Par Anton Suwalki
En l’espace de quelques semaines, trois affaires de contamination d’aliments par des bactéries Escherichia Coli sont venus rappeler la nature des vrais problèmes alimentaires, loin des délires de Marie-Monique Robin (MMR) ou d’Isabelle Saporta : le risque bactérien (salmonelles, listéria, E coli) est de loin le plus important.
L’épidémie la plus grave a pour origine des graines germées produites par une ferme bio allemande. Responsable à elle seule de 3900 cas d’infection à Escherichia coli entérohémorragique (Eceh), elle a entrainé à ce jour 48 décès. Alors que la réalité des risques sanitaires spécifiques liés à l’agriculture biologique est soulignée, on s’attendrait à ce que ceux qui font des peurs alimentaires leur fonds de commerce fassent au minimum preuve de réserve, à défaut de réclamer des contrôles plus rigoureux des pratiques et des produits de la filière bio. Mais certains ne veulent visiblement à aucun prix ternir l’image trompeuse du bio sain et sans danger qui fait la fortune des publicitaires et de certaines grandes enseignes. Que ce soit par aveuglement idéologique, par opportunisme politique, ou par motivation mercantile (les trois n’étant pas contradictoires), ils feront tout pour empêcher que soient tirées les leçons qui s’imposent, voire pour détourner la responsabilité vers de faux coupables, prenant ainsi la très grave responsabilité de prochaines intoxications alimentaires.
Parmi eux, Marie-Monique Robin et Noël Mamère. Les deux menteurs invétérés trouvent ainsi les moyens de s’en prendre… à l’agriculture industrielle.
Lisons la prose récente de MMR à ce sujet :
La bactérie E Coli bien connue des élevages intensifs
Je m’étais abstenue d’intervenir dans l’affaire de la bactérie E Coli, attendant de connaître les résultats de l’enquête, mais devant la mauvaise foi des commentaires que je lis sur ce Blog, j’ai décidé de sortir de mon silence (prudent). Comme le rappelle cet article du New York Times, qui est, comme chacun sait, un journal activiste radical (!!), la bactérie E Coli est surtout connue pour proliférer dans les élevages intensifs où on use et abuse d’antibiotiques.
Elle qui était bien inspirée de garder son silence prudent (sic) ne pouvait plus attendre, se rattrape donc comme il se doit par une rafale d’âneries : la bactérie E.coli n’a en effet rien de spécifique à l’élevage industriel, ni même à l’élevage tout court. C’est une des bactéries les plus courantes, spontanément présente dans la flore intestinale des humains et des animaux à sang chaud. Fort heureusement, elle est la plupart du temps inoffensive, certaines souches seulement sont pathogènes. La bactérie E.coli ne prolifère donc pas spécialement dans les élevages intensifs (classique fantasme de MMR), et l’allusion aux antibiotiques est d’autant plus stupide que la souche concernée (0104:H4), comme le souligne l’OMS, n’avait jamais été jusque là rencontrée lors d’une épidémie, n’était donc ni recherchée ni ne faisait l’objet de traitements antibiotiques dans les élevages.
Conclusion vérolée de MMR :
Ce qui est sûr en tout cas c’est que l’ E coli qui a tué des Allemands s’est apparemment retrouvée sur des pousses de soja cultivé sur une ferme bio, mais que son origine remonte à des animaux. Quels animaux? Quels furent les mécanismes de transfert qui ont permis à la bactérie de passer des animaux aux pousses de soja? La retrouve-t-on dans les nappes phréatiques proches de la ferme incriminée? Il est curieux que personne ne se soit intéressé à ces questions…
La bibliographie de MMR est comme toujours défaillante, car si l’origine précise de la contamination sera sans doute difficile à établir, beaucoup de monde s’est intéressé à ces questions, bien avant la gourde qui dissimule l’une des causes probables liée aux pratiques bio : l’utilisation d’engrais organiques, qui multiplie les risques de véhiculer des bactéries intestinales dangereuses.
Il conviendrait d’autre part de s’interroger sur l’engouement très new âge pour ce genre d’aliments, lié aux superstitions alimentaires du temps, aliments dont le mode de production (germination en milieu chaud et humide propice au développement bactérien) nécessiterait d’autant plus de contrôles et d’applications de règles d’hygiène rigoureuses. Comme le fait remarquer Jean-Daniel Flaysakier :
Ces pousses sont mises, en effet, à des températures de 37°C. Et pour des bactéries à tropisme digestif, c’est le Club Med ! Il suffit, en effet, que les pousses aient été légèrement souillées au départ pour que la mise en culture chaude fasse croître de façon exponentielle la quantité de bactéries.
