Après les tablettes sous BlackBerry Tablet OS, iOS ou encore Android 2.x et 3.x, il est temps de passer à un autre prétendant dans le monde merveilleux des tablettes dominées par la firme de Cupertino. Evidemment, les choses changent et c’est pour cela qu’on découvre aujourd’hui la tablette de HP, la TouchPad, dévoilée lors du CES 2011 en début d’année.
En rachetant Palm, inutile de vous rappeler que HP a mis la main sur un paquet d’innovations dont webOS, un OS mobile à l’interface utilisateur plus qu’innovante et que Palm ne pouvait vraiment exploiter, faute de moyen. Disponible cette semaine, la TouchPad de HP est la première machine sous l’ère HP à arriver dans nos contrées. Au passage, vous noterez que la marque Palm n’est plus, ce qui pourrait rendre nostalgique les plus vieux d’entre vous ayant connu la fabuleuse ère des Palm V/Vx en concurrence, à l’époque, contre les iPaq de Compaq et autres PocketPC de HP.
Maintenant que la HP TouchPad est disponible, que vaut-elle par rapport à ses concurrentes directes.
Les Caractéristiques
Pour rappel, la HP TouchPad tourne sous webOS 3.0 et vous propose un écran tactile de type capacitif avec une diagonale de 9,7″ et une résolution de 1024×768, un processeur Qualcomm Snapdragon APQ8060 dual-core cadencé à 1,2GHz, le WiFi n, le Bluetooth, une caméra visio de 1,3 Mégapixels, un A-GPS, la fonction Touch-to-Share qui permet de partager facilement entre appareils sous WebOS, une batterie de 6300 mAh, une mémoire interne de 16Go ou 32Go, le tout dans des dimensions de 240x190x13,7mm pour 740g.
Les versions 3G seront disponibles d’ici la fin de l’année et pour les versions WiFi, comptez 479€ pour la version 16Go et 579€ pour la version 32Go.
Pour ce qui est des caractéristiques, on regrettera bien évidemment un surpoids qui ne passe pas inaperçu alors que la moyenne des plus récentes concurrentes tournent autour de 650g (hors LG Optimus Pad et Motorola Xoom).
Le Packaging
Le packaging est est assez classique en soi. Il n’est pas très grand et plutôt du genre compact. Vous trouverez ainsi la tablette, un câble micro-USB pour la connexion à un ordinateur et la recharge via USB (c’est plutôt long quand même), un chargeur micro-USB, des manuels d’instructions pour une première prise en main et c’est tout. Pas de chiffonnette, pas d’étui ne serait-ce qu’en néoprène, dommage.
Le Design
La TouchPad vous propose un design assez classique en soi avec des lignes arrondies et une image un peu massive pour une tablette. On aime ou on n’aime pas, tout est une affaire de goût. Perso, j’aurais aimé un design plus épuré mais il faut voir la gamme webOS dans sa globalité pour comprendre que la TouchPad est en cohérence avec les futurs Pré 3 et Veer.
Même si la finition est plutôt bonne, on aurait peut-être aimé autre chose que du plastique brillant et surtout un poil moins glissant. Petit plus quand même pour la discrétion souhaitée par HP puisque le logo de la marque américaine n’apparaît qu’au dos.
Sur la face avant, c’est un écran tout ce qu’il y a de plus classique avec les bords noirs, la touche Home en bas de l’écran et la webcam en haut de l’écran. Sur la tranche gauche se trouve les deux hauts-parleurs et sur la tranche droite se trouve les boutons de volumes et une trappe pour le port SIM. A noter que cette trappe est scellée dans la version WiFi. Sur le bas se trouve le port MicroUSB alors que sur la tranche haute se trouve la prise jack de 3,5mm, le micro et le bouton de mise sous tension et/ou de veille.
Concernant la prise microUSB, si vous avez besoin d’autonomie, n’oubliez pas de passer par la prise secteur, ça ira bien plus vite.
Pour ce qui est de la taille générale, la tablette est plutôt épaisse, surtout quand on la compare à la concurrence comme l’iPad 2 ou la PlayBook de RIM. On se retrouve en plus avec un poids de près de 140g supérieure à l’iPad 2. Vous ne direz que c’est à peine le poids d’un smartphone mais à bout de bras, on sent la différence.
Comme vous avez pu le constater, pas de port micro-SD/SDHC, dommage ! De même, j’ai essayé l’adaptateur MHL du Samsung Galaxy S2 qui avait fonctionné avec le HTC Sensation et la HTC Flyer mais qui n’a pas fonctionné avec la TouchPad, dommage. Et comme il n’y a pas de port mico-HDMI, vous n’aurez rien pour l’instant pour sortir sur un écran externe.
