Paris est toujours une fête…

Publié le 06 juillet 2011 par Paristoujoursparis

Aussi étonnant que cela puisse paraître, je n'avais jamais lu Hemingway. J'ai saisi l'occasion de découvrir la plume de l'auteur américain en achetant “Paris est une fête” qui vient de ressortir chez Gallimard dans une belle édition remise à jour…

Paris avant-guerre. “Hem” nous emmène avec lui à la découverte de “son” Paris, celui des peintres et des écrivains, de Pascin (très joli passage) en passant par la librairie de Sylvia Beach, rue de L'Odéon, la Closerie des Lilas (point trop snob à cette époque) et d'autres adresses de petits restaurants. Paris sert de toile de fond pour ces récits vivants, ou l'écrivain raconte le quotidien difficile d'un auteur de contes - il avait alors abandonné le journalisme - qui tire le diable par la queue en compagnie d'une femme aimante qui l'accompagne quand il va jouer aux courses pour améliorer l'ordinaire!

On pouvait vivre de peu à cette époque, dans un Paris traversé par de forts courants artistiques et secoué par une politique d'après-guerre hésitante et déroutante.

Mais Hemingway écrit, et sa plume court, dans un café de la place Saint-Michel, sans oublier de reluquer du coin de l'oeil une “mignonne” qui disparaît aussitôt. Hem est plongé dans son écriture, et il avance, grattant le papier sans s'arrêter…

Je me fous un peu des personnes dont il évoque la silhouette au fil des pages, Ezra Pound, Gertrude Stein, Joyce, que je n'ai pas lu et que je ne lirai probablement jamais, mais j'aime suivre le jeune écrivain de 25 ans dans les rues, et reconnaître au passage tel décor familier, imaginer boire un verre en sa compagnie à la terrasse de la Closerie.

Nous sommes loin, dans ce livre, de l'image de baroudeur de la génération perdue. Son style est incisif - quoique traduit -, classique, percutant, simple. Une vraie leçon d'écriture.

Le Paris d'Hemingway a disparu. Les restaurants ne conservent plus les ronds de serviette des habitués, mais le ciel est toujours le même. Peut-on toujours être pauvre et heureux ici?

Quand le printemps venait, même le faux printemps, il ne se posait qu'un seul problème, celui d'être aussi heu­reux que possible. Rien ne pouvait gâter une journée, sauf les gens, et si vous pouviez vous arranger pour ne pas avoir de rendez-vous, la journée n'avait pas de frontières. C'étaient toujours les gens qui mettaient des bornes au bonheur, sauf ceux, très rares, qui étaient aussi bien­faisants que le printemps lui-même.

Je n'ai toujours pas envie de mettre des bornes aux bonheur. Quand il fera beau, j'irai dans ce fameux café de Saint-Michel, commanderai un Whisky et reluquerai du coin de l'oeil…

Eh oui Hem… Les femmes sont toujours aussi jolies à Paris… Cela, au moins, n'a pas changé!

“Tel était le Paris de notre jeunesse, au temps ou nous étions très pauvres et très heureux”