Le rapport Climsec (1) vise à la fois à "renforcer les outils pour analyser et mieux comprendre les situations de sécheresse, comme celle de ce printemps, et à développer le volet changement climatique avec des projections annonçant une aggravation des sécheresses".
Les derniers travaux scientifiques le confirment: la France est très concernée par un risque d'augmentation des vagues de chaleur et de sécheresse. Elles pourraient être plus fréquentes et plus intenses. Or, si les études antérieures se sont surtout focalisées sur l'évolution des précipitations (composante météorologique) ou des débits des rivières (composante hydrologique), très peu de recherches ont été menées sur l'humidité du sol. Une composante dite "agricole" qui concerne les couches supérieures dans lesquelles les plantes vont puiser l'eau, à un ou deux mètres de profondeur.
La première étape a été de construire des séries de données sur la période 1958-2008, ce qui a été fait à partir de modèles en tenant compte du climat passé. Cela a notamment permis de quadriller la France avec des paramètres atmosphériques établis chaque heure et tous les huit kilomètres. Ce travail a permis de diagnostiquer en détails les périodes de grande sécheresse de 1976, 1989 et 2003 afin de pouvoir comparer la sévérité de ces phénomènes selon les régions, les sols et les rivières touchés. La seconde phase de Climsec a donné lieu à des projections de typologie des sécheresses dans les décennies à venir sous l'effet du changement climatique tel que prévu par le GIEC, le groupe d'étude de l'ONU sur le changement climatique.
Ensuite, les scientifiques ont élaboré de nouveaux indices pour décrire les sécheresses. Jusqu'à présent, il n'en existait qu'un seul, fondé sur la probabilité que surviennent des précipitations, or cet indice était insuffisant. En effet, l'assèchement des sols sous l'effet de la hausse de l'évaporation est un élément essentiel. Les chercheurs de Climsec en ont donc élaboré deux autres. Un indice d'humidité "qui tient compte de la capacité de la couverture végétale à absorber de l'eau" et un indice hydrologique fondé sur les débits des rivières.
La sécheresse de 1976 apparaît comme la plus sévère en termes de déficit de précipitations, alors que l'événement de 1989 est celui qui correspond au plus fort déficit de l'humidité des sols superficiels.
La deuxième partie de la recherche portait donc sur les projections pour les années à venir sur la base des différents modèles climatiques établis pas le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). Ceux-ci, selon qu'ils sont optimistes ou pessimistes, tablent sur une hausse moyenne des températures mondiales d'ici à la fin du siècle allant de 1,1°C à 6,4°C.
Conclusion de Climsec : quels que soient les modèles retenus, les sécheresses augmentent. Les effets sont relativement peu marqués au cours des prochaines années. Mais, au milieu du siècle, "l'assèchement des sols superficiels s'intensifie", et à partir des années 2080 "des déficits pluviométriques plus forts apparaissent, notamment en été. Les sécheresses des sols superficiels pourraient devenir extrêmes sur la majeure partie du territoire".
Si pour le premier tiers du XXIe siècle, vers 2020, les changements identifiés "semblent peu marqués pour les sécheresses météorologiques" (en terme de précipitations), le rapport prévoit pour le milieu du siècle, vers 2050, une "intensification" de l'assèchement des sols agricoles sur tout le territoire de la métropole. "A partir des années 2080 des déficits pluviométriques plus forts apparaissent, notamment en été et les sécheresses du sol pourraient devenir extrêmes sur la majeure partie du territoire" et peut-être durer plusieurs années, poursuit le document. Il souligne l'importance de ce résultat sur l'adaptation nécessaire à l'impact du changement climatique sur les ressources en eau.
En termes de régions, celles qui ont en moyenne les sols les plus humides aujourd'hui notamment le Nord et le Nord-Est pourraient connaître à la fin du siècle "les évolutions les plus fortes", selon le projet Climsec. L'étude a tenu compte de trois sources d'incertitudes: "celles relevant des modèles climatiques eux-mêmes, celles venant des différents scénarios d'émissions de gaz à effet de serre et puis celles relevant des méthodes utilisées pour élever à l'échelle de la région les résultats pour la France".
(1) Ce projet a été mené avec la collaboration du CNRS, du Cerfacs, du Cemagref, de l'École des mines de Paris. Avec le soutien de la Fondation Maif.
Pour lire le rapport final du Projet ClimSec, cliquez ici : Impact du changement climatique en France sur la sécheresse et l'eau du sol- Rapport final du projet, Mai 2011
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