Le cauchemar DSK

L'affaire DSK me tape sur les nerfs. Je suis gavée comme une oie et il ne se passe pas un jour sans que je n'y pense. Obsessionnel. Il faut dire qu'on ne nous épargne pas: internet, les JT, les quotidiens, les magazines nous gavent de rebondissements à la mords-moi-le-noeud (vulgaire, c'est de circonstance) sans parler de certains commentaires au hasard de mes lectures, du Nouvel Observateur, par exemple, qui m'écoeurent. Pourquoi alors écrire sur le sujet? Parce que, d'une part, cela me soulage et d'autre part, parce que j'ai l'espoir qu'au-delà mon écran, d'autres partagent mon avis.
Je conviens qu'il est déplacé de critiquer les politiques et les citoyens d'un autre pays que le sien à fortiori lorsque le mien n'est pas capable de former un gouvernement en une année. Mais l'affaire DSK dépasse les frontières et forme une immense toile d'araignée à l'échelle planétaire.
Il y a à peine quelques mois, je me demandais pourquoi la France comptait un si grand nombre de féministes. Depuis le cas DSK, j'ai compris que les mentalités de certains de ses citoyens mâles, depuis 40 longues années, n'avaient pas changé d'un iota. Limite l'âge de pierre. La vieille garde n'a-elle pas tiré les leçons de la révolution soixante-huitarde et qui donc a éduqué leurs fils? Ont-ils été pleuré dans les jupes de Maman et les a-t-elle réconfortés en leur assurant qu'ils retrouveraient un jour leur place de mâle dominant et qu'il leur suffira d'aboyer pour que la femelle se taise? J'en reste baba. Concernant l'égalité des sexes, la France a-t-elle perdu la tête? S'il est vrai que leur réputation de latin lover et d'amant surperformant (Bof!) les a précédés au-delà des frontières, il n'est pas indispensable pour autant de s'afficher en macho rétrograde.
Après les éclaboussures malodorantes de cette affaire, je suis donc revenue de loin. Moi qui croyais qu'une étiquette "périmé" avait été collé sur les propos machistes, que la grande France avait rayé de sa mémoire ses dérives verbales et physiques à l'encontre des femmes, je suis revenue de très loin et j'ai du mal à reprendre mon souffle. Il a suffi de quatre mots, Diallo est une menteuse, pour que certains retournent leur veste à la vitesse V prime.
Menteuse non pas à propos de l'agression que cette femme aurait subie, il faut le préciser. Alors, on interprète et on fait un rapide amalgame: menteuse=affabulatrice=truande=prostituée....Et on oublie le reste, Nounours devenant une pauvre victime et Nafissatou, une manipulatrice vénale et une prostituée si on suit leur raisonnement et souvenez-vous qu'il est impossible qu'une prostituée soit violée........
De fait, si nous imaginons qu'une femme de chambre ait voulu arrondir ses fins de mois et que ce rapport sexuel consentant (dixit DSK) ait mal tourné pour l'une ou l'autre raison, il est impossible selon certains que ce client particulier puisse avoir eu un coup de sang et l'ait violentée. Pour le choeur des machos, ce fait improbable sinon inconcevable n'est assurément pas plaidable.
La France qui vante son savoir-faire (à raison), devrait veiller à peaufiner son savoir-vivre car il subsiste quelques lacunes et j'en suis désolée.
En Belgique, nous n'avons pas de gouvernement mais nous avons la décence de respecter les femmes.