Photo Nicolas Savicki
J’ai toujours essayé à mon niveau de sensibiliser mes proches ou de militer au niveau associatif. Je ne voyais pas de solutions intéressantes au niveau politique, les Verts étant trop refermés sur eux-mêmes. Depuis l’esprit d’ouverture avec Europe Ecologie, j’avais l’impression qu’un vrai projet cohérent au niveau européen se construisait d’une manière différente des partis classiques. Je me suis alors inscrit chez EELV pour essayer suivre de plus près ces débats.
Je suis en phase avec quasiment tout ce qu’a dit Vincent dans son article. Un climat de confiance, des valeurs comme l’éthique ou la transparence, pas de politique « pourrie »… Je suis évidemment pour, tout comme la majeure partie du projet d’Europe Ecologie les Verts.
La question des primaires était de déterminer qui est la meilleure personne pour porter le projet écologiste aux présidentielles de 2012. Selon moi, qui dit « meilleure », dit la personne qui pourrait avoir le meilleur score, celle qui fera le plus adhérer au projet, et potentiellement gagner évidemment.
J’ai été déçu par ces primaires, à cause notamment des attaques faites sur Nicolas Hulot, ou sur « sa politique » comme il a été dit. Pourtant, ce n’est pas le débat d’idées qui est le plus important : aux dernières nouvelles, ce n’est pas le candidat qui dicte ses idées, mais c’est le parti tout entier qui prend des positions démocratiquement… Le candidat n’est que la personne qui porte le projet auprès de tous les Français, et non des seuls écologistes.
En tant qu’écolo de souche, c’est dur de ne pas admirer les qualités d’Eva Joly. Mais une qualité qu’elle n’a pas, c’est de savoir convaincre la personne lambda. J’ai juste à écouter autour de moi, et je vois qu’elle ne fait pas passer les idées, le cliché serait de dire qu’elle fait peur, qu’elle est trop dure. Elle peine à séduire et malheureusement de nombreuses personnes s’arrêtent là.
Il faut être réaliste, la présidentielle c’est aussi énormément une question de forme, pas que d’idées. Le (la) candidat(e) doit être pédagogue, ce qui est une force pour Hulot qui travaille énormément sur l’éducation à l’environnement via sa fondation, il/elle doit savoir gérer la pression médiatique, doit avoir du répondant dans un débat, car on se dirige de plus en plus vers des élections à l’Américaine, la peoplisation des politiques etc., ce qui me désole. (Au passage, je suis opposé à cet avènement d’une seule personne tous les 5 ans comme si c’était un roi… Place à une VIème république réellement démocratique !).
C’est sur ces capacités à convaincre le plus grand nombre que je vote Hulot. Après, il ne faut pas le réduire à un personnage de TV ou à un pantin des grands groupes. J’ai assisté à une de ses conférences et il est tout à fait crédible. Hulot est pour le rassemblement et la coopération alors que Joly est pour « l’écologie de combat », la même qui n’a j’aimais permise aux écologistes d’obtenir un score à deux chiffres aux présidentielles.
Nicolas Hulot connaît ses sujets par sa culture écolo bien antérieure à celle de Joly : il a appris depuis une vingtaine d’années en échangeant, en voyageant, en se battant de l’intérieur (c’est comme ça que je vois ses relations avec TF1 and co, et il s’est rendu compte qu’en travaillant avec eux, il ne pouvait pas fondamentalement les remettre en cause). Il a créé la Fondation pour la Nature et l’Homme, qui approfondit de nombreux sujets abordés par EELV et qui regroupe des experts tels Jean-Marc Jancovici, Alain Grandjean, Dominique Bourg, ou encore Nicolas Bouleau. Il a aussi des soutiens comme Stéphane Hessel. Il a su mettre en premier plan les questions d’environnement en 2007 avec son pacte écologique. (Qui se souvient de l’impact qu’a eu Dominique Voinet à cette époque ?)
Je ne ferai l’apologie de personne. J’essaie de prendre du recul et d’être pragmatique en échangeant avec des personnes loin d’être écolos. Au final, il n’y a pas de différences de fond entre les deux candidats et je pense que Nicolas Hulot ferait un meilleur score. C’est un pur choix stratégique. Il faut aller chercher les voix ailleurs que chez les écolos, et pas seulement à gauche. Mais si c’est Eva Joly qui passe, elle aura bien sûr mon soutien en 2012.