valls à cette position, ni quelle est sa vision d’ensemble du sujet, et encore moins quelles sont ses propositions alternatives.
Même chose lors de sa déclaration de candidature, le 7 juin sur TF1 : « Je suis convaincu que je suis capable de mobiliser de nombreux concitoyens en leur parlant de recherche, d’innovation, de culture, en leur disant que la sécurité est une priorité », « je suis le candidat de l’énergie, du changement ». Toujours ces mêmes mots clés (énergie, innovation, changement, sécurité, innovation), mais pas le début d’une proposition concrète.
Alors, Manuel Valls, candidat sans idée et sans vision politique, politique-communiquant parfaitement adapté aux exigences de la vie médiatique ? Ou candidat suprêmement habile, qui démarre sa campagne par une série de buzz, avant de nous révéler lors des primaires toute la puissance de sa réflexion sociétale et l’originalité ébouriffante de ses propositions ?
Laissons-lui encore le bénéfice du doute…