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Le roi des éditeurs

Par Ancion

Dans le cadre de l'opération Vases Communicants, j'ai le plaisir de céder ce blog, le temps d'une note, au Roi des Editeurs, qui publie ici une version remaniée de sa 8e semaine de Twits au nom de lâââa grrrande littérrraturre.

Pour suivre ses aventures en direct, une seule adresse : http://twitter.com/roidesediteurs

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CINQ HISTOIRES DU ROI DES EDITEURS (8e semaine)

« J’aime beaucoup ce que vous écrivez, surtout vos textes gratuits sur le web, dit le roi des éditeurs à une jeune auteure. On ferait pas un p’tit bouquin vous et moi ? Pour les droits d’auteur, voyez-vous, on sait plus du tout où on en est. Les augmenter ? Vous n’y pensez pas ! Il faut que vous sachiez que le numérique nous coûte très cher, notamment en défense et surveillance de nos côtes. Les pirates sont en effet nombreux à pénétrer dans nos eaux territoriales et à débarquer de nuit leurs marchandises. Et il n’y a pas un jour sans qu’ils coulent l’un de nos propres navires, enrage le roi des éditeurs. »

« Vous reprendrez bien un peu de tête d’auteur ? demande le roi des éditeurs en tendant l’énorme plat aux critiques littéraires. C’est fait maison. La recette ? J’ai pris les trois ou quatre meilleurs auteurs de mon cheptel. Je ne vous dirai pas leurs noms, et vous laisse deviner… Exact, il y a du Le Clézio de la période mexicaine, mêlé d’un chouya de Régis Jauffret, d’où le goût un peu acide. Vous avez peut-être remarqué l’arrière-goût de Philippe Sollers, j’ai choisi sa période Femmes. D’où la sensation légèrement sucrée. »

Le pape de la littérature a osé donner son accord pour une édition numérique d’une de ses œuvres publiée jadis chez le roi des éditeurs. Le roi des éditeurs fulmine, et fait aussitôt brûler tous les volumes du pape de la littérature dans la cour du château. La nuit suivante, il prépare lui-même les épreuves empoisonnées des œuvres complètes du pape de la littérature. « Il l’aura sa Pléiade, il l’aura ! » hurle-t-il en badigeonnant chaque page d’un liquide verdâtre et épais. « Lui qui croyait y être publié vivant, c’est la Pléiade qui va l’entraîner dans sa tombe ! » ricane le roi des éditeurs.

« Le dauphin Jean-Pierre est définitivement un bon à rien », songe le roi des éditeurs au milieu de toute cette agitation. Je ne le vois pas reprendre la mystique Maison, ça non. Comment a-t-il réussi à faire un fils si doué ? » La reine du blog raconte que le roi des éditeurs a ourdi un complot contre son propre fils. Le roi des éditeurs songerait à nommer plus tard son petit-fils Gustave comme son successeur, et à se débarrasser du dauphin Jean-Pierre. Mais comment s’en débarrasser ? « Ah, les méthodes du passé sont les méthodes du passé ! » regrette le roi des éditeurs.

Le roi des éditeurs a trouvé son nouveau conseiller pour le numérique : ce sera son archiviste, Albert Noisetier. L’archiviste connaît bien la mystique Maison : il en a exploré les tréfonds pendant soixante ans. Courant devant tous les micros, il s’efforce de faire croire que l’avenir du numérique se confond avec l’exploitation juteuse de ce fonds. Comme le roi des éditeurs, Noisetier ne veut pas croire à l’existence d’une littérature nouvelle 100% numérique. « Tous ces gens qui s’autoproclament écrivains sont des amateurs, dit-il, laissez faire les pros de la littérature. »

Si vous cherchez les 7 premières semaines de la vie et de la mort du roi des éditeurs, vous les trouverez sur le site de Laurent Margantin, http://www.oeuvresouvertes.net/.

C'est là aussi, d'ailleurs, que vous trouverez aussi ma Lettre de refus pour libraire, publiée ce matin. Bon amusement et au mois prochain !

Vous trouverez ici la liste complète des participants aux Vase Communicants de juin.


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