Pourtant, malgré cette évidence et le fait connu d’une grave épidémie causée par des graines germées en Allemagne, Noël Mamère, maire de Bègles, n’a visiblement pas jugé nécessaire d’appliquer le sacro-saint principe de précaution, ainsi que le remarque Gil Rivière Wekstein, ce qui a abouti à un nouveau foyer épidémique dans sa propre commune, là encore à partir de graines germées :
Ainsi, des aliments ont été proposés à la consommation dans un lieu public sans que des mesures d’hygiène élémentaire n’aient été prises ! Et ce n’est pas tout. Il est en effet curieux de constater que moins de 5 jours après l’alerte internationale mettant en garde contre les graines germées, un centre de la petite enfance se complaît à saupoudrer de la soupe avec des graines germées de fenugrec, de moutarde et de roquette… Monsieur Mamère aurait-il oublié de faire appliquer le principe de précaution ? Ou sa passion pour les produits bio l’aurait-elle rendu aveugle face au véritable risque sanitaire ? Ses attaques répétées contre l’agroalimentaire ne trompent personne : l’élu Vert tente de noyer… le poison.
Sans le moins du monde assumer ses éventuelles responsabilités dans l’affaire, l’élu vert choisit de s’en prendre à l’« agriculture industrielle » : la germination aurait pourtant été réalisée par ses propres employés municipaux. Mais pour mieux se dédouaner Noël Mamère incrimine, sans le moindre début de preuve, le fournisseur de ces graines…
Sur son propre blog, Mamère déverse la traditionnelle bouillie bio indigeste :
La deuxième question est celle de la production agro alimentaire. Même si ce sont des produits bio qui ont été infectés en Allemagne, la contamination des sols par le mode de production agricole est désormais un fait établi, comme en Argentine où la production conventionnelle de soja a été imprégnée par les OGM.
A quoi sert cette prose informe et dépourvue de sens, sinon à « noyer le poison », comme le dit GRW ? Ramener les OGM dans cette affaire (qui « imprègneraient » la production conventionnelle de soja (sic)), il fallait tout le culot écolo pour oser. Imaginons d’ailleurs les beuglements du béglais si les graines en question avaient été génétiquement modifiées (1)…
Et tout en s’autoamnistiant dans l’affaire, Mamère s’empresse de réclamer des sanctions et même la création d’un tribunal de droit spécial, qu’il rêve sans doute dirigé par des Wichinsky verts :
Enfin, se posera le problème des sanctions. Je l’ai dit et redit : les crimes contre l’environnement ou la santé environnementale n’ont pas de parquet spécifique dans le cadre de la justice pénale. J’estime que nous devons adapter notre système judiciaire pour être plus efficaces dans ce domaine et surtout, pour que les producteurs et les distributeurs soient prévenus des risques qu’il encourent. Je ne voudrais pas avoir à gérer une nouvelle crise comme celle que vient de connaître Bègles.
C’est précisément cette attitude de déni, et les superstitions bio partagées par Mamère et MéMèRe qui risquent d’obliger le maire de Bègles à gérer de nouvelles crises . Mais il désignera à chaque fois un faux coupable à la vindicte populaire, pour mieux détourner l’attention de ses responsabilités. Plus que les risques de contamination qui n’épargnent bien sûr aucune filière agroalimentaire (2), c’est l’aveuglement sectaire d’individus incapables de tirer la moindre leçon d’événements graves comme ceux que nous venons de connaître qui est dangereux.
Article originellement titré « Mamère et MMR rament dans le même bateau bio » et publié avec l’aimable autorisation de l’auteur.
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Notes :
(1) Même si le caractère transgénique aurait été sans rapport avec la contamination. Peut-être se serait-il trouvé une Irina Ermokova ou autre adepte de la science parallèle pour expliquer que les OGM attirent les E coli…
(2) Soulignons tout de même l’avantage d’une meilleure traçabilité des produits issus de l’industrie agro-alimentaire et commercialisés en grande surface : il n’a fallu que 4 jours pour identifier les steaks hachés comme responsables des intoxications de Lille, la marque, le lot contaminé, ses lieux de vente, etc. Traçabilité beaucoup plus difficile à établir dans le cas du produire et consommer local, aux relations « basées sur la confiance » si chères à nos écolos. La confiance et la sympathie que m’inspirent tel producteur vendant sur le marché n’est en aucun cas une garantie de meilleure sécurité. Revers de la médaille : l’excès de précaution qui fait que tous les produits de la marque ont été retirés des grandes surfaces, entrainant l’entreprise et ses 150 salariés dans une situation critique.