Ces choix, le spectateur est invité à les vivre et à les faire également. Les personnages sont complexes et fort attachants, à l'image du vieillard malade qui attendrit autant qu'il ne désole ou de la toute jeune fille qui m'a personnellement fait rire à plusieurs reprises dans le film. Chacun peut en fait se retrouver ou du moins se projeter dans au moins une de ces questions: Faut-il mentir pour protéger sa famille? Peut-on excuser le mensonge? L'argent peut-il guérir le mal causé par un drame? Doit-on absolument trouver un responsable même si l'on n'est pas certain que ça soit le bon?... Le liste n'est même pas exhaustive tellement des points sont soulevés dans ce film riche. Au fond, tous les personnages sont humains et il n'y a pas ici de super héros vertueux comme dans les films Américains: tous ont fait une erreur et tous ont des torts. Seulement, ils ont acté pour une bonne cause. Peut-on faire quelque chose de mal pour faire quelque chose de bien? C'est une des véritables problématiques du film, au sens où je l'ai compris.
La scène de fin, où l'on voit défiler le long générique illustre bien ce sentiment: le réalisateur vous propose de réfléchir à la place de la fille du couple qui doit choisir la garde d'un de ses parents, ce qui en fait revient à se demander qui est le véritable gentil de l'histoire: le père ou la mère? Mais ici on est réellement dans le scénario Kafkaïen car personne ne peut être accusé et personne ne peut-être excusé: la situation est objectivement inextricable. Chacun aura sa propre opinion sur les personnages. Vous changerez sans doute même plusieurs fois de camp. La preuve en est la longue et "virulente" discussion partagée avec mon accompagnateur à la sortie de la séance. Virulente? Oui, car ici on touche au plus profond des valeurs, et donc le débat peut rapidement devenir houleux.
En parallèle de ces questions philosophiques, le film est un magnifique drame qui traite également de sujets sociaux comme la grossesse, le divorce, la justice, le travail des femmes en Iran ou encore la force de la religion qui est de loin plus juste que la justice elle-même. Le résultat est brut, intense, humain et poignant. Un film à voir et qui mérite amplement son Ours d'or du meilleur film au dernier festival de Berlin.