Pour résumer, en travaillant sur l’hippocampe de rats de laboratoire, la zone du cerveau qui est responsable de la mémorisation, les chercheurs ont réussi à manipuler les rongeurs via une prothèse cérébrale. Le système électronique permet de doubler les signaux dans la zone du cerveau associée à la mémoire. Lorsque le dispositif est testé sur des rats déficients, il permet de restaurer les fonctions cérébrales perdus. Mieux encore, lorsqu’il est utilisé sur des rats « normaux », l’appareil permet d’améliorer sensiblement leur capacité mémorielle !
Cet implant apporte donc la preuve que le code neuronal du cerveau peut être interprété et reproduit pour améliorer les fonctions cognitives. Non seulement l’activité cérébrale peut être lue, mais il est désormais possible de la manipuler…
Cette découverte permet d’envisager dans un futur à moyen terme le développement d’un dispositif qui pourrait assister les êtres humains atteints de troubles de la mémoire (comme la démence). Voire un gadget permettant d’augmenter les capacités humaines dans un monde où nous sommes de plus en plus submergés par l’information ! Pour le moment, l’équipe de recherche va s’attacher à augmenter le nombre de neurones qui peuvent être gérés par l’appareil, prochaine étape avant de commencer les tests sur les primates. Puis, ce sera au tour des humains.
Ce n’est pas le seul projet « fou » concernant la mémoire humaine. Au début de l’année, l’annonce de Gordon Bell, un chercheur de Microsoft, avait fait sensation. Celui-ci veut en effet numériser tous ses écrits, puis archiver sur disque dur chaque jour de sa vie en photographiant, scannant, enregistrant méthodiquement tout ce qu’il voit, mange, lit ou ressent. Ainsi donc, le vieux rêve de conserver pour l’éternité la mémoire de chaque être humain né sur cette Terre, une façon de nous rendre immortels en somme, pourrait devenir réalité…
La numérisation de la mémoire, si jamais elle advient un jour, posera néanmoins de très nombreux problèmes éthiques. En choisissant de partager et d’externaliser le stockage de notre mémoire, cette dernière ne nous appartiendra plus totalement. Elle appartiendra aussi à ceux qui ont les capacités de la conserver. Les dérives potentielles sont presque inconcevables. Mais, pour l’instant, évitons de jouer à nous faire peur inutilement, et apprécions l’incroyable inventivité de l’espèce humaine qui ne cesse de se surpasser jour après jour.