120. L'algue de Luang Prabang

Publié le 31 mai 2011 par Melaniepiqpiq
J'avais beaucoup hésité à la faire, cette croisière de 2 jours entre Huay Xai et Luang Prabang, ayant gardé un souvenir cauchemardesque des conditions de trajnsport lors de celle que j'avais déjà faite au Cambodge sur le Tonle Sap l’année dernière(post 57), où nous étions tassés comme des sardines sur 2 rangées de bancs durs comme de la pierre, sous une chaleur de plomb.
doutes sur l'embarcadère
Finalement je ne regrette rien. Le bateau est de tout confort (tout étant relatif), avec de vrais fauteuils rembourrés, de la place pour se dégourdir les jambes, des toilettes... bref, la bonne surprise.

J'ai même la place de sortir mon bébé rose et d'y tapoter ce post sans crainte de me faire éclabousser.
Il suffit de regarder le paysage (au demeurant magnifique) pour comprendre comment se traduit concrètement la culture sur brûlis que j’évoquais dans le post précédent.

pas de feu...

sans fumée
Le Mékong est très large d'un bout à l'autre du trajet, ne se rétrécissant jamais comme entre le Cambodge et le Vietnam (cf post 60). Dommage.

Outre le transport de passagers pas pressés, le bateau effectue des livraisons variées et improbables dans les villages costaux : bouteilles de gaz, pneus, sacs de riz...

Rien de tel que le calme d'une croisière pour socialiser avec les autres passagers. C'est ainsi que j'ai rencontré une instit suisse-marocaine, un web designer américano-philippin et un médecin cino-malaysien. Je me suis rarement sentie aussi banale.
(…) « quelques » (euh... 15) jours plus tard
Étant gravement à la bourre dans la rédaction de mon blog, je me permettrai de faire une petite ellipse sur les 10 jours où j'ai végété (d’où le titre) à Luang Prabang, me mouvant péniblement d'un café à l’autre. Du moins, je ne détaillerai pas comme la ville le mériterait. Après tout, si vous voulez en savoir plus, zavez qu'à y aller vous-mêmes.
En résumé : la ville est magnifique, mais mon état ne m'a pas vraiment permis d'en profiter. Épuisement, moral dans les chaussettes, le tout couronné d'une méga tourista comme je ne pensais pas que ça pouvait exister... (et personne pour s'occuper de moi snif snif bouh bouh) Bref, il s'en est fallu de peu pour que je saute dans le premier avion.
Petite visite en photos :
L'influence française saute tout de suite aux yeux.
et écorche de manière permanente ceux de la prof perfectionniste que je suis.
C'est dans une délicieuse boulangerie-pâtisserie en face de
je connais quelqu'une qui va avoir les poils des cuisses qui se dressent
que je prenais mon café du matin, accompagné tantôt d'un croissant chaud au beurre, tantôt de baguette de tradition fraîche. (ça, c’était avant la tourista et le déprimant régime banane-riz-coca). Le tout en me tenant au courant de la (sulfureuse) actualité avec Le Monde du jour...

J'ai mené la vie de château en ne me ruinant pas trop (en gros, les prix qu'on paierait en province en France), alternant avec des plaisirs locaux à moindre prix.
On peut se sustenter d'un plat à moins d'un euro sur le marché du soir, ou même d'un poisson grillé entier à moins de 2 euros.
fourré à la citronnelle... un délice.
Le shake aux fruits est excellent et ne coûte rien, mais la baguette est quand même meilleure à la boulangerie sus-citée.

J'ai loupé le cours de cuisine hebdomadaire, tombant malade juste la veille (ô rage ô désespoir, ô bactérie ennemie), mais voici quand même un petit aperçu des spécialités du coin avec ce « lao tasting platter » de luxe :

Dans le sens des aiguilles d'une montre, à partir de midi : porc séché épicé, algues (du Mékong, SVP!) au sésame, légumes vapeur à tremper dans la sauce aux aubergines. Au milieu, la sauce pour les algues, qui n'est autre que du chili agrémenté de... peau de buffle séchée !!
Je pourrais écrire «rien de tel qu'un bon verre de lao lao (alcool de riz) pour faire passer tout ça », mais je ne serais pas sincère... non, là, je ne suis pas franchement conquise (euphémisme), c'est en pharmacie au rayon des désinfectants qu'on devrait le vendre, ce truc infâme.
Coup de cœur, par contre, pour le marché d'artisanat qui a lieu tous les soirs sur la rue principale.
enfin des montres qui revendiquent leur facticité... ça change des fausses Calvin Klein et Rollex de Bangkok et ailleurs...
ombrelles. Ils auraient quand même pu mieux les répartir pour qu'il y ait plus de contraste...

la rue principale by night. Beaucoup de belles maisons en bois.
beaucoup de charmants petits bars de ce style

Deux rivières délimitent la ville, lui conférant cette atmosphère fluviale que j'aime tant.
la Nam Ou de jour, à l'est

coucher de soleil sur le Mékong, à l'ouest

Sur les rives bordées de cocotiers et de frangipaniers (ne vous emballez pas,point de galettes n'y poussent)hommes jouent à la « pétang », sans le pastis, mais tout le reste y est.
Mes insomnies matinales

je m’étais pourtant offert le luxe d'une guesthouse d'un standing un peu plus élevé, dans le quartier des temples. Voici un détail du jardin.

m'auront au moins permis d'assister à la fameuse procession des moines sans avoir à mettre de réveil. Ils sont plus de 300 à défiler silencieusement dans la rue pour faire la quête de nourriture, au lever du soleil (cad 5h30).

N'ayant pas lu avec assez d'attention les mises en garde de mon guide et celles pourtant affichées dans certains cafés, je suis tombée dans un véritable traquenard commercial. 2 femmes me disent de m'asseoir sur une paillasse au bord de la route... pour regarder confortablement, croyais-je naïvement. Pensez-vous... elles m'ont littéralement forcée à nourrir ces pauvres moines alors que je n'avais aucune idée du protocole. Je n’étais pas assise correctement, pas couverte comme il se devait, et de plus, elles m'ont fait distribuer d’énormes boules de riz (pour m'en faire vider et payer un max de paniers, bien sûr) alors qu'on est censé en former de toutes petites avec la main (ai-je appris après coup
Le tout pour un tarif exorbitant.
Je me serais crue au zoo (« tiens, on va donner des bananes aux moines »). Je me suis rarement sentie aussi mal à l'aise.
et ça se voyait, je pense. Ah oui j'oubliais : elles ont pris en otage mon appareil et ont photographié mon supplice d'un bout à l'autre, comme si je n'avais pas assez honte comme ça.
Débarrassée de mes arnaqueuses, j'ai observé la suite de la procession à une certaine distance, atterrée par le comportement de certains touristes qui se postaient littéralement sous le nez des pauvres moines pour les mitrailler en gros plan.
Aucune décence. C'est eux qui auraient mérité de se retrouver à nourrir les moines !! (mais ils auraient été foutus d'aimer ça)

Passons à des choses plus réjouissantes : les temples. Certains disent que quand on en a vu un, on les a tous vus... pas vrai. Bien que je ne sois pas une templophile invétérée, j'ai eu un coup de cœur absolu pour ces deux-là (Wat Xieng Thong) uniques en leur genre, peints dans mes couleurs et ornés de mosaïques de toute beauté.

Des scènes de la vie quotidienne

se mêlent avec les exploits d'un héros de roman lao...



Ça m'a rappelé dans le principe une certaine tapisserie se trouvant dans une ville normande commençant par un B... (en plus coloré)