Les rencontres par internet, le “speed dating” et les soirées de célibataires commencent à être ringardes: en Allemagne, les transports publics se sont faits entremetteurs et c’est un succès qui ne se dément pas.
Un passager qui aimerait revoir une beauté entraperçue dans un train ou un bus berlinois peut maintenant avoir recours à un service online gratuit appelé “Augenblicke” (”Moments”).
Ce site (www.bvg.de/augenblicke), une première selon ses créateurs, a été cliqué plus d’un million de fois depuis son lancement lors de la dernière Saint-Valentin, le 14 février dernier.
La demande croît chaque jour, s’est félicité la compagnie des transports berlinois BVG.
Les règles sont limpides. Les passagers qu’un simple regard échangé a bouleversés peuvent utiliser un pseudonyme et poster un message que la BVG enregistrera avec la rame, le tramway ou la ligne de bus à l’heure correspondante.
Si un visiteur ou une visiteuse de ce site se reconnaît dans une description, il ou elle pourra répondre sur le site en ouvrant une boîte de courrier électronique privée, pour communiquer avec la personne de ses rêves et échanger des messages en toute discrétion.
Les messages vont des plus cocasses aux plus bouleversants. “Tu avais l’air d’une fée avec tes dreadlocks”, écrit un passager qui se fait appeler “Kurzhaarstino” (”Tino aux cheveux courts”).
“Un bandeau ou un foulard bleu vif, en noir de la tête aux pieds, un porte-documents à la main. Quelle apparition… Moi j’avais une veste kaki, d’étranges lunettes et des cheveux courts et me trouvait à mi-wagon. Je voudrais tant savoir ce qu’il y avait dans ce porte-documents! C’est au moins l’un de mes trois souhaits…”, écrit “Kurzharstino”.
Ou encore ce message d’un dénommé “Greeneye” frappé par la flèche de Cupidon. “Tu portais un bouquet de fleurs. Nous sommes montés à Friedrichstrasse et comme j’étais assis, j’ai senti ton regard. Je ne pouvais ni éloigner le regard ni te regarder dans les yeux, et j’étais contraint de sourire. C’était des moments magiques, incroyables”.
“Vous êtes descendu à Treptower Park et hélas je n’ai pas couru après vous alors que vous étiez si mignon”, écrit une jeune fille.
Certains messages ne sont pas loin cependant de donner la chair de poule: “nos chemins convergent: nous sommes descendus à la station Friedrichstrasse, nous sommes tous deux allés à Leopoldplatz, nous avons fait du shopping chez Karstadt et j’étais derrière toi à la caisse”, écrit un certain Christoph, qui ajoute: “Tu as bu ton vin et moi ma bière. Peut-être qu’on peut boire ensemble la prochaine fois”, suggère-t-il.
Selon le porte-parole de la BVG, Klaus Wazlak, la BVG permet aux utilisateurs de son site de proscrire les messages pénibles ou oscènes.
M. Wazlak reconnaît que sa société sait peu de choses sur les utilisateurs et le nombre de rencontres qui marchent entre anonymes. Ce qui est clair, remarque-t-il, c’est que les messages proviennent d’une clientèle jeune.
“Après l’échange de sourires dans le métro, les gens savent bien que la chance d’une rencontre s’évanouit. Alors on a trouvé là une bonne opportunité”, raconte M. Wazlak, qui remarque: “nous avons constaté un vaste intérêt venant de l’étranger, et c’est aussi une manière de nous rendre attractif”.
La compagnie publique de chemins de fer Deutsche Bahn a décidé de suivre l’exemple. A la Saint-Valentin, elle va faire démarrer des trains avec une offre de “Flirt Express” dans quinze villes dont Berlin, Dresde, Francfort et Hambourg.
Durant les deux ou trois heures du voyage, un “speed dating” aura lieu, avec des célibataires changeant de siège et d’interlocuteurs toutes les cinq minutes.
Si étincelle il y a, les participants pourront faire plus amplement connaissance autour de tables spécialement réservées près des gares par la Deutsche Bahn. (AFP)