Les Accessoires
HP a bien compris que l’écosystème matériel, bien que moins important que le côté logiciel, était une nécessité. On découvre ainsi le clavier Bluetooth qui est en plastique mais qui a le mérite d’être léger. Il fonctionne à partir de deux piles AA et je n’ai pas eu de soucis de jumelage avec la TouchPad. Etant donné qu’il est Bluetooth, et même si je n’ai pas essayé, il devrait fonctionné avec n’importe quel appareil acceptant un clavier. Du coup, même si on ne retrouve pas les touches de fonctions classiques dans un clavier, si vous cherchez un clavier Bluetooth pas encombrant pour une autre tablette, ça peut le faire.
En option aussi le support qui sert aussi à la recharge sans-fil. En effet, intégrant la technologie TouchStone, il vous suffira de poser votre tablette, en mode portrait ou en mode paysage, et cette dernière se rechargera ! J’adore ^^.
L’Ecran
Comme c’est la mode, on a droit à un écran tactile de type capacitif multi-points. C’est une dalle IPS et la résolution de 1024×768 est classique puisque c’est la même résolution que la tablette leader du marché. On pourrait se demander pourquoi, vu l’épaisseur des bords, HP n’a pas essayé de proposer un écran de 10,1″ ou alors économiser en poids avec une taille plus portable comme du 8,9″.
L’écran est lumineux, les angles de vision très bons. Les couleurs sont plutôt fidèles, je n’ai pas fait de mesures scientifiques mais d’après mes photos, ça l’a bien fait. Je n’ai pas eu de soucis non plus en pleine lumière excepté pour les reflets bien évidemment, donc si vous pouvez investir sur une protection d’écran anti-reflets, n’hésitez pas.
Contrairement à la PlayBook de RIM, la TouchPad de HP ne propose pas de bords sensitifs et ne propose pas non plus de bouton Home sensitif comme c’est le cas avec la gamme des Pré, Pixi et Veer. On revient au bon vieux bouton physique avec quand même un indicateur pour vos mails et autres alertes.
Quand vous n’avez pas de fenêtre lancée, un appui sur le bouton Home vous donne accès au menu des applications. Par contre quand vous êtes dans une application, un appui sur le bouton Home vous donne accès au multi-tâches et un second appui lance la liste des applications. A ce propos, un geste du bas de l’écran appelle aussi le multi-tâche comme c’était le cas avec le bouton sensitif des Pré, Pixi et Veer.
Très honnêtement, c’est toujours aussi efficace, même si maintenant, après avoir découvert les bords sensitifs de la Playbook, la solution de RIM me semble plus efficace.
Le Son
Pour ce qui est du son, l’emplacement des haut-parleurs est plutôt bien pensé, surtout si vous avez votre tablette en mode paysage puisque les haut-parleurs se retrouvent ainsi en bas de la tablette et non sur le côté comme c’est souvent le cas, ne pouvant pas ainsi être caché par la prise en main. Par contre, en mode portrait, vos mains pourront éventuellement caché ses enceintes, même si, en étant placées près des coins, on ne tombe pas souvent sur ce faux-problème au final.
Le son est plutôt bon pour une tablette et l’intégration de Beats Audio n’y est sans doute pas étrangère. Par contre, je n’ai pas beaucoup perçu les graves, ce qui est un peu gênant pour un produit estampillé Beats by Dre. On notera pour les vidéos son plutôt faible en terme de puissance, j’ai bien pensé que c’était dues à mes vidéos mais ce sont les mêmes que j’avais utilisé pour les tests des autres tablettes et je n’avais pas rencontré ce problème. Je tiens à préciser que ça ne concerne que la partie vidéo et non la partie musique.
Dans tous les cas, la position des hauts-parleurs permet un meilleur rendement par rapport à ses concurrentes qui propose souvent des haut-parleurs dans le dos. Et évidemment, ça ne vaudra jamais de vraies enceintes mais c’est mieux que rien !
Les APNs
Alors que toutes ses concurrentes proposent en plus d’une caméra visio, un APN, souvent de qualité médiocre, HP a choisi de ne pas encombrer la TouchPad d’un APN. Bonne idée, ça ne sert à rien à mon avis et ça aurait alourdi la tablette.
Par contre, je n’ai pas vu de capteur de luminosité et ça s’est confirmé dans les paramètres. En fonction de la luminosité, il faudra donc jongler avec l’option adéquate, dommage.
Ergonomie et Utilisation
Je vous laisse commencer par notre vidéo de test.
Maintenant que le test de la PlayBook a été publiée il y a plus d’un mois, inutile de vous dire que les OS de BlackBerry et HP se ressemble énormément et même si on reconnaît que celui de HP est antérieur à celui de RIM.
