Mon voyage se plaçant sous le signe de la spontanéité, j'ai décidé de faire un petit crochet pas du tout prévu par le Cambodge (je pensais me rediriger directement vers la Thaïlande). Je croyais avoir vu le principal l’année dernière (cf posts 54-59): pensez-vous, j’étais passée à côté de toute la partie sauvage et de la côte. J'ai donc accompagné Fanny dans le Ratanakiri (rien que le nom m'inspirait, me rappelant la vache hilare) tout au nord est du pays (sortez vos atlas... ou google-mappez moi ça): quelle aventure. Dans le bateau nous avons parlé de nos plans avec tellement d'enthousiasme à nos voisins, Nono l’Américain (déjà rencontré à Luang Prabang) et Cédric le Franchouillard que ceux-ci ont décidé de changer leur itinéraire et de nous suivre. Tant mieux car nous étions les seules à nous diriger dans cette direction!
Le passage de la frontière a été éprouvant, puisqu'on essaie comme d'hab de te soutirer un max de dollars. Horripilant.
dommage, on ne voit pas d'ici l’intérieur du bâtiment, qui n'est autre qu'un wagon de train désaffecté !
Tous les prétextes sont bons pour te faire payer : 1 dollar pour prendre ta température, 1 dollar pour le premier tampon, encore un dollar de plus parce que c'est le week-end (?!), et le pompon, c’était quand même la pénalité si tu n'avais pas de photo d’identité à donner : ils te demandent 2 dollars, mais ne font même pas de photo !!Heureusement, j'en avais d'avance, mais je me demande ce qu'ils font de toutes les photos qu'ils récupèrent. Des confettis, un grand collage avec toutes les faces des pigeonnés ?!
Ensuite on a eu droit à d'interminables heures d'attente à Stung Tren (ville sans aucun intérêt), le bus pour Banlung (notre destination) ne passant qu'une fois pas jour. L'ennui a poussé ce pauvre Cédric à tenter une expérience culinaire locale
criquets ?
Je ne suis pas encore prête pour Koh Lanta.
pendant que je gagatais devant une future star des arts martiaux.
Après être arrivé avec 2 heures de retard, le bus n'a pas trouvé mieux que crever (failli m'encastrer la tête dans le plafond) 10mn plus tard, ce qui n'a rien arrangé à notre timing.
vous voyez je ne mens pas
Le trajet fut épique, la route n’étant pas goudronnée: la terre rouge passait à travers le système de ventilation et venait nous polluer les voies respiratoires. Je me suis fait un masque avec mon foulard (toujours le même), ce qui a déclenché l’hilarité de mes petits voisins. De toute façon, quoi que je fasse, ils étaient morts de rire. Le touriste est un animal de foire dans cette contrée reculée.
Le meilleur c'est la pause pipi dans les champs en pleine nuit: c'est là que tu te félicites d'avoir investi dans une lampe frontale et que tu regrettes de ne pas être un homme et de n’être (exceptionnellement!) pas en robe.
Bref, 14h de voyage en tout pour faire 150km à vol d'oiseau (je n’exagère même pas, je viens de faire une estimation sur Google Map)... mais l'essentiel est que nous ayons réussi à rallier Ban Lung avant le milieu de la nuit.
On s'attendait à un petit village, mais pas du tout: c'est est une vraie ville! C'est juste qu'elle n'est pas touristique du tout, on se croirait dans le Far West, avec ses grandes rues souvent vides.
Et la pauvreté est tout de suite visible ici.
Où est Charlie ?!
Les gars, beaux comme des camions neufs dans leurs capes de pluie.
LA chose à voir dans les alentours de Banlung, c'est le lac Yeak Lom, accessible en un coup de mobylette ou de vélo. Son origine est incertaine. Il résulte probablement de l'impact d'une météorite il y a 700 000 ans. On a été un peu déçus par la couleur de l'eau en arrivant, car ce n’était pas le bleu céruléen de la saison sèche.
Mais il a suffi d'attendre un peu pour s'apercevoir que la saison des pluies a aussi son avantage. L'averse que nous nous somme prise a été enchanteresse, mais vous n'aurez pas de photos
à part celle-ci
car nous n'allions pas risquer la vie de nos appareils photos pour quelques beaux clichés. On l'a vue arriver lentement vers nous de l'autre bout du lac, un peu de brume est tombée, bref, on se serait crus en Écosse. D'ailleurs, les légendes à propos de monstres sous-lacustres abondent.
prêtes à affronter le monstre
J'ai cru que j'allais faire un infarctus lorsque ce couillon de Cédric m'a attrapé la jambe en plongeant. On a nagé sous la pluie jusqu'au milieu du lac, renonçant en cours de route à notre ambition de le traverser. On avait un peu sous-estimé les distances. 800 mètres aller et la même chose au retour, ça aurait fait un peu beaucoup !
Le lendemain, nous sommes partis pour un trecking de 2 jours organisé par notre guest house. On aurait du mieux se renseigner avant de réserver : seule l'agence officielle est autorisée à rentrer dans le parc national. Les autres doivent se cantonner aux territoires autour.
On n'a rien vu d'extraordinaire au niveau des paysages, mais l'ambiance dans le groupe était très bonne (avec un Belge de service pour faire des blagues),
3 Français, 2 Québécoises, un Belge et un Américain (heureusement -pour lui- francophone)... photo prise avec le retardateur, avec l'appareil accroché dans un arbre !
et les guides impressionnants par leur débrouillardise.
Ils nous ont préparé un festin du tonnerre, avec de la soupe cuite à même le bambou
et même du poisson qu'ils venaient de pêcher dans la rivière !
ma première (et ptêt bien dernière) nuit dans un hamac
notre piscine/baignoire naturelle près du camp, avec une liane pour jouer à Tarzan
tout nu et tout bronzé : l'influence du bon Carlos jusqu'au fin fond du Cambodge
Après un petit saut à Kratie
ville très peu touristique avec un petit côté apocalyptique: le marché a brûlé il y a quelques semaines
pour observer les dauphins d'eau douce
il en reste moins d'une centaine de cette espèce (Irrawaddy)
est venu le moment de quitter mes petits camarades...
dernier coucher de soleil au bord du Mékong avec Fanny...
Ils se dirigent tous vers Siem Riep (nord-ouest) pour voir les temples d'Angkor, mais moi, je connais déjà... C'est donc de nouveau toute seule que je continue mon périple vers la côte.