Ne pas dire qu'on n'aime pas avant d'avoir essayé... j'ai été une fifille obéissante et suis quand même passée à Vang Vieng sur le chemin de Ventiane, après un trajet plus que sinueux (quand un obèse se met a éplucher des œufs durs noirs sur le siège devant toi, et que le petit jeune homme derrière vomit tripes et boyaux, ça n'arrange rien) dans un bus local.
Pour ceux qui ne connaissent pas la réputation de la ville: c'est une „party destination“ incontournable pour les jeunes bagpackers qui visitent le Laos, l'alcool coule à flot et à moindre prix, les substances illicites courent ostensiblement les rues en toute impunité... mais le cadre est idyllique.
Un mélange entre Las Vegas pour le côté ville-champignon poussée in the middle of nowhere, et Amsterdam pour les drogues.
La ville a été à la hauteur de nos attentes pour les paysages, à celle de nos craintes pour le reste.
A défaut de tester le fameux tubing, nous sommes allées l'observer. Le principe est simple: il s'agit de se laisser dériver dans la rivière dans une grosse bouée, en se bourrant la gueule au passage dans les bars sur la rive.
En haute saison, ça doit être une toute une ambiance, mais en basse saison... c'est un peu pathétique. Deux tubeurs qui se battent en duel, la majeure partie des bars fermés, idem pour les activités adrénaline (comme les tyroliennes-swing).
un « tubeur » dont la seule compagnie est sa canette de bière
Le soir, des touk touk remontent en ville les « tubeurs » titubants (des jeunes Anglais de 20 ans, principalement) encore en maillot de bain et les déposent directement devant le Q-Bar
qui passe en boucle des vidéos de tubing tournées en haute saison et de la musique de merde (du genre « tonight is gonna be a good night ») histoire qu'ils soient pas trop dépaysés.
En ce qui concerne le paysage urbain : une enfilade de bars qui se ressemblent tellement qu'ils ont tous le même menu. Équipés de confortables coussins, ils passent en boucle des épisodes des Simpsons, Family Guy et Friends (si j'ai bien compris le programme n'a pas changé depuis des années)... ceux qui sont fatigués du tubing peuvent s'y avachir pour récupérer un peu...
j'allais oublier de mentionner l'uniforme de tout bon tubeur qui en a marre d'exhiber ses pectoraux: le fameux tee-shirt « in the tubing Vang Vien »
On y sert des happy pancakes, des happy pizzas, de l'opium, des champignons qui ne sont pas de Paris...
Petite info linguistique : ici, « space » et « special » sont des synonymes de « happy »
On ne s’étonne donc pas de croiser en pleine journée dans la rue des jeunes hommes torse nu, le regard vitreux, qui se grattent allègrement les couilles la main dans le short comme s'ils étaient chez Mamie...
Et nous, dans tout ca ? Entre l'une qui n'aime pas la bière et l'autre qui ne supporte plus l'alcool depuis sa mésaventure intestinale, on fait la paire.
Tata Mélanie et Mamie Fanny sont parties explorer les alentours à bicyclette (3 jours après, j'en ai encore les fesses et les cuisses vermoulues) et n'ont pas été déçues.
Qui peut me dire comment enlever ces maudites taches de ma lentille??!
Le deuxième jour, je me suis loué une mobylette (j'aime le sport... mais pas quand c'est fatigant),
en cas de pépin, le garage local est là...
et ai slalomé entre les pierres, les poules et les vaches
la terreur des bovins
pour retourner faire trempette dans le « blue lagoon » (qui rime avec gougoune, tongue en québécois)
qui est davantage vert que bleu en ce moment
Heureusement que nous avions été prévenues de l'existence de faux lagons bleus dans les alentours du vrai... Notre ami québécois s'est bien fait avoir et a payé 10 000 kips (1 euro, quoi) pour voir... un marécage. Car tout est payant dans ce pays : l’entrée des temples, des sites naturels, la traversée du moindre pont...
Je pense avoir compris la stratégie des Laotiens : c'est celle de l'effort minimal. Faire payer le touriste rapportant gros et ne nécessitant aucun effort, ils y vont gaîment... Par contre, pour préparer un plat un peu compliqué (ou aller chercher l’ingrédient manquant chez le voisin), il faut dépenser un peu d’énergie... donc autant envoyer bouler un touriste affamée en lui disant « sorry, no have » ou «sorry, close ». Et continuer sa sieste.
Je ne reviens donc pas sur mon impression du premier post laotien. Qu'il ne faut surtout pas prendre pour un jugement : étant moi-même rendue complètement apathique par la chaleur (bien humide, frisant l'insupportable), je ne leur jetterai pas la pierre... D'ailleurs, l'une des phrases que l'on prononce le plus souvent dans la journée, c'est «pfff... j'ai la flemme... ».
Vous comprendrez donc mieux mon retard dans la publication de mes posts.