Premier long-métrage de ses réalisateurs – Pascal Sid et Julien Lacombe -, Derrière les Murs est un pari d’autant plus osé qu’il est le premier film français tourné en 3D. En transposant certains codes de la littérature fantastique sur grand écran (on pense très fort à Maupassant et Edgar Poe), l’ensemble parvient épisodiquement à instaurer une ambiance oppressante mais reste cruellement superficiel.
Années 1920. Suzanne (Laetitia Casta), jeune écrivaine, s’installe dans un petit village reculé du Massif central pour rédiger son nouveau roman. Pourquoi a-t-elle quitté Paris ? Pourquoi s’enivre-t-elle d’absinthe ? Rapidement, la femme tourmentée semble attiser d’étranges phénomènes : une petite fille disparaît, tandis que même les porcs semblent saisis d’un mal étrange… L’enjeu est planté. Sous le ciel gris d’auvergne, le scénario tente alors de multiplier les pistes, entre passages secrets et villageois suspicieux. Las, plus le mystère semble s’épaissir, plus il perd en intérêt.
Derrière les Murs souffre d’un scénario superficiel et hésitant, appuyé par une mise en scène soignée mais grossière. Le personnage de Suzanne laisse vite entrevoir ses traumatismes tandis que les autres rôles sombrent quasi-systématiquement dans la caricature de téléfilm. Trop souvent, l’ensemble tombe dans le piège de la reconstitution sans substance. Si le peu de dialogues pourrait instaurer une véritable ambiance, la musique vient inutilement surligner la narration, particulièrement dans ses moments angoissants. En se réfugiant dans des procédés éculés du film de genre pour relancer son rythme – lumière blafarde et quelques sursauts bienvenus -, Derrière les Murs force la démonstration en omettant l’essentiel : raconter une histoire.
Le véritable atout du film reste cependant son actrice principale. Sans jamais chercher à la magnifier, Pascal Sid et Julien Lacombe la laissent se révéler, non sans talent. Derrière son carcan technique (la 3D se révélant au final assez approximative) et son scénario bancal, ce premier film reste incarné avec grâce par Laetitia Casta. Introspective, lumineuse, elle est la véritable respiration du film.
En salles le 6 juillet 2011
Crédits photos : © Bac Films