A presque 30 ans, Britney Spears nous revient avec un septième album intitulée en toute modestie "Femme Fatale". Il faut dire que niveau fatalité, la star a de l'expérience: après avoir été la plus grande vendeuse féminine d'une décennie toute entière, Britney a du essuyer une brouette de déboires qui se sont fortement ressentis dans la carrière de la chanteuse. Sa dernière tournée en date a fait l'objet de nombreux scandales concernant l’omniprésence du playback et la fainéantise physique de la star sur ses chorégraphies. Après la période Blackout, son rasage capillaire intégral et son mythique plantage en direct lors de l'ouverture des MTV Video Music Awards, on nous annonce chaque année le vrai retour de Britney! Cette année, alors qu'elle vient de sortir cet album et qu'elle s'apprête à entamer le Femme Fatale Tour dans une semaine, est-ce donc son vrai come back musical?
L'album a été introduit au préalable par le single Hold It Against Me qui fit son entrée directement à la première place des charts Américains. Le titre produit par Max Martin et Dr Luke n'est pas fin pour un sou. En cause? Une ligne de basse version techno d'il y a 10 ans bien sûr! Néanmoins, ce qui est original dans cette chanson, c'est que les refrains se font sans beat et qu'ils sont tout en montée. Le titre est donc très progressif et au final, même s'il n'est pas d'une délicatesse certaine, le résultat n'est pas mauvais. Mais le premier titre de l'album, qui fait également office de second single est la vraie bombe de l'album. Pourtant, c'est avec surprise que Till' The World Ends, produit par les deux mêmes hurluberlus que le premier single, n'a pas vraiment fait un carton plein dans les charts. Peut-être que la participation et la touche Ke$ha ont trop contribué à cet effet de déjà entendu. Le refrain pop demeure tout de même imparable.
La surprise de l'album vient de l'introduction de dubstep dans plusieurs morceaux. On connaissait tous le break de Hold It Against Me, mais on retrouve ce genre musical (normalement) underground dans le réussi Inside Out ou dans l'excellent Seal It With A Kiss, un des meilleurs morceaux de l'album. Bien entendu, la touche dubstep est minime car Britney reste une artiste de pop commerciale dont le but est le mainstream. On est évidemment loin de l'origine underground du genre. Néanmoins, les producteurs ne se sont pas contentés ici de faire de la dance comme tout le monde, à la sauce Black Eyed Peas, ils ont essayé d'apporter quelque chose de nouveau, et ça, c'est déjà pas mal.
On retrouve cependant des morceaux dance très (trop) basiques à l'image du troisième signe I Wanna Go. Le morceau est à peine prenant et l'effort artistique reste quasi-nul. La chanson a plusieurs années de retard: les sifflements, et les effets de break vocaux avec écho, ça aurait pu marcher dans les années 90... Il y a bien sûr d'autres morceaux qui ne servent absolument à rien comme le (Drop Dead) Beautiful, au featuring de la parfaite inconnue Sabi. Le refrain est d'une nullité extrême (trop facile de répéter 8 fois le titre de la chanson) et l'utilisation du vocoder, n'est tout simplement plus possible. Il faudra d'ailleurs le redire à Will.I.Am qui signe le titre Big Fat Bass et qui repart avec le prix du producteur de la chanson la plus nulle de l'album (voire de l'année). Depuis des années maintenant où on entend chanter Britney sous vocoder, on se demande si elle a encore la voix de ses débuts. On se serait également passé de l'eurodance bon marché de Trouble For Me et de l'essai electro raté sur Trip To Your Heart. Gasoline, produit par Benny Blanco (I Kissed A Girl de Katy Perry ou Tic Toc de Ke$ha) et Dr Luke n'est pas non plus un morceau essentiel...
How I Roll est surprenant: imaginez de la pop couplée avec un instrumental fait avec des sonorités tirées du système d'exploitation Windows... J'exagère évidemment mais le résultat est avec surprise pas si mauvais que ça, pour ne pas dire bon. Il faut dire que le titre est tout de même (bien) produit par le Suédois Bloodshy, à qui l'on doit Toxic de la même artiste ou des morceaux du premier album de Ms Dynamite par exemple... Et avec surprise, je trouve que le dernier titre de l'album, Criminal, est très réussi, ce qui en général est rare (souvent, les derniers titres d'albums commerciaux sont là pour le remplissage). Cela fait finalement longtemps qu'on n'a pas entendu Britney nous proposer une ballade mid-tempo sympa (à l'image de Lucky par exemple). Mais ne rêvons pas, le titre ne sortira jamais en single. La discount-dance putassière de Big fat Bass lui sera certainement préférée.
Femme Fatale ne marque donc pas un retour en force de Britney, et les ventes mondiales le confirment. Si elle a fait un bon score lors de sa première semaine d'exploitation, l'album a d'ores-et-déjà sombré dans pas mal de pays. Evidemment, l'album contient quelques bombes, au sens pop mainstream bien entendu, mais n'est certainement pas indispensable. Sans surprise, l'album est donc moyen comme le précédent et on regrette toujours Blackout: Britney n'essaye pas de faire ton retour, c'était mieux quand t'étais trash.
12/20
Les +: Till The World Ends, Seal It With A Kiss, Criminal, How I RollLes -: Big Fat Bass, Trouble For Me, Trip To Your Heart, (Drop Dead) Beautiful, Gasoline