Cette étude a porté sur un large échantillon de personnes qui avaient eu un premier diagnostic d'arythmie cardiaque. L'utilisation des AINS s'avère légèrement plus fréquente chez les patients que chez les témoins (9% vs 7%). Les chercheurs estiment qu'il y aurait 4 cas supplémentaires par an d'arythmie par 1.000 nouveaux utilisateurs, en cas de prise d'AINS non sélectifs (ibuprofène, par exemple) et 7 cas supplémentaires par an par 1000 nouveaux utilisateurs en cas de prise d'inhibiteurs de la COX-2 (célécoxib).
Bien que les auteurs constatent une augmentation du risque de FA, l'augmentation globale est trop faible pour recommander l'arrêt du médicament. Les médecins sont déjà bien conscients des risques et des bénéfices de ces médicaments et quand et comment ils devraient être utilisés: On sait que les AINS sont associés au risque cardiovasculaire. Tous les AINS sont contre-indiqués dans l'insuffisance cardiaque grave, alors que les inhibiteurs de la COX-2 sont contre-indiqués chez les personnes souffrant de maladie coronarienne ou qui ont subi un AVC.
L'objectif était de déterminer si le risque de deux types d'anomalies du rythme cardiaque (fibrillation auriculaire ou de flutter auriculaire- un trouble du rythme responsable d'une tachycardie régulière) est associé à l'utilisation d'AINS. Les chercheurs ont étudié les deux sous-groupes des AINS, non sélectifs (ibuprofène ou aspirine), et inhibiteurs de la COX-2 (célécoxib, étoricoxib et parécoxib). Les chercheurs ont comparé des personnes qui avaient un premier diagnostic de ces anomalies du rythme cardiaque à des sujets sans problèmes cardiaques et les ont appariés selon l'âge et le sexe.
L'étude a été menée sur 32.602 cas avec anomalies du rythme cardiaque et 325.918 témoins. L'âge moyen des participants était de 75 ans; 85,5% des cas avaient été diagnostiqués à l'hôpital, 12,9% en clinique et 1,2% dans un service d'urgences. Parmi les cas, 80,1% avaient déjà été diagnostiqués avec une maladie cardiovasculaire, tandis que seulement 58,7% des contrôles avaient eu un diagnostic similaire. Parmi ces cas, 9% étaient des utilisateurs actuels d'AINS vs 7% des témoins. Les chercheurs ont comparé les taux de fibrillation auriculaire ou de flutter chez les utilisateurs actuels vs non-utilisateurs.
Le taux d'incidence s'avère supérieur, de 17%, chez les utilisateurs actuels d'AINS non sélectifs vs non-utilisateurs (OR: 1,17, IC: 95% de 1.10 à 1.24) et de 27% plus élevé chez les utilisateurs actuels d'inhibiteurs de la COX-2 vs non-utilisateurs (OR:1,27, IC: 95% de 1,20 à 1,34). Chez les nouveaux (récents) utilisateurs d'AINS, le taux d'incidence d'anomalies du rythme cardiaque est supérieur de 46% vs non-utilisateurs (OR: 1,46 IC: 95% de 1,33 à 1,62). Les nouveaux utilisateurs d'inhibiteurs de la COX-2 avait un taux d'incidence augmenté de 71% vs non-utilisateurs (OR:1,71, IC:95%: de 1,56 à 1,88).
Les chercheurs concluent que les patients commençant un traitement par AINS ont un risque accru de fibrillation auriculaire ou de flutter rapport à ceux qui n'utilisent pas les AINS. L'augmentation du risque relatif est compris entre 40 et 70%, ce qui équivaut aux 4 cas supplémentaires par an de FA par 1.000 nouveaux utilisateurs et aux 7 cas supplémentaires par an de FA par 1.000 nouveaux utilisateurs d'inhibiteurs de la COX-2.
Les chercheurs suggèrent que les effets à court terme des AINS sur la fonction rénale pourrait déclencher une fibrillation auriculaire.
Source: BMJ 2011, 343: d2495NSAIDs and atrial fibrillation. BMJ 2011; 343:d3450. Non-steroidal anti-inflammatory drug use and risk of atrial fibrillation or flutter: population based case-control study. (Visuels NHS)
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