Ami-e internaute, si tu comptes parmi les membres de la socialosphère, prépare-toi à subir une épreuve particulièrement difficile. Je te rassure tout de suite, il ne sera pas question de l'affaire DSK. Non pas ici !
Depuis des mois, dans un esprit unitaire 2012, tu t'apprêtes à participer aux primaires socialistes, tes arguments ont été minutieusement préparés et ciselés, d'autant que la sarkozie semble à bout de souffle.
Tu penses sincèrement que Ségolène Royal est vraiment différente des autres candidats avec son ordre juste participatif sans OGM, que Martine Aubry c'est la vraie gauche populaire avec de gros morceaux de DSK dedans, que François Hollande c'est du sérieux et du solide avec le Strauss-techno Moscovici, et qu'enfin le Sarko-khanien Valls, c'est la gauche moderne et réaliste de Terra nova...
Aussi, nous te déconseillons d'aller plus loin, tant ce billet, dont le début ressemble à un rêve éveillé et à la fin à un cauchemar sans fin, risque de te dévoiler certaines vérités insoutenables...
Mais avant d'entrer dans le vif du sujet...
Au commencement, des commerçants et autres vendeurs de cognac imaginèrent l'Union européenne comme le paradis du libéralisme et de la concurrence libre et non faussée... Ils clamèrent que «l'Europe c'est la paix...» Il y avait bien un ancien président du conseil qui avait flairé l'arnaque mais devant l'enthousiasme général, personne ne l'écoutât.[1]
A la chute des pays du bloc soviétique, la construction s'accéléra aux motifs que «le capitalisme c'est la démocratie» et «l'Europe c'est la prospérité économique et un haut niveau de protection sociale»...
Vingt ans plus tard, chacun peut mesurer concrètement ce qu'est l'Union européenne du traité de Lisbonne [2] :
Le Portugal est un des tous derniers pays européens à subir un plan d'ajustement structurel qui a été d'abord appliqué par le parti socialiste, puis par la droite. Des mesures qui respectent les dogmes néo-libéraux parce que vous savez...
La lecture des mesures mises en place se passe de commentaire, non ?
On ajoutera - pour la bonne bouche - que l'ancien vice-président international pour l’Europe de la Goldman Sachs, banque affairiste qui avait aidé la droite grecque à maquiller les comptes publics [3] - deviendra le président de la Banque centrale européenne (BCE)... grâce au soutien de la droite, du centre et de la social-démocratie...
Enfin, depuis un an, l'Irlande est également soumise à un plan d'ajustement structurel, couramment dénommé «plan de sauvetage» en novlangue libérale. [4] A priori, les mêmes mesures provocant les mêmes effets, le gouvernement irlandais d'union centre-droit et travailliste devra sans doute prochainement négocier un nouveau plan avec la troïka...
Ces trois exemples démontrent que des gouvernements de droite et des gouvernements de la social-démocratie appliquent consciencieusement des politiques d'essence néo-libérale comme ce fut le cas sur d'autres continents dans les précédentes décennies... D'ailleurs, au parlement européen, les votes des députés du PPE et du PSE se rejoignent souvent...
Droite ou gauche social-démocrate ?
Peu importe, c'est surtout TINA... [5]
Notes
[1] des pas perdus - PS : l'impossibilité d'une Europe sociale
[2] les trois copies, ci-dessous, sont extraites du mensuel Le monde diplomatique
[3] Basta ! - La Banque centrale européenne est-elle passée sous la coupe de Wall Street ?
[4] des pas perdus - Et il est où le modèle irlandais ?
[5] les encadrés sur le Portugal, la Grèce et l'Irlande sont extraites du mensuel Le Monde diplomatique de juillet 2012