L’utilisation dans la vie de tous les jours est plutôt agréable parce que l’interface de webOS est sans doute la plus agréable à l’oeil de tous les OS tablettes actuels. On pourra toujours reprocher les icônes, digne de l’époque de Palm OS, mais le tout est très agréable à l’utilisation.
Par contre, et c’est là que la bât blesse. Je pensais qu’avec un processeur dual-core webOS ne ralentirait plus comme c’était le cas sur les Pré et Pixi. Et bien c’est juste en partie seulement. Vous avez dû le voir avec la vidéo mais les applications ne se lancent pas instantanément et il faut un certain temps de chargement. De même, quand vous sollicitez le multi-tâche un temps soit peu, vous vous retrouvez avec des ralentissements indignes d’une tablette de cette génération. Et parfois même, la tablette se met à ralentir sans vraiment de raison apparente.
On se retrouve donc avec cette impression de se dire que la TouchPad n’est juste que la première d’une longue lignée et qu’il faudra attendre des optimisations et autres mises à jour de l’OS. Et oui, on vit désormais dans une société informatique en Beta constante
Après ce petit coup de chaud, une fois que tout est lancé, ça répond plutôt bien et surtout, malgré les ralentissements, ça reste stable. J’ai dû faire planter la tablette une ou deux fois en 10 jours mais rien de dramatique. Les plantages étaient dus à un peu trop de navigateur internet.
Du côté de l’interface utilisateur, on notera l’arrivée d’un système de volet dans les applications telles que Mail ou Facebook. C’est en fait un système qui vous permet de gérer votre contenu sous la forme de colonnes pouvant glisser de gauche à droite. Super pratique quand vous voulez mettre l’accent sur les dossiers par exemple ou le contenu d’un email.
Autre nouveauté, la fonction Just Type (Tapez Maintenant en français) qui est en fait une sorte de champ de recherche général pour la tablette. Sauf que là, WebOS vous propose une autre philosophie. En effet, en général, quand on pense à une idée, on pense du coup à l’application adéquate puis à la saisie du texte. Ici, c’est un l’inverse, quand on pense à une idée, on la saisie dans le champ Just Type et ensuite, on choisit l’endroit où ça va aller ! J’aime beaucoup cette philosophie.
Pour le clavier virtuel, il répond très bien et il n’y a aucune latence dans la saisie. Et comme si ce n’était pas suffisant, HP a eu la bonne idée de vous proposer cette fameuse 5ème barre de touches. Vous savez, là où il y a les chiffres et les lettres à accents. TOP. Et ce n’est pas tout puisque webOS vous propose de choisir parmi 4, la taille de votre clavier. GENIAL ! C’est ça qu’on veut chez iOS, BlackBerry Tablet OS ou encore Android… On notera qu’en mode paysage, pour peu que vous ayez de grandes mains, vous pourrez utiliser les pouces avec le clavier virtuel.
Je vous rappelle que la TouchPad peut accueillir un clavier Bluetooth. Par contre, pas de souris Bluetooth comme sur QNX ou Android 3.x. Pour ce qui est du Copier/Coller, on retrouve le classique mode de l’appui long sur le texte, ça fonctionne plutôt bien, pas grand chose à ajouter.
Comme pas mal de tablettes, vous accéderez à la mémoire interne de la TouchPad via son mode stockage de masse. Pas d’accès réseau donc comme sur la PlayBook et pas de gestionnaire de fichiers non plus…
Dans la partie Office, on regrettera que HP nous propose que la lecture de documents Office. Pas de modification possible à l’heure actuelle. Par contre, la TouchPad est livré avec un logiciel d’impression, ce qui est pratique, seulement si vous avez une imprimante HP sur votre réseau… ce qui n’était pas notre cas
La TouchPad n’est pas livré avec avec un logiciel de synchronisation comme iOS, cela fonctionne plutôt comme Google avec un compte HP webOS qui vous permettra de synchroniser et sauvegarder tous vos comptes mails, contacts, agenda, etc… A côté de ces comptes mails, inutile de vous dire que HP a aussi intégré des réseaux sociaux comme Facebook, Twitter ou Flickr.
Ce qui nous amène à vous vous parler de Synergy, la technologie derrière tout ça et qui vous permet en gros d’agréger tout votre contenu dans les différentes applications de la tablette. Pour exemple, dans l’application Photo & Vidéo, vous retrouverez bien entendu votre contenu local mais aussi le contenu de vos réseaux sociaux, ce qui est plutôt pratique.
Par contre, j’ai eu un petit soucis avec le contenu local. En effet, la tablette avait tendance à avoir du mal au niveau du rafraichissement de contenus. Après avoir transférer mon contenu depuis un PC, je n’ai pas pu trouvé mon contenu et il a fallu que je « démonte » correctement la TouchPad afin que la tablette puisse mettre à jour les contenus pour les applications. Bizarre.
