De James Wan et Leigh Whannell, on avait beaucoup aimé Saw – le premier, seul film digne d’intérêt d’une (inter)minable saga horrifique (1) – un peu moins Dead silence, honnête film d’épouvante sur le thème de la maison hantée, et pas du tout Death sentence, mais on avoue ne pas être fans de ces “vigilante movies” qui font une bête apologie de la justice expéditive…
Chaque nouveau film du duo nous décevant un peu plus que le précédent, nous attendions leur quatrième long-métrage, Insidious, avec un mélange d’intérêt et d’appréhension…
Intérêt car le duo aborde ici un thème fantastique ultra-classique, la maison hantée, sous ses deux formes – l’habitat habité et l’habitant habité – et avec une approche originale – la projection astrale servant de portail d’entrée à des démons et des spectres…
On dit ouiiiiiiii !
Appréhension car le nom d’Oren Peli, le responsable de Paranormal activity, est associé au projet. Pire, le film en question est clairement mis en avant sur l’affiche, comme s’il s’agissait de la référence absolue en matière de terreur au cinéma, alors qu’il s’agit en fait d’une escroquerie absolue, doublé d’un nanar de première grandeur.
On dit nooooooon !
Alors? Grand film fantastique ou purge infâme, le nouveau film du duo Wan/Whannell?
Eh bien, ni l’un ni l’autre. L’oeuvre possède des qualités intéressantes, mais est aussi plombée par d’ennuyeux défauts qui en font un film bancal.
Les auteurs aiment et respectent le genre fantastico-horrifique, c’est indéniable, et ils connaissent leurs classiques, dans lesquels ils puisent allègrement leurs effets. Du coup, leur intrigue est efficace, à défaut d’être innovante :
Josh (Patrick Wilson) et Renai (Rose Byrne) viennent d’avoir un troisième enfant et déménagent pour une maison plus spacieuse, une vieille maison au plancher qui couine et aux portes qui grincent. Surtout celle du grenier/pièce de jeu qui attire irrésistiblement le fils aîné du couple. Le gamin fait une chute bénigne et se retrouve étrangement dans le coma, alors que rien n’indique un traumatisme quelconque.
Lorsque les médecins, impuissants, le renvoient chez ses parents, des phénomènes paranormaux de plus en plus nets se produisent dans la maison, notamment quelques apparitions fantomatiques stressantes. Et ce n’est que le début du cauchemar, puisque Josh et Renai vont peu à peu réaliser que ce n’est pas seulement la maison qui est hantée, mais leur fils, dont le corps inerte attire spectres et démons qui aimeraient bien s’y réincarner…
Tout le début du film est traité au premier degré avec une volonté affichée : terrifier le spectateur.
Et ça fonctionne assez bien, pour peu qu’on soit sensible aux histoires de revenants et d’esprits maléfiques…
Le cinéaste joue plutôt la carte de la suggestion et de la sobriété, à l’instar de La Maison du Diable de Robert Wise (mais en moins bien, évidemment (2)) ou de Paranormal Activity (mais en mieux, ce qui n’est pas bien difficile non plus…).
De simples murmures, des bruits étranges, des ombres fugaces suffisent pour faire monter la tension.
Par ailleurs, le choix d’acteurs solides pour incarner les protagonistes principaux (Rose Byrne, Patrick Wilson) comme les seconds rôles (Barbara Hershey qui s’y connaît en démon depuis L’Emprise) renforce l’efficacité du dispositif.
Et puis, bizarrement, le film change de ton et de direction avec une histoire de voyage astral et d’univers parallèles qui communiquent les uns avec les autres via le corps du garçon. On gagne en originalité, mais on perd en cohérence et en crédibilité. On passe de la sobriété à la surenchère, du classique au baroque, du sérieux au second degré loufoque, à l’image de l’intervention de ce groupe de “ghostbusters” illuminés.
Alors, le film ne ressemble plus à un film de maison hantée traditionnel, mais plutôt à un voyage délirant dans un univers fantastique chargé et coloré. Un peu comme un tour de train-fantôme à la fête foraine… C’est amusant, mais ça ne fait pas peur…
Au sortir de la projection, on ne sait pas vraiment quoi en penser. Fondamentalement, nous n’avons pas détesté le film, et nous sommes plutôt enclins à défendre Wan et Whannell pour leur investissement passionné et sincère dans le film de genre. Mais en même temps, Insidious est clairement inabouti, grotesque même, par moments, et on reste sur une impression de beau gâchis…
Les auteurs peuvent et doivent mieux faire…
(1) : S’ils ont officié seulement à l’écriture et la réalisation du premier épisode, Wan et Whannell ont quand même produit toute la série de saw-ttises qui a suivi… Financièrement, ça se comprend. Artistiquement, c’est une vilain faute de goût…
(2) : Et pour cause : c’est un chef d’oeuvre du fantastique, celui-là… Il n’y a qu’à le comparer au calamiteux remake qu’en a fait Jan De Bont pour se convaincre de la qualité du film de Robert Wise.
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Insidious
Insidious
Réalisateur : James Wan
Avec : Patrick Wilson, Rose Byrne, Barbara Hershey, Ty Simpkins, Lin Shaye, Leigh Whannell, Angus Sampson
Origine : Etats-Unis
Genre : train fantôme
Durée : 1h45
Date de sortie France : 15/06/2011
Note pour ce film : ●●○○○○
contrepoint critique chez : Excessif
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