Amateurs vs pro?

Souvent, sur mon blog ou sur d’autres blogs parlant de bonnes adresses où manger ou boire, on tombe dans un débat ou plutôt des attaques du style : « vous les bloggeurs, vous n’êtes que des amateurs, vous n’arrivez pas à la cheville des pros ». Moi, d’un autre côté, je suis peut être trop exigeant envers les pros, que j’aimerais plus transparents (en explicitant leurs relations avec les restaurateurs et propriétaires des adresses dont ils parlent). Une espèce de déontologie, de compliance, qui ferait du bien au secteur et améliorerait la lisibilité.

Certains partagent mon avis. J’aime bien ce que fait FS, même si je pense qu’il pourrait mieux faire niveau blog. J’aime bien le site web du Fooding, moins leur guide papier fait avec le Nouvel-Obs, et je trouve que leur classement 2007 fait trop copinage….

Les guides papier (les références, pour moi, sont : le Michelin en France, le Lebey à Paris) sont de bonnes sources, mais leurs parutions annuelles et leurs cibles font que ce ne sont pas forcément les meilleurs moyens de dénicher des bonnes adresses qui montent. C’est plutôt un catalogue d’adresses déjà reconnues, avec un suivi (beaucoup plus vrai pour le Lebey que pour le Michelin) de l’évolution et de la constance d’une adresse. C’est mieux que le Zagat, qui ressemble plus à un digest ou un annuaire qu’à un guide, et puis mettre des notes à quelque chose qui est unique et qui dépend de tellement de facteurs humains, ça n’a pas de sens. Ou alors si, mais dans ce cas, il faudrait plus de détails sur l’échantillon, les valeurs extrêmes, les écarts types et toute une batterie de tests statistiques (désolé, je ne suis pas critique gastronomique pro, je suis tatillon, surtout quand ce sont des sujets pour lesquels j’ai une certaine légitimité).

Sur Internet et dans la presse hebdomadaire, on a l’approche complémentaire, puisqu’on est plus rapidement au courant des nouvelles adresses, avec néanmoins un biais, puisque, comme on ne prête qu’aux riches, on parlera plus facilement de la dernière adresse du chef à la mode, de ses amis, ou de ceux qui se paient une campagne de pub + dossier de presse. C’est humain. En général, pour qui sait décrypter les critiques du Fooding ou du FigaroScope, il y a moyen de tomber sur de vraies bonnes nouvelles adresses. Mais parfois, on peut être déçu, simplement parce que l’attente créée par le battage médiatique se heurte à une réalité moins idyllique (Afaria cet automne, par exemple).

Ce que j’aime bien dans les blogs, c’est la circulation plus fluide de l’information, la possibilité d’avoir des idées de façon plus directe et des infos de première main, de découvrir de nouvelles adresses et de nouvelles têtes… Derrière les blogs, il y a des personnes qui jouent le jeu et contribuent à un enrichissement de l’information, son entretien, son rafraichissement… Et puis ça bouge, ça s’influence, ça remue. Là encore, il y a des affinités qui se créent. On n’est pas forcément d’accord sur tout et c’est bien normal, c’est rassurant même, la preuve que nous ne sommes pas tous formatés de la même façon et que plusieurs points de vue peuvent être exprimés…

Un peu plus d’un an que je sévis sur les « blogs gastro », et j’ai déjà eu l’occasion et le plaisir d’avoir des échanges plus ou moins poussés (par commentaires interposés, e-mail, face book, voire en vrai…) avec quelques bloggeuses et bloggeurs gourmands ou affiliés, dont j’apprécie les contributions. Une liste non exhaustive, par ordre alphabétique, de celles et ceux que j’apprécie particulièrement (ne vous vexez pas les autres, je vous aime bien aussi, même si je vous ai oubliés) :

Adrian, Aiste, Aude et Quentin, Benoit, Caroline, Cristian, Fabrice, Herwann, Jérôme,
Kiki et So, Mel, Mr. Lung, Monica, Mr. Poirot, Oanèse, Robert-Gilles, Rosemary, Sophie, Stéphane, Thierry.

Je n’ai pas la prétention de tout connaitre, si vous avez d’autres bonnes lectures à me conseiller, je suis preneur!

Chacun avec son style, ses goûts… Il y a une complémentarité intra-blogs (qui sont souvent animés par des amateurs, quelques semi-pros, et des pros), et avec les medias plus classiques, puisque cela permet de multiplier les points de vue et de corriger en partie les biais des pros, qui sont en général, disons le ouvertement, plus sell side que buy side.

Quelques petits exemples récents de complémentarité :

• Adrian, le super concierge, qui sert d’indic et se fait citer dans le Guardian après un article qu’il a publié dans Gridskipper.
• Sur mon blog, il y a une petite série de repas Burgers : Coffee Link, Floors, Prince de Galles, Hôtel de Sers, PDG, Empire du VIII^e, Saut du Loup, Pub Saint Germain, Quick, Mc Do, cette semaine, il y a un dossier hamburgers dans le FigaroScope. Je ne suis pas trop d’accord avec leur classement, mais bon, là n’est pas le problème. Je suis content d’avoir testé plus de la moitié des adresses dont ils parlent. Encore plus d’avoir parlé de l’Empire du 8^e et du Link avant le FigaroScope. Sans oublier le Misia (merci Patrice!) et quelques autres…

• La semaine dernière, Mr Lung et moi testions chez Patrick. Cette semaine, il est dans le FigaroScope (et ils sont d’ailleurs du même avis que nous).

J’ignore si quelqu’un du FigaroScope suit les blogs gastro, si oui, ils sont assez discrets… En tout cas les exemples ci-dessus prouvent que les bloggeurs ont leur mot à dire et qu’ils apportent une contribution au monde de la critique gastronomique, quoiqu’en disent des trolls obtus et anonymes haineux. Alors pourvu que ça dure! J’en profite pour lancer l’idée d’une rencontre entre bloggeurs gourmands/gourmets, à Paris. Certains m’ont déjà dit que ça leur disait bien, il reste à se mettre d’accord sur une date et un lieu. On table sur la première moitié de mars? Qui pour? Des idées d’endroit?

Rédigé par chrisos