Le Multimédia
Evidemment, webOS pour TouchPad est encore récent et relativement neuf. Du coup, ne vous attendez pas à retrouver une pléthore d’applications sur le HP App Catalog. Mais si le succès est au rendez-vous, les développeurs suivront et les applications aussi.
Pour ce qui est des performances, un des tests que j’effectue souvent sur les tablettes supportant le flash, c’est d’essayer de lancer des vidéos Youtube dans les différentes résolutions que propose le lecteur flash du site. Et là, on découvre malheureusement que le TouchPad fait moins bien que les tablettes Android. Alors que la PlayBook de RIM vous propose du 1080p sans broncher et que les tablettes sous Nvidia Tegra 2 saccadent en 720p, la TouchPad se permet de ne pas être parfaitement fluide en 480p…
Je tiens quand même à vous rassurer sur le reste des pages web qui n’ont pas poser de problème majeurs. Le zoom fonctionne bien et s’est avéré précis, la navigation s’est avéré rapide et la tablette n’a rien à envier aux concurrentes
Sinon, pour en revenir aux performances avec du flash, c’est d’autant plus dommage quand on découvre qu’une vidéo locale en 1080p ne pose aucun soucis. La différence peut éventuellement venir de la version de Flash qui n’est pas à jour et donc moins bien optimisée pour la TouchPad. Dommage aussi que webOS ne propose que les mêmes compatibilités qu’Android. Du coup, pas de DivX, pas d’Xvid et encore moins du MKV, et à l’heure actuelle, toujours pas d’applications de ce type sur le HP App Catalog.
Pour ce qui est des jeux, je n’ai pas trouvé de jeux à la Need For Speed ou à la Real Racing 2 au moment du test, mais il n’y a pas de raison que ça ne fonctionne pas bien et puis il y a Angry Birds, hein ? ^^
On notera aussi la compatibilité avec les applications normales webOS (pour Pré, Pixi et Veer),et comme sur iOS, une application non optimisée pour TouchPad apparaîtra dans un format réduit.
L’Autonomie
Pour ce qui est l’autonomie, elle est plutôt bonne voire très bonne puisqu’elle rivalise avec l’iPad 2. Je n’ai pas mesuré à la seconde près mais durant ma période de test, j’ai bien tenu près de 9h en utilisation et je ne pense pas y être allé de main morte. On notera également un mode veille très efficace et réduisant au maximum l’utilisation de la batterie.
Conclusion
La TouchPad arrive un peu en retard par rapport à la concurrence et c’est peut-être ça qui va lui jouer des tours, surtout que la finition et le design final reste un poil en dessous de ses concurrentes. D’un autre côté, webOS est sans doute un des OS les plus novateurs, aboutis et agréables à l’utilisation. Si l’interface utilisateur est un critère premier pour vous, vous ne pouvez pas vous tromper, surtout dans cette taille d’écran.
Comme son concurrent canadien, le multi-tâches fonctionne parfaitement. On regrettera juste encore un manque d’optimisation qui rend l’expérience finale pas aussi fluide que l’on aurait souhaité. On a toujours cette désagréable sensation d’avoir un OS bridé par son hardware. Il reste aussi des choses en suspens comme l’arrivée de Pivot, une sorte de curateur (voir ICI), mais aussi l’interaction avec les futurs Pré 3 et Veer puisque ces smartphones ne sont toujours pas disponibles. Mais l’idée générale d’un écosystème hardware est plus que bonne.
Si l’utilisation de votre tablette se limite à du web et du contenu multimédia (MPEG-4, H.264), je serai tenté de vous dire que vous pouvez y aller, la TouchPad ne pourra pas vous décevoir. Reste maintenant les applications, ce n’est encore que le début et forcément, la comparaison avec l’ iTunes AppStore et Android Market fait mal, mais ça va arriver petit à petit. De plus, on ne parle plus des maigres moyens de Palm mais de la puissance financière autour de HP qui pourra mieux supporter cette longue période de gestation.
Pour finir, est-ce que ça va tout chambouler ? Probablement pas, du moins pas encore, mais webOS en est encore qu’à ses débuts et a tout pour se faire une place parce qu’il est bien pensé et bien fini.
Avec un prix moins cher que l’iPad 2, il aurait gagné en attraction, mais ce n’est pas le cas, dommage.
Update : Depuis le 21 aout 2011, HP, qui a abandonné WebOS sur les tablettes et smartphones, a baissé considérablement le prix de la TouchPad. Elle est en effet disponible à 99 euros la version 16Go et 129 euros la 32Go, ce qui est du coup bien plus intéressant à ce prix là ! Une occasion à saisir si vous cherchez une tablette…