Les charpentiers, se disant de nos jours Compagnons de Liberté, se disaient autrefois Renards de Liberté ; ce qui prouverait qu'ils ont été dans des temps plus anciens aspirants des Compagnons Drilles, contre lesquels, se voyant traités en esclaves, ils se seront révoltés ; ils auront quitté l'habitation commune pour vivre et faire mère à part. S'étant ainsi affranchis de leur servitude et vivant sans maîtres, ils auront ajouté à leur nom de Renard le mot liberté. Ils ne tardèrent pas à se donner un Devoir et à se faire Compagnons. Ils se dirent alors Compagnons de Liberté et Enfants de Salomon. Ils ont, sans doute, pour former leur Devoir, fait des emprunts à d'autres Sociétés, principalement à celle d'où ils sortaient : les hurlements qu'ils poussent le font présumer. Ils n'ont point de rapports avec les anciens Enfants de Salomon. Leurs hurlements, comme on peut le penser, porteront toujours obstacle à une franche union.
Les charpentiers, Compagnons de Liberté, habitent à Paris la rive gauche de la Seine ; les charpentiers, Compagnons passants ou Drilles, habitent la rive droite. Ils sont tenus, les uns et les autres, d'après une certaine convention, à travailler du côté du fleuve où leur domicile est fixé : ce qui ne les empêche pas de se livrer souvent de rudes combats.
Notice d'Agricol Perdiguier extraite du Livre du Compagnonnage (2e édition, 1841). Figure extraite des quatre planches lithographiées publiées par Agricol Perdiguier vers 1862, Le Compagnonnage illustré.
L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)