Certains médicaments présenteraient de sérieux effets secondaires pour les personnes âgées de plus de 65 ans selon cette étude menée par l'Université d'East Anglia (Angleterre). En bloquant un neurotransmetteur clé appelé acétylcholine, ces médicaments influent sur le risque de développement de 2 troubles cognitifs et sur le risque de décès. Des résultats publiés dans l'édition du 23 juin du Journal of American Geriatrics Society.
Cette étude est la première enquête systématique sur les impacts à long terme sur la santé, de “l'activité anticholinergique" - un effet secondaire potentiel connu lié à la prescription de nombreux médicaments en vente libre, qui affecte le cerveau en bloquant un neurotransmetteur clé appelé acétylcholine. Elle fait partie d'un vaste projet de recherce, le Medical Research Council's Cognitive Function and Ageing Studies (CFAS) project. Cette grande étude de cohorte a été lancée dans le cadre d'une stratégie de réduction des facteurs de risque de démence qui affecte 820.000 personnes, en Grande-Bretagne, site du projet de recherche. Les chercheurs ont travaillé en collaboration avec l'Université de Cambridge, l'Université d'Indiana et des cliniciens du Service national de Santé britannique.
Ces médicaments à degré d'effet anticholinergique sont nombreux, fréquemment pris par les personnes âgées: Il s'agit des anti-dépresseurs tels que l'amitriptyline, imipramine et la clomipramine; (Elavil, Laroxyl, Tofranil), des tranquillisants tels que la chlorpromazine et trifluopérazine (Largactil, Terfluzine), des médicaments diurétiques comme l'oxybutynine (Aldalix, Furosemide), des antihistaminiques comme la chlorphénamine (Asmabec, Beclojet). D'autres médicaments présentant également un effet anticholinergique sont cités dans l‘article comme l'aténolol, le furosémide et la nifédipine pour des troubles cardiaques, certains analgésiques tels que la codéine et le dextropropoxyphène, l'antiasthmatique Béclométasone, l'antiépileptique carbamazépine et certains traitements contre le glaucome.
L'étude a porté sur plus de 13.000 hommes et femmes âgés de 65 ans et plus au Royaume-Uni sur une durée de suivi de deux ans. Environ la moitié des participants utilisaient l‘un de ces médicaments à fort potentiel d'effets anticholinergiques. Chaque médicament a été classé selon sur la force de son activité anticholinergique, ou fardeau anticholinergiques (PBR) - 0 pour aucun effet, 1 pour un effet léger, 2 pour un effet modéré et 3 pour un effet grave.
- 20% des participants prenant des médicaments avec un PBR total de 4 étaient décédés à la fin de l'étude de deux ans, vs 7% des personnes prenant pas de médicaments anticholinergiques,
- chaque point supplémentaire PBR augmente le risque de décès de 26%,
- les participants prenant des médicaments avec un PBR élevé obtiennent des résultats inférieurs ( de 4%) aux tests de fonctions cognitives vs ceux ne prenant pas de médicaments,
- les risques accrus liés aux médicaments anticholinergiques sont cumulatifs,
- les participants plus âgés, de classe sociale inférieure, et avec un plus grand nombre de problèmes de santé ont justement tendance à prendre plus de médicaments anticholinergiques.
L'auteur principal, le Dr Chris Fox, maître de conférences à la Norwich Medical School, explique «Cette étude est la première grande sur l'impact à long terme de médicaments qui bloquent l'acétylcholine - un neurotransmetteur du cerveau, et nos résultats montrent un effet potentiellement grave sur la mortalité. Les cliniciens doivent donc effectuer des examens réguliers liés à cette prise de médicaments par leurs patients plus âgés et si possible éviter de prescrire plusieurs médicaments à effets anticholinergiques.
Sources: Journal of the American Geriatrics Society on June 24 2011 “Anticholinergic medication use and cognitive impairment in the older population: The Medical Research Council Cognitive Function and Ageing Study (CFAS